«A notre avis, les médias manquent de moyens. Les journalistes ne disposent pas des conditions adéquates pour effectuer convenablement leur travail dans les organes publics des médias . Le point de départ pour commencer les réformes, dont ce secteur a besoin, sera de fournir aux médias publics les moyens nécessaires pour que les journalistes aient les meilleures conditions de travail», a souligné Lotfi Zitoun, ministre conseiller du chef du gouvernement, lors de la clôture de la conférence internationale de l'Unesco, avant-hier. Il était venu pour assister en simple invité mais il a fini par être invité à présenter l'avis du gouvernement sur le thème de la séance plénière spéciale sur la Tunisie : la route à suivre. Cadre législatif, nouveaux statuts, nouvelles stratégies de travail, charte déontologique, formation des professionnels, etc. Les médias publics : plusieurs chantiers en un seul secteur, jugé comme le plus important par tous les experts... «A notre avis, les médias manquent de moyens. Les journalistes ne disposent pas des conditions adéquates pour effectuer convenablement leur travail dans les organes publics des médias . Le point de départ pour commencer les réformes, dont ce secteur a besoin, sera de fournir aux médias publics les moyens nécessaires pour que les journalistes aient les meilleures conditions de travail», a souligné Lotfi Zitoun, ministre conseiller du chef du gouvernement, lors de la clôture de la conférence internationale de l'Unesco, avant-hier. Il était venu pour assister en simple invité mais il a fini par être invité à présenter l'avis du gouvernement sur le thème de la séance plénière spéciale sur la Tunisie : la route à suivre. Une séance à laquelle auraient dû assister en tant qu'invités Mme Mehrezia Labidi, vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, ainsi que le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou. Le conseiller du chef du gouvernement a, d'autre part, affirmé qu'il y aura un consensus national sur les réformes dans le domaine de l'information et de la communication audiovisuelle. Il a avoué que la consultation nationale sur le secteur de l'information récemment effectuée «a échoué dans sa première étape». «Il y a eu un manque de synchronisation avec les différents partenaires. Dans sa première étape, cette consultation a été désordonnée. Actuellement nous sommes en train de discuter avec le Syndicat national des journalistes tunisiens et l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (Inric). Le syndicat est la structure légitime qui défend les journalistes et l'Inric a fait un bon travail, notamment son rapport final qui est un point positif. Nous allons essayer de réactiver cette consultation nationale afin qu'elle nous éclaire quant aux amendements qui doivent être opérés concernant les deux décrets-lois relatifs au secteur de l'information et à la communication. Cela pour les renforcer afin qu'ils aient force de loi...», a-t-il ajouté (faisant allusion aux décrets-lois n°115 et 116). M. Zitoun a, d'autre part, insisté sur les critiques que les médias «ne cessent de formuler envers le travail du gouvernement». Selon lui, c'est une réaction d'un secteur qui a longuement souffert sous le «cauchemar» Ben Ali, de la censure et du blocage de l'information, mais qui est une réaction abusive. «On peut dire que c'est une attaque médiatique, alors que le pouvoir n'essaie pas d'avoir la mainmise sur les médias qui doivent être libres», conclut-il. Consultation nationale, c'est à revoir ! La dernière séance plénière de cette conférence internationale de l'Unesco a bien été dédiée à la Tunisie avec notamment plusieurs questions posées par les participants qui se sont interrogés, entre autres, sur les engagements du gouvernement tunisien, mais aussi sur l'absence des partis politiques à un tel débat. M. Kamel Laâbidi, président de l'Inric, a relevé cette remarque. «Personnellement, je regrette que cette conférence importante de l'Unesco, qui a réuni des experts, des défenseurs de la liberté de la presse, n'ait pas été saisie par les hommes politiques, à quelques exceptions près. Par contre, c'est un point positif que le gouvernement avoue qu'il y a eu des fautes d'appréciation en ce qui concerne ce qu'on appelle consultation. Il est inadmissible de ne pas faire participer plusieurs partenaires dont l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication, ainsi que le Syndicat des journalistes. Le dialogue entre l'Inric et le gouvernement a été pratiquement gelé depuis trois mois. Nous avons toujours œuvré pour qu'il ait un dialogue constructif. Ce dans le but d'avoir un cadre législatif conforme aux standards internationaux, notamment pour les médias publics, avec de nouveaux conseils d'administration : composition, prérogatives, etc. C'est que les médias publics sont appelés à jouer un rôle de service public, ce qui ne pourrait être joué par les médias privés», enchaîne le président de l'Inric, dont le travail aurait pris fin avec la publication de son rapport final. Plusieurs experts et professionnels estiment que son travail était important et donc estiment que cette structure doit être réactivée pour la période à venir afin de collaborer dans les réformes du secteur de l'information et de la communication... Une restructuration de fond avant tout Selon l'universitaire Abdelkrim Hizaoui, directeur du Centre africain pour le perfectionnement des journalistes et des communicateurs (Capjc), le contact est rétabli entre l'Inric et le gouvernement certes, «mais un certain flou est maintenu». «Ce flou, explique-t-il, concerne la consultation nationale qui devrait être élargie à une plus grande échelle pour englober les professionnels et tous les partenaires. D'autre part, les chaînes privées trouvent la situation actuelle profitable. Pour cela, il faut avoir un pouvoir de régulation et la liberté doit être ménagée pour ne pas confondre l'intérêt personnel et l'intérêt général. Pour ce qui est des médias publics, on doit avoir une instance de régulation qui veille à l'indépendance des télévisions et des radios nationales», a-t-il ajouté. Concernant la situation dans l'établissement de la télévision nationale, M. Adnane Khedher, P.-d.g de la télévision tunisienne, a estimé qu'il y a plusieurs défaillances et lacunes, ce qui nécessite une réforme globale. «Nous avons un retard sur le plan technologique mais aussi sur le plan journalistique. Nous avons le sentiment, a-t-il remarqué, que ce n'est pas aussi simple d'adopter un cadre juridique pour les médias publics. Ça nécessite un consensus national. Il serait souhaitable d'envisager un débat avancé sur l'élaboration d'un statut pour la télévision nationale». Dans ce sens, M. Khedher a évoqué la nécessité de restructurer l'administration ainsi que le conseil d'administration, à l'instar de ce qui a été fait à la BBC, un exemple cité par tout le monde lors de cette conférence de l'Unesco. Une conférence au cours de laquelle plusieurs journalistes tunisiens et arabes ont évoqué le terme «journalisme responsable» comme étant le nouveau terme pour évoquer l'intention des gouvernements de censurer les journalistes. Les directeurs de médias, peu présents, ont été aussi mis à l'index...