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"Nous ne sommes pas dans l'alternative, mais dans la perspective d'un apprentissage collectif"
Champ civique - Interview : Slaheddine Jourchi, coprésident de l'Assemblée constituante civile
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 05 - 2012

Si on considère l'attitude civile comme un métier, une profession, Slaheddine Jourchi en illustrera l'exemple parfait. Journaliste de profession, c'est l'image de l'activiste des Droits de l'Homme, du militant indépendant qui reste la plus connue de tous pour être la plus visible.
Formé à l'école des halakat tenues dans les années soixante, par Abdelfatteh Mourou et Rached Ghannouchi, il n'a pas tardé à retracer sa trajectoire dans le droit fil de la pensée réformiste, caractéristique de notre culture et de notre patrimoine.
Esprit libre et engagé dans la lutte pour défendre la valeur humaine qui lui vaudra persécution, mais aussi emprisonnement, Slaheddine Jourchi déclinera l'offre d'intégrer le gouvernement Mohamed Ghannouchi. C'est au sein de la société civile qu'il envisage d'ancrer ses idéaux et c'est en son sein qu'il estime pouvoir faire une avancée dans ce sens.
Parallèlement à son profil journalistique, c'est l'adepte du travail civil qui nous a amené à le solliciter pour en savoir plus sur ce travail. En fait, Slaheddine Jourchi est coprésident de l'Assemblée constituante civile, créée peu après les élections du 23 octobre. Une initiative qui a fait couler de l'encre, mais qui n'a pas eu que des amis.
Dans l'interview qu'il nous a accordée, M.Jourchi a bien voulu revenir sur les motivations et les fondements de cette initiative, sur ses projets aussi. Il nous a fait également part de sa conception de la réforme du secteur de l'information. Interview.
Voulez-vous nous présenter l'Assemblée constituante civile, les circonstances de sa création?
L'expérience de l'Assemblée constituante civile en Tunisie s'est inspirée d'expériences similaires, initiées dans nombre de pays, notamment ceux qui ont connu la transition démocratique, suite à une révolution ou à des changements radicaux.
Au cours des vingt dernières années, on peut remarquer les transformations survenues dans les méthodes et les stratégies adoptées par les sociétés civiles, à l'échelle mondiale. Et ce, à travers les outils réinventés de l'action civile. Ces outils, les groupements constitués de façon conjoncturelle et temporaire et œuvrant parallèlement à des instances officielles.
L'expérience la plus connue, la plus visible à ce propos, est sans doute celle du forum social mondial qui se tient annuellement à Porto Alegre au Brésil, dans la démarcation par rapport au sommet de Davos, celui-ci consistant dans la réunion des décideurs politiques et économiques et déterminant les politiques mondiales à cet effet. Les activistes de la société civile se sont donc regroupés pour exprimer leur position critique à l'encontre des questions de la mondialisation et de l'économie libéraliste,
Le forum, en tant qu'expression de la différence de points de vue, a donc permis à ces activistes de formuler une lecture critique pour valoriser l'être humain dans le processus du développement et, par conséquent, il essaie de proposer des alternatives.
Cette expérience est donc considérée comme étant des plus intéressantes dans le monde en matière de forums parallèles ou alternatifs.
En Afrique, en ce moment, un parlement a été constitué par les organisations de la société civile. Il statue sur les ordres du jour du parlement africain officiel et présente des lectures critiques et totalement différentes des points de vue officiels.
Notre expérience en Tunisie participe d'un but: celui de rassembler un nombre d'associations pour un échange à propos du Destour et d'essayer de formuler des propositions , non pas des points de vue des partis politiques ayant remporté les élections, mais du point de vue d'organisations de la société civile qui croient à un ensemble de libertés fondamentales et qui considèrent qu'il existe un besoin pressant de faire participer la société civile au débat sur les questions fondamentales. Ce qui importe, cependant et que nous avons essayé d'expliciter à maintes reprises, c'est que cette initiative n'implique nullement de contester l'Assemblée constituante élue. Car, ce qui démarque les deux, c'est que l'Assemblée nationale constituante a été élue par le peuple qui s'est prononcé et nous considérons qu'il est impératif de respecter la volonté du peuple et ses choix. Quant à l'Assemblée civile, nous estimons qu'elle est en mesure de jouer le rôle d'un confluent pour un débat de fond.
Ce que j'aimerai souligner, en somme, c'est qu'il faudra se garder de penser que les élections en elles-mêmes sont garantes de développement de la conscience civile et politique chez le citoyen. Autrement dit, ceux qui ont été élus, sont redevables d'élaborer la constitution, mais ils ne peuvent, en aucun cas, empêcher les autres, c'est-à-dire les citoyens et les organisations de la société civile et toutes les parties, en dehors de l'Assemblée, de refléchir à la question constitutionnelle. Mieux encore, il y va de l'intérêt de la Constitution qui gagnerait à profiter du débat, pour autant qu'il ne pourrait être le reflet du rapport de force entre des forces politiques, mais un point de rencontre qui rassemble le maximum de citoyens autour de leurs droits fondamentaux, dans la phase à venir.
Y aura-t-il une audition de l'Assemblée civile au sein de la Constituante?
A vrai dire, nous avons buté, dès le départ, contre nombre de difficultés: certains partis au sein de l'A.N.C n'ont pas vu la création de l'Assemblée civile d'un bon œil. Une campagne a été même menée contre cette initiative pour créer le doute à propos des personnes qui l'ont initiée. Ce climat de suspicion a conféré aux rapports entre les deux instances une sorte de méfiance. En fait, nous avions essayé, dès le départ, de clarifier notre position en précisant que nous ne groupons pas la totalité de la société civile, mais un nombre d'associations, que cette assemblée se propose d'aider à la formulation de propositions que l'A.N.C a la lattitude d'accepter ou de rejeter et que nous voulions élargir, au mieux, le débat autour de la Constitution. Et de ce fait, nous ne présentons aucunement une alternative à l'Assemblée élue dont nous ne dénions point les efforts et l'application. Mais il semble que l'ombre autour de nos rapports persiste encore. Cela étant, dès que nous aurons achevé les travaux sur le projet du préambule et des principes fondamentaux et qui est en passe d'être finalisé, nous entamerons des démarches en vue d'une audition au sein de la commission analogue de l'A.N.C. Nous souhaitons alors que la réaction sera positive.
La commission du préambule et des principes fondamentaux au sein de l'A.N.C a déjà achevé son rapport, ne pensez-vous pas que, d'ici là, les chances d'une éventuelle audition se minimiseraient?
Ce qui importe pour nous, c'est de provoquer le débat au niveau des membres de la commission.. Par conséquent, nous essaierons d'adresser la proposition à tous les membres pour leur soumettre le point de vue de la société civile. Car, je voudrai rappeler que l'un des objectifs de la création de l'Assemblée civile est de provoquer une sorte d'apprentissage collectif pour nombre d'associations sur la question de la Constitution et nous espérons que, dans six ou sept mois, sera déclenchée une prise de conscience collective autour des questions de la constitution, des libertés, et des droits et que cette conscience se consolide auprès des activistes de la société civile. N'oublions pas que sans la consolidation de la société civile, il sera difficile d'assurer les équilibres au niveau de la construction du système démocratique et le risque s'agrandit de l'hégémonie d'un parti ou de quelques partis sur la vie politique et sur le pouvoir exécutif, en l'absence d'une société civile consciente et active.
Quelles sont les sensibilités politiques au sein de l'Assemblée civile?
Avant que je ne rejoigne l'initiative, j'avais eu vent qu'il y avait une prédominance d'extrême gauche soi-disant pour contrecarrer le mouvement Ennahdha. Lorsque j'ai intégré ma responsabilité au sein de l'assemblée, j'ai découvert qu'une grande partie des membres sont indépendants: des citoyens qui ont senti le besoin de jouer un rôle dans cette phase transitoire et qui considèrent que cette initiative représente l'occasion de s'initier à la culture civile. Il est donc difficile de parler de courants au sein de l'initiative. D'ailleurs les textes que nous sommes en train de préparer et qui prônent des principes , en fonction d'orientations médianes, le prouveront. C'est que nous voulons ancrer le rapport du Tunisien avec son environnement, son patrimoine et son identité. C'est ce qui nous semble d'un apport certain dans la décrispation de l'atmosphère de suspicion qui a miné cette phase de transition démocratique et de bipolarisation de l'échiquier politique.
Comment s'énonce le projet de préambule sur lequel vous vous êtes déjà attelés?
Ce que nous avons souligné, c'est surtout la continuité entre les diverses phases de l'histoire de la Tunisie. En fait la question constitutionnelle a ses racines profondes chez nous, dans notre culture politique, et elle est aussi ancienne que la notion d'Etat. Nous avons également axé sur les libertés et les droits de l'Homme dans le cadre universel. Le mouvement réformiste est un point cardinal dans notre approche du préambule, dans la mesure où il s'agit d'un mouvement qui a placé la modernité au centre de ses préoccupations et de la dynamique de la formulation de l'identité tunisienne. C'est notre manière à nous de trancher dans la querelle dichotomique entre la modernité et l'identité. Nous considérons que l'identité ne peut être figée et que partant, elle ne peut se concevoir en dehors de la dynamique de mobilité et de modernisation constante.
Le débat sur la Constitution est certes primordial et engage tant l'ANC que votre initiative, mais il est un autre débat qui doit certainement vous interpeller dans ce sens qu'il touche aux libertés, c'est celui de la réforme des médias. En tant qu'homme de médias vous-même et en tant qu'activiste et militant des Droits de l'homme, comment envisagez-vous la question?
Nous appréhendons, au sein de la constituante civile, la crispation des rapports entre les médias et le gouvernement. Je pense qu'il faut absolument y mettre fin et le plus rapidement possible. On ne peut concevoir la transition démocratique si les médias ne disposent pas d'une position dynamique et vitale dans l'organisation de la chose publique. Lors des derniers incidents survenus devant le siège de la Télévision nationale, nous nous sommes déplacés sur les lieux, en tant qu'assemblée civile pour manifester notre solidarité et nous avons discuté avec le directeur et le rédacteur en chef pour tenter d'identifier les problèmes. Nous considérons que la réforme est une nécessité impérieuse. En revanche, il faut absolument que les journalistes soient impliqués dans cette réforme en tant qu'acteurs à part entière. La société civile doit y être aussi associée. Car l'enjeu n'est autre que l'indépendance des médias et l'éradication de toute forme de tutelle comme celle dont on en a souffert des années durant.
Des confusions seraient cependant à élucider. Il s'agit pour les médias de rétablir l'équilibre entre l'objectivité dans l'approche de la proximité, d'une part, et d'assumer la responsabilité de cette approche, d'autre part.
Comment concevez-vous le rôle de l'Inric dans cette réforme, au vu de la contestation dont elle fait l'objet, notamment de la part des pouvoirs publics?
En réalité, j'ai été surpris par la crise qui s'est déclenchée entre le gouvernement et l'instance, d'autant qu'à la tête de cette instance se trouve un homme indépendant conciliant, un homme de média qui a fait l'effort d'établir un climat médiatique nouveau. Je peux admettre que le gouvernement formule certaines réserves qui me semblent être légitimes, concernant quelques aspects des propositions de l'instance, mais ce qui m'étonne c'est le déni de son rôle dans la réforme. Les efforts dont participent les décrets-lois n° 115 et 116 sont absolument remarquables et la tournure qu'ont pris les événements a abouti au ratage de la consultation sur le secteur. La raison n'en est autre que l'absence des principaux acteurs du secteur et de leurs structures représentatives qui sont l'Inric et le syndicat des journalistes. D'aucuns estiment que la tâche de l'Inric est terminée au même moment où elle a remis son rapport au gouvernement, mais le gouvernement devrait reconsidérer sa position vis-à-vis de l'instance en rapport avec la nature même de la tâche qu'elle a assuré et par égard pour le travail d'expertise, de dynamique de groupe et de rigueur dans la prospection des solutions aux problèmes du secteur dont elle a fait montre. Ce sont là, en substance, des éléments qui sont à même de sécuriser les professionnels et de fournir les bases solides d'une réforme rationnelle et conséquente.


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