Partie prenante de l'évènement Carthage Contemporary, rencontre d'art contemporain qui réunit, autour du musée de Carthage, l'ensemble des galeries voisines, la galerie Le Violon Bleu a choisi de travailler sur le thème de «Transes». Cinq artistes, tunisiens et étrangers, se sont pliés à cette discipline, dans cette galerie entre ciel et mer, qui invite irrésistiblement à la méditation. Salima Karoui, jeune artiste, ouvre l'exposition par une vidéo et des peintures. Travaillant sur une symbolique contrastée, celle du noir et blanc, celle de la fluidité du lait symbole de vie, et de la rigueur du carré où elle l'a enfermé, celle de deux corps, l'un à la féminité exacerbée, l'autre à l'androgynie effacée, elle se réclame de l'esthétique dadaïste pour un montage saccadé, une succession d'images dont l'ordre est livré au hasard. Ses toiles sont la projection de ces photos, reprises et retravaillées. Dans l'escalier, une seule œuvre, remarquable, de l'artiste indien Reza, disque de marbre poli qui évoque le mouvement infini des derviches tourneurs, la perfection du cercle et son indicible attraction. Moataz Nasr, l'Egyptien, a choisi, quant à lui, de travailler sur des étendards, symboles des confréries mystiques soufies. Jouant sur les superpositions de motifs géométriques, il alterne les calligraphies de Hobb, et de Mawada, en une lancinante litanie. Egalement dans le message écrit, et toujours dans son travail où le mystique s'inscrit dans le langage artistique, Khaled Ben Slimane présente ses disques, ses colonnes, et ce travail de céramiste qui rend hommage à la terre première. La rencontre de cet évènement, Carthage Contemporary, est sans conteste celle avec Oussema Troudi, jeune artiste timide, découvert par Yosr Ben Ammar qui, la première, l'exposa, et qu'aujourd'hui, les galeries se disputent. On a vu ses œuvres pointillistes, superbes de liberté, galerie Ammar-Farhat. C'est avec un tout autre genre de travail qu'il expose au Violon Bleu. Graphiste de formation, tout ce qu'il fait tourne autour du dessin. Et il nie tout cloisonnement entre le figuratif, l'abstrait, et les nouvelles technologies. «Aujourd'hui, l'art contemporain et les nouvelles technologies nous obligent à changer de point de vue. Je peux partir d'un programme informatique, mais la main fait la même chose. Il y a une transe gestuelle, une mémoire de la main. L'artiste réinvente les nouvelles technologies. On peut faire parler l'ordinateur». Quel que soit le vecteur qu'il adopte, Oussema Troudi, par ses lignes imbriquées, ses nasses arachnéennes, ses fils à démêler, parle le plus beau langage, celui de l'art.