• Pour une justice populaire, indépendante, souveraine et inaliénable • Défense et illustration d'une institution qui renforce définitivement toute la confiance dans le système judiciaire et rompt avec l'hégémonie de l'Etat au détriment de l'instance judiciaire Juristes de tous horizons, professeurs de droit, avocats et partenaires de la société civile ont tous planché, hier, au Kef, au complexe Sahbi Mosrati sur la question de la justice et de l'opinion publique qui a fait l'objet d'une conférence diligentée par l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la justice qui a tenu à vulgariser le travail à mettre en place pour sécuriser l'avenir de la question de la justice dans le pays et rompre, de surcroît, avec les pratiques de l'ancien système, lesquelles ont aliéné le système judiciaire pour des causes souvent la plupart du temps politiques et souvent injustes. Le président de l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la justice a tenu, à cet effet, à montrer à quel point la justice a jusque-là toujours composé avec ce système politique en place qui lui était favorable, empêchant cependant son indépendance et sa capacité à fournir aux uns et aux autres une justice équitable, en rapport avec les aspirations des citoyens. Ahmed Rahmouni a montré à cet égard que l'organisation de cette conférence au Kef tire sa légitimité d'abord de la richesse de l'histoire culturelle de cette ville et de sa participation à l'édifice républicain et politique dans le pays, indiquant tout de même qu'une justice indépendante et souveraine est seule garante de l'épanouissement de l'individu, d'autant plus, comme il l'a expliqué, la justice a longtemps souffert de nombreuses carences qui l'ont asservie et empêchée de fonctionner correctement, ce qui a permis au pouvoir politique, aussi bien du temps de Bourguiba que de Ben Ali, de faire du système judiciaire un outil plutôt à son service qu'au service du citoyen. Les conférenciers qui se sont ensuite relayés ont montré les rapports étroits entre l'opinion publique et le système judiciaire, partant du principe que la justice est parfois fortement inspirée de l'opinion publique, sans qu'elle n'en soit cependant aliénée. Dans son intervention, combien pertinente, Abdelkader Aribi, professeur d'histoire moderne à la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Sfax, a montré que les procès politiques intentés durant les années 70, sous le régime de Bourguiba, ont laissé ressortir bien des lacunes judiciaires, montrant de surcroît que le système politique d'alors avait mis le système judiciaire à son service, empêchant ainsi la justice de jouer le rôle qui était le sien, tout en participant à la création d'une opinion publique d'autant plus tenace qu'elle a abouti, à la fois, à l'instauration au début des années 80 du pluralisme politique, mais aussi à la prise de conscience de l'importance de mettre la justice au service du peuple et non l'Etat, même si au demeurant un tel dessein n'a jamais été atteint. Les multiples projets engagés sous le règne de Bourguiba entre 1970 et 1981 ont tous revêtu aux yeux du conférencier un caractère politique et révélé la mainmise du pouvoir sur l'appareil judiciaire dans son ensemble, à cause surtout, selon lui, de l'incapacité du système politique à mettre fin aux crises qui l'ont secoué des années durant. Cela dit, l'observatoire a réussi, en tout cas, de l'avis des participants, à canaliser l'opinion publique et à montrer à quel point la justice a besoin de liberté. Les hommes aussi.