ANKARA (Reuters) — Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a estimé hier "inacceptable" la référence faite par la Cour constitutionnelle d'Arménie au massacre d'Arméniens par les Turcs ottomans, il y a près d'un siècle. La Cour avait rejeté le 12 janvier des recours déposés par l'opposition contre le protocole de réconciliation avec la Turquie signé en octobre 2009 à Zurich par le gouvernement d'Erevan, qui doit maintenant être soumis à ratification du parlement. Il prévoit le rétablissement de relations diplomatiques, la réouverture de la frontière commune et la mise en place d'une commission internationale d'historiens pour étudier la question du massacre d'Arméniens durant la Première Guerre. Mais Erdogan a déclaré que les références faites par la Cour à ce que la Turquie refuse de considérer comme un génocide, ainsi qu'au conflit entre son allié l'Azerbaïdjan et l'Arménie, étaient "inacceptables pour la Turquie". Le processus de réconciliation entre Ankara et Erevan, auquel s'opposent les ultranationalistes des deux camps, "sera remis en cause à moins que cette erreur ne soit corrigée", a dit le chef du gouvernement turc dans une conférence de presse lors d'une visite en Arabie saoudite. "Nous, nous n'avons jamais porté le protocole (de Zurich) devant notre Cour constitutionnelle. Nous l'avons directement soumis à notre parlement sans y apporter de changement. Nous ne nous sommes pas livrés à des manœuvres visant à lire entre les lignes. C'est la preuve de notre sincérité, alors que l'Arménie a tenté de changer le texte", a-t-il affirmé. Le gouvernement turc a toujours déclaré en outre que la réconciliation avec l'Arménie dépendait des concessions que celle-ci ferait dans son conflit avec l'Azerbaïdjan, pays à majorité musulmane proche de la Turquie, à propos de l'enclave du Haut-Karabakh, peuplée en majorité de chrétiens arméniens. L'Arménie rejette cette condition.