EREVAN (Reuters) — La région sécessionniste du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise à majorité arménienne, élisait un nouveau Parlement hier, un mois après l'effondrement d'un projet de normalisation entre l'Arménie et la Turquie visant à apaiser les tensions au Sud-Caucase. L'Azerbaïdjan a dit considérer ce scrutin comme une "farce". Les bureaux de vote fermaient à 15h00 GMT. Pour que ces législatives soient validées, le taux de participation doit atteindre au moins le quart des 95.000 électeurs inscrits. La plupart des candidats et des partis soutiennent l'indépendance du Haut-Karabakh, mais certains d'entre eux prônent l'intégration de la région à l'Arménie. Aux yeux de ses dirigeants, les élections s'inscrivent dans un processus de renforcement des institutions de l'enclave. La petite région montagneuse, dont la plupart des habitants sont chrétiens, a fait sécession et a proclamé son indépendance en 1991, après un conflit armé qui s'était soldé par 30.000 morts environ. Son indépendance n'est reconnue par aucun pays. L'Azerbaïdjan veut reprendre le contrôle du Haut-Karabakh, au besoin par la force. Plus de quinze ans de tractations diplomatiques n'ont pas permis de conclure un accord de paix durable et la menace d'une guerre persiste dans cette région qui est une importante voie de transit énergétique vers l'Occident. La Turquie, partenaire commercial de l'Azerbaïdjan, a fermé sa frontière avec l'Arménie en 1993 par solidarité avec son proche allié musulman tenu en échec par les combattants du Karabakh soutenus par Erevan. Accord non ratifié L'enclave a connu un regain de tension après l'annonce l'an dernier d'un rapprochement entre la Turquie et l'Arménie. L'accord a toutefois capoté en avril, l'Arménie ayant suspendu sa ratification des protocoles parce que la Turquie exigeait pour en faire autant la conclusion d'un traité de paix entre Erevan et Bakou sur le Haut-Karabakh. Ankara cherchait ainsi à apaiser l'Azerbaïdjan, producteur de pétrole et de gaz où sont installées des géants pétroliers comme BP, ExxonMobil et Chevron. "La démocratie est une des valeurs qui ont le plus d'importance pour nous", a déclaré aux journalistes le dirigeant du Haut-Karabakh, Bako Sahakian, après avoir voté. Il a recommandé au prochain Parlement de prendre de nouvelles mesures pour l'indépendance. Quatre partis et 40 candidats briguent 33 sièges à l'assemblée, qui est élue pour cinq ans. Les partis, qui comprennent la Patrie libre (progouvernemental), le Parti démocratique de l'Artsakh, le Dashnaktsutyun et l'opposition communiste, doivent franchir le seuil de six pour cent des voix pour entrer au Parlement. L'Azerbaïdjan a dénoncé un scrutin illégal. "La “nouvelle farce électorale“ organisée dans les territoires occupés viole la Constitution de l'Azerbaïdjan et les principes du droit international", dit un communiqué de la Commission électorale centrale de Bakou. Les autorités de Bakou ont élevé une mise en garde contre l'envoi d'observateurs à l'occasion de cette consultation. "Le Haut-Karabakh est un territoire azéri et quiconque s'y rend sans autorisation à partir du côté azéri sera déclaré persona non grata et ne pourra se rendre en Azerbaïdjan", a déclaré Elkhan Poloukhov, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.