S'il y a une figure qui caractérisait le basket dans les années 60 — avant l'éclosion des frères Senoussi — c'était bien Abdelhamid Saïdane (Bob pour tous), un homme qui marqua de son empreinte ce sport à l'Espérance Sportive de Tunis. Des Jeux panarabes au Liban, aux Jeux olympiques de Rome en 1960, il était le porte-drapeau du basket tunisien. Formidable formateur, inlassable entraîneur, il a accompagné la naissance de plusieurs générations de basketteurs à l'Espérance où, tour à tour, il était découvreur de talents, initiateur des rudiments du basket, strict manager, père protecteur, ami des moments de joie et de déconvenue. Aucune victoire ne l'exultait, aucune défaite ne l'affligeait. Son seul souci : persévérer à tout donner au basket, toujours avec le sourire et l'espoir d'atteindre son but, faire de ce sport un moyen de consolider l'amitié de tous ceux qui le pratiquent en Tunisie. Mais son côté le plus sublime, il l'a démontré dans ses fonctions de professeur d'éducation physique qu'il a pratiquées au Collège Sadiki et dont il a fait un sacerdoce. Aucun Sadikien des années 60 et 70 ne peut oublier l'image de ce bel homme, grand, fort, athlétique dont le seul regard impose le respect. Les disciplines sportives étaient enseignées par lui avec la même austérité que s'il s'agissait de mathématiques, sciences, philo, français ou arabe; la stricte application des gestes, des mouvements, des passes, des roulades... J'ai été pendant cinq ans son élève à Sadiki et j'ai appris qu'une remontrance méritée et justifiée venant de lui était plus terrible qu'une retenue de 8h00 le dimanche. Que de générations il a formées, que d'hommes aujourd'hui des plus que quinquagénaires portent toujours en eux le souvenir inoubliable d'un homme vraiment formidable. Adieu maître !