Des propos racistes qui ne passent pas, en tout cas pas pour les autorités algériennes. Les libertés que prennent les citoyens sur les migrants subsahariens a enhardi la chaîne de télévision privée "Echorouk News", elle s'est dit qu'elle aussi pouvait y aller allègrement. Elle a dérapé à l'antenne, la sanction est tombée, lourdement... Depuis hier samedi 2 mai minuit la chaîne est interdite de diffusion et cela durera 10 jours. Cette fois la frappe ne s'abat pas uniquement sur un programme de télévision mais sur tout l'établissement, pour s'assurer que ceux qui ont débordé ne seront plus tentés à l'avenir. Ainsi en a décidé l'Autorité nationale indépendante de régulation de l'audiovisuel (ANIRA, ex-Arav) après que la chaîne s'est permis de balancer une «expression raciste dangereuse» contre les migrants illégaux en provenance de pays subsahariens. «L'Autorité confirme l'existence d'un manquement grave à l'éthique professionnelle et d'un manque de responsabilité éditoriale dans le traitement d'un sujet sensible qui exige beaucoup de professionnalisme et de responsabilité envers nos frères avec qui nous partageons une histoire et un destin communs», argue la même source. Les responsables d'Echorouk News sont invités à formuler des «excuses officielles et claires». Ce message d'excuses, qu'impose l'ANIRA, devra également comporter «une dénonciation du contenu du reportage offensant» envers les migrants africains. «Les autorités renouvellent leur appel à tous les médias au strict respect des lois de la République et des principes de l'Algérie, qui rejettent toute forme de racisme et de discrimination contraire aux principes de l'Algérie», dit la même source. Il est vrai que l'Algérie, comme tous ses voisins, fait face à la déferlante des migrants clandestins, avec leurs rêves d'Europe qui très souvent sont engloutis par la Méditerranée. Les pays de la rive sud et de la rive nord ont tellement serré la vis que cette traversée est devenue encore plus mortelle et quasiment impossible, ce qui fait refluer les Subsahariens en Afrique du Nord, avec les défis et difficultés que cela pose à ces pays. Mais Alger tient à gérer ce problème dans les limites fixées par le droit international, pas question de livrer les migrants à la vindicte populaire. Certes il y a parfois des accrocs, c'est d'ailleurs arrivé avec le Niger en avril 2024 quand des milliers de migrants ont été raccompagnés à la frontière. Mais derrière l'Algérie a ressoudé ses liens avec Niamey, avec un partenariat économique très ambitieux. Depuis mai 2023 Alger a posé de solides jalons en Afrique subsaharienne. Les autorités algériennes ont clairement montré que le destin du pays est aussi dans son continent, en s'embarquant dans la Zone de libre-échange. Alger a bétonné ses positions en Afrique en remportant le siège de la vice-présidence de la Commission de l'Union africaine, le 2e poste le plus en vue dans l'organisation. L'Algérie est devenue un poids lourd dans le continent et elle est regardée en tant que tel. Ce statut confère des devoirs et des responsabilités que beaucoup n'ont pas, Alger le sait et agit en conséquence… Ce qui est certain c'est que le geste très fort suite aux débordements racistes à l'antenne sera apprécié à sa juste valeur par les décideurs en Afrique subsaharienne. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!