Le plus grand danger aujourd'hui consisterait à banaliser la violence au motif des excès générés par la phase post-révolutionnaire L'enjeu ne saurait non plus justifier pareilles attitudes au risque de se retrouver à chaque sortie avec un gros paquet sur le dos du fait des débordements, des échanges de coups, des bagarres générales et des batailles rangées. Car, d'enjeu, il y en aura pratiquement à chaque sortie d'ici à la fin de saison. La fédération a eu dernièrement le bon goût de décréter une pause tout au long du mois de Ramadam en Ligue 1 au risque de voir celle-ci achever son parcours au début de l'automne prochain. Une sorte de trêve des braves, si l'on peut s'exprimer ainsi. Car les belligérants, on le sait, risquent de perdre les pédales et la tête en plein mois saint du jeûne. Pour toutes les autres divisions (Ligues 2 et 3, championnats amateurs), on va faire en sorte de conclure la saison d'ici à la fin de mois de juin, d'autant que trois ou quatre journées seulement restent à disputer. Comme dans un champ de bataille Malheureusement, la perspective de l'approche du baisser de rideau, au lieu de rassurer et de provoquer un soulagement, génère plutôt une sourde angoisse. La recrudescence de la violence prend de l'ampleur, et s'installe sans se gêner un peu partout. Mercredi, par des chaleurs accablantes, elle fit irruption du côté de Kasserine où l'ASK cherche à assurer mathématiquement son maintien, alors que son hôte, le Croissant de Msaken, caresse le rêve d'assurer pour la première fois son accession en Ligue 1. Au coup de sifflet final de l'arbitre Karim Mahjoub, les hostilités étaient déclenchées et une troisième mi-temps commençait. Anis Trabelsi, le défenseur kasserinois, qui avait évolué au CSM, donnera sa version des faits. Ses anciens coéquipiers lui auraient demandé de lever le pied. Mais, c'est tout à fait le contraire qui se produisit, l'Avenir de Kasserine l'emportant (2-1). Les coups fusèrent alors de toutes parts. Dans plusieurs coins de l'enceinte kasserinoise, des «foyers d'étincelles» se déclarèrent. Les images de «Mercredi Sport», sur Al Wataniya 1, étaient cruelles, choquantes. Parfois même surréalistes lorsque le véhicule de la protection civile traversa tout le terrain pour «récupérer» les blessés, comme dans un véritable champ de bataille. Il y eut d'ailleurs des blessés non seulement parmi les joueurs des deux camps, mais également chez les forces de sécurité. Les images étaient rendues plus poignantes encore par le silence de cathédrale qui les accompagnait. Elles n'ont laissé personne insensible. L'arbitre de la rencontre a signalé sur la feuille d'arbitrage les noms de trois au quatre joueurs. Les blessés ont terminé leur après-midi à l'hôpital de Kasserine, situé à quelques centaines de mètres du stade. Enième défaite du sport, nouveau coup dur pour son éthique. Vivennent la fin de la saison, car cela peut à tout moment dégénérer. Le pire n'arrive pas en fait qu'aux autres.