Vivement la fin de la saison ! Les passions s'exacerbent et la polémique enfle comme si le microcosme du football est resté hermétique au vent de la révolution Dans les divisions inférieures, les scènes de violence sordide sont un pain quotidien.Mercredi dernier, dans une rencontre comptant pour la 25e journée de Ligue 2 , au coup de sifflet final de l'arbitre, c'était un autre match qui commençait au Kef : un combat de pugilat et de karaté entre joueurs de l'Olympique du Kef et d'El Ahly de Mateur. Le "tort" des visiteurs ? Avoir joué le jeu et avoir accroché les Keffois qui luttent pour le maintien. Le lendemain, cette fois dans une rencontre en retard comptant pour la Ligue 3 Nord, les mêmes scènes de violence s'offrent au regard des rares "privilégiés" ayant eu accès au stade de Kalaâ : joueurs, dirigeants et supporters de Kalaâ et de Grombalia s'en donnaient à coeur joie. Les coups ont plu de partout, la bataille rangée a fait fureur. GS venait de perdre ses illusions d'accession en L2. Les règles du jeu bafouées Ouf ! Les championnats de L3 ont pris fin, celui de L2 a vécu hier son baisser de rideau.Des frayeurs en moins ! Mais on continue à traîner le grand cirque de la L1 avec ses odeurs nauséabondes et ses coups fourrés. Samedi dernier, la Ligue nationale de football professionnel a rendu son verdict concernant la rencontre ASGabès-ESZarzis du 25 juin qui n'a pas pu aller jusqu'à son terme.Un envahissement de terrain a interrompu les débats à quelques poussières de secondes par l'arbitre Yosri Saâdallah alors que le score était nul (0-0).L'entraîneur visiteur Chihab Ellili a été blessé à la tête.Le reste relève du spectacle à éviter aux gosses.Car d'aventure, si ces derniers s'amusaient à regarder systématiquement à la télé ces bagarres quasi hebdomadaires, soit ils développeraient une violence morbide, soit ils comprendraient que c'est là la fameuse troisième mi-temps à la tunisienne devenue incontournable pour donner de la joie et des émotions aux gens tellement les 90 minutes de jeu sont à mourir d'ennui... La Ligue décide donc de faire perdre par pénalité le match à l'ASG.La réaction de la Zliza n'a pas tardé par la voix de son directeur administratif et sportif et porte-parole, Mohieddine Senoussi : "Nous nous retirons de la compétition parce que l'ASG paie pour tous les autres.Les instances pratiquent la politique de deux poids deux mesures. Mais je vais appeler les choses par leur nom : le président de la fédération, Anouar Haddad, s'acharne contre l'ASG. En réglant ses comptes avec le membre de la Ligue pro,Tarak Hammami,qui est originaire de Gabès, il y mêle notre club.Mais vous pouvez considérer notre décision de retrait comme étant définitive et sans retour". Grand émoi dans les milieux de la Ligue 1.On commence à se poser des questions sur l'avenir d'une compétition maudite et née sous une mauvaise étoile quand le club du Sud-Est fait machine arrière en annonçant par le biais de son responsable juridique, Me Taïeb Bessadok, que les hommes de Adel Sellimi disputeront dimanche la rencontre de la 24e journée contre l'Espérance de Tunis. En parallèle, l'ASG interjette appel auprès de la Commission d'appel qui se réunira lundi après-midi à cet effet. On croit rêver : un club se retirant du championnat de Ligue 1, c'est du jamais vu ! On perd ainsi toute parcelle de bon sens.On vous évitera la peine de vous attarder sur les effets collatéraux avec par exemple le président de la FTF qui décide de porter plainte contre le porte-parole de l'ASG pour ses graves accusations. Jusqu'ici, chers lecteurs, si vous êtes gavés, déçus, horripilés ou sonnés, arrêtez là.Car notre foot n'a pas versé tout son fiel. La semaine précédente a été l'occasion de joutes oratoires dans le plus pur style chevaleresque. Entre l'Espérance de Tunis et l'Etoile du Sahel, certes, ce n'est pas la sainte alliance, les deux fers de lance du foot national s'engageant depuis des décennies dans une forte rivalité. Mais ce n'est pas non plus le respect dû entre deux seigneurs. Cela ne vole pas haut. On se chamaille pour tout et pour rien : pour les dates des demi-finales de la coupe, pour la désignation des arbitres,pour le sérieux de l'opposition apportée par l'adversaire de l'autre… Où va-t-on ? Le président étoilé, Dr Hamed Kamoun, vient d'y mettre le holà en prenant les choses en main."Plus aucune déclaration ou prise de position ne sera tolérée au sein du club sauf celles que je donnerai ou prendrai", a-t-il décidé en réaction aux dernières prises de bec entre le président de section FB à l'ESS, Chokri Laâmiri, et le club «sang et or». Car cela commençait à sentir le roussi. Dans ce décor désespérant, l'affaiblissement de l'autorité fédérale n'est pas étranger d'autant que chaque club en colère tire à boulets rouges sur l'exécutif fédéral dans un clair retrait de confiance.La question de la légitimité de cet exécutif se pose à ce stade avec acuité malgré les argumentaires inhérents aux directives de la Fédération internationale (Fifa) concernant l'inviolabilité de l'espace vital des instances. Y a-t-il un pilote dans l'avion ? En cette phase transitoire de l'histoire du pays, marquée par l'affaiblissement des centres décisionnels et de l'autorité, le football national roule à tombeau ouvert.Ses instances sont débordées et fragilisées par des luttes internes.Ses clubs ont la pédale de frein très dure.Les fameuses lignes rouges sont allègrement franchies, les règles du jeu ne sont plus respectées.Et le fair-play, pardi ?!