La ville de Genève a commencé, dès le début du mois de juin, la célébration du troisième centenaire de la naissance du philosophe de langue française Jean-Jacques Rousseau (28 juin 1712-2 juillet 1778). Cette commémoration revêt une grande signification à ce moment précis de l'histoire de l'humanité où l'Europe, gagnée par ses idées jugées en avance sur son époque, a fini par adhérer aux principes énoncés par son traité politique Le Contrat social, paru en 1762, où il décrit les règles et les conditions d'une vie communautaire harmonieuse et établit le peuple souverain comme la seule source possible d'un gouvernement légitime. Survient alors la condamnation de son roman pédagogique Emile (1762) l'obligeant à passer en Suisse où il demeure deux ans et se défend contre Voltaire dans Lettre sur la Providence. Il gagne, ensuite, l'Angleterre en 1766, mais s'étant brouillé avec le philosophe Hume, il retourne en France en 1767. A Paris, il peaufine Les Confessions, écrites de 1765 à 1770, en réponse à l'hostilité persistante des Encyclopédistes. Renonçant à la polémique, il se livre à ses Rêveries d'un promeneur solitaire (1778). Fatigué, malade, il accepte l'hospitalité du Marquis de Girardin et meurt peu de temps après. Chantre de la liberté individuelle et théoricien de l'Etat tout-puissant, il a renouvelé les idées en éducation et en politique, préparé les grands changements de la Révolution et influencé la philosophie de Kant. Il a également créé des thèmes nouveaux en littérature, ouvrant ainsi les sources du lyrisme et préparant l'avènement du romantisme. Les Confessions Désireux de «tout dire» dans cette autobiographie, offrant l'«histoire de son âme» en réponse aux calomnies et aux attaques personnelles, Rousseau recherche par un effort de la mémoire les «chaînes d'affection secrètes» qui constituent la trame d'une vie. Ses premiers livres reposent sur un retour à une forme d'évasion au temps heureux de l'enfance et de la jeunesse, tandis que l'amertume du présent assombrit la fin de sa vie. Jean-Jacques Rousseau est né à Genève le 23 juin 1702 dans une famille calviniste et connaît une enfance très difficile. Orphelin de mère et abandonné à l'âge de dix ans par son père, ce Genevoix de naissance, écrivain et philosophe de langue française, se lie avec une servante qui lui donne cinq enfants tous déposés aux Enfants trouvés. Jusqu'à la fin de sa vie, il n'a pas eu la chance de les rencontrer, ni eux ni leur mère. C'est à croire que l'histoire est un perpétuel recommencement.