Ali Hachani, membre du bureau politique du Parti républicain, a affirmé que la décision du gouvernement provisoire d'accorder les «cinq libertés» aux citoyens maghrébins était «unilatérale et surprenante» et a provoqué «un grand désarroi et beaucoup d'appréhensions». S'exprimant hier, à Tunis, lors du point de presse périodique du parti, M. Hachani a mis en garde contre les dangers de cette décision annoncée par le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires maghrébines, arabes et africaines. «De telles procédures ne doivent être annoncées qu'après concertation au sein des institutions constitutionnelles, et doivent faire l'objet d'un consensus des plus hauts responsables», a-t-il souligné. «Prendre cette décision sans concertations préalables avec les autres pays du Maghreb a suscité les réserves de certains d'entre eux qui n'ont pas tardé à annoncer, dans leurs médias, leur opposition à une telle initiative», a-t-il fait remarquer, rappelant que les deux accords de 1963 et 1964 sur lesquels se base la décision concernaient uniquement le droit de résidence. Chacune des cinq libertés (Ndlr liberté de circulation, de résidence, de travail, d'investissement et de vote aux municipales) est en soi un défi difficile à relever dans des conditions normales, et exige des procédures pratiques compliquées et une base d'information partagée par les pays concernés qui ne peut être assurée qu'au terme de longues négociations politiques et techniques, a-t-il encore expliqué. La politique étrangère tunisienne doit répondre à un minimum de consensus entre les différents acteurs politiques, a-t-il insisté, appelant à ce que les positions de la Tunisie «soient claires et réfléchies» pour gagner «la crédibilité et le respect». En réponse à des questions sur les efforts du PR pour unifier les forces démocratiques, la secrétaire générale du parti Maya Jribi a indiqué que «réaliser l'équilibre entre toutes les composantes du paysage politique est une condition nécessaire à la démocratie et à l'alternance pacifique sur le pouvoir». Les concertations se poursuivent avec Al Massar (voie démocratique et sociale) qui a proposé la création d'un front progressiste, «ce qui nécessite une étude approfondie des formules adéquates pour sa réalisation», a précisé Mme Jribi. S'agissant de la motion de censure présentée par des constituants contre le gouvernement Jebali, l'élu Issam Chebbi a affirmé «que le quorum était atteint avec 74 signatures». Le président de l'Assemblée constituante a fait pression sur les membres de son parti (Ettakatol) pour retirer leurs signatures, a-t-il lancé, enchaînant qu'«après le retrait de deux élus Ettakatol, la motion est devenue irrecevable».