L'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) a tenu jeudi 19 juillet, à Tunis, une conférence de presse pour sensibiliser les médias et l'opinion publique sur les violences faites aux employées de maison. Cette action de sensibilisation a été portée par l'affaire Rachida Kouki, que l'Atfd s'est engagée à défendre depuis un an. «Aujourd'hui est venu le temps de la sanction, le temps de rendre des comptes, le temps où la vérité doit être dite, et le temps où l'injustice envers Rachida Kouki doit cesser», a martelé la présidente de l'Atfd, Ahlem Behadj. L'association a fait une demande au président Moncef Marzouki pour que Rachida Kouki soit graciée. La jeune femme de 29 ans était une employée de maison chez le neveu de Leïla Ben Ali, Mohamed Trabelsi. Elle a subi des préjudices moraux et physiques pendant des années, avant d'être condamnée à vie il y a 4 ans pour avoir brulé un tapis à l'intérieur de la maison de ses employeurs. D'après Hayet Jazzar, l'avocate de l'Atfd, il y aurait plusieurs irrégularités sur le plan juridique dans le dossier de Rachida Kouki, qui prouvent que son jugement est injuste. La mère et le frère de la détenue sont venus à la conférence pour apporter leur témoignage sur la dureté des conditions de vie de Rachida, et les pressions et menaces qu'ils continuent eux-mêmes de subir de la part du clan Trabelsi et leurs sbires du RCD. Les employées de maison : précarité des conditions de vie Ahlem Behadj a indiqué que l'association reçoit régulièrement des plaintes de femmes de ménage victimes de violences physiques, morales, économiques et sexuelles. Dans une étude réalisée entre 2008 et 2009 par l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement (Afturd), il est mentionné que sur un échantillon de 100 employées de maison interrogées, 14,2 % ont déjà subi des violences sexuelles, plus de 50% sont mineures et 97,8% ne touchent pas le Smig. La cause de Rachida Kouki est une cause plaidée au nom de toutes les employées de maison dont la protection fait l'objet d'un vide juridique. L'association revendique aujourd'hui la protection juridique, institutionnelle et sociale de ces femmes, contre tous types d'abus, et appelle l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) et la société civile à s'engager dans ce combat. Quant à la demande de grâce en faveur de Rachida, la réponse est attendue pour le 24 juillet.