• Avec un indice de développement humain (IDH) de 0,698 en 2011, la Tunisie est classée 94e sur 187 pays dans la catégorie des pays à développement humain élevé. Mais en ce qui concerne l'indice de développement humain ajusté aux inégalités, on perd sept rangs En Tunisie, la croissance n'était pas pro-pauvres. En effet, la répartition biaisée des fruits du rythme soutenu de l'appareil productif national a généré des disparités entre les classes sociales et les régions. Pourtant, à l'échelle nationale, cette croissance économique soutenue et la politique de développement social l'ayant accompagnée ont permis d'améliorer les indicateurs sociaux. «Avec un indice de développement humain (IDH) de 0,698 en 2011, la Tunisie est classée 94e sur 187 pays dans la catégorie des pays à développement humain élevé...», mentionne l'étude intitulée «Les défis économiques et sociaux post-révolution», de la Banque Africaine de Développement (BAD). Cependant, en ce qui concerne l'indice de développement humain ajusté aux inégalités, la Tunisie perd sept rangs, avec une note de 0,523. Ainsi, l'amélioration des indicateurs sociaux globaux cachait une montée de l'inégalité dans la distribution des revenus. D'ailleurs, les niveaux records du taux de chômage et de pauvreté dans les régions intérieures confirment cette tendance. Le chômage des diplômés s'élève à 47% à Gafsa, 41% à Sidi Bouzid, 43% à Kébili et 40% à Jendouba, contre une moyenne nationale de 23%. Sans oublier les insuffisances en matière d'infrastructure de santé, de scolarité, de formation, de transport... Dans cette perspective, à défaut d'infrastructure suffisante, les régions intérieures sont faiblement desservises par les services publics. Selon l'étude «les disparités régionales sont accentuées par la concentration des services publics, des investissements et des activités économiques dans la région côtière». Et d'illuster «Jendouba, par exemple, est le gouvernorat le moins desservi en termes de soins de santé primaire, avec 1,4 médecin généraliste (santé publique) pour 10.000 habitants, et moins de 1,7 pour Sidi Bouzid, Médenine et Gafsa, contre une moyenne nationale de 2,7, tandis que dans la Capitale, le taux est de 4,3». Pour ce qui est du chômage, le document estime que la concentration des activités économiques dans les régions du Nord-Est et du Centre Est a engendré des disparités régionales. En effet, la région côtière compte 75 % des emplois non agricoles, le gouvernorat de Tunis a absorbé 23 % de l'ensemble des offres d'emplois en 2010, contre seulement 4 % pour le Sud-Est, bien que cette région représente 9 % de la population du pays. La décentralisation et la participation Pour éliminer les séquelles des politiques inappropriées et des défaillances structurelles du modèle de développement national, l'étude avance un ensemble de recommandations. A court terme, il est opportun de «réorienter l'affectation de ressources publiques vers les régions de l'intérieur». Ces fonds investis sont de nature à créer des emplois dans les zones dont les taux de chômage sont les plus élevés. De même, l'étude recommande de «rendre les institutions de prestation des services publics redevables aux bénéficiaires». La participation des citoyens à l'évaluation de la prestation des services publics orientera les administrations à mener les «bons» projets qui répondent au mieux aux besoins des populations. Pour ce qui est du long terme, une croissance inclusive soutenable est une nécessité pour le pays. L'étude explique : «La Tunisie est appelée à revoir son schéma de distribution de la croissance et promouvoir une croissance pro-pauvres». Parallèlement, il est fortement utile d'«instaurer une gestion axée sur les résultats, transparente et décentralisée, au sein de l'administration». La décentralisation de l'administration et la déconcentration budgétaire rendront les collectivités locales plus autonomes et amélioreront l'efficacité de la prestation des services publics. Pour accompagner le développement économique et satisfaire les besoins des entreprises, les rédacteurs conseillent d'«améliorer le système éducatif et l'orienter davantage aux besoins du marché». A cet effet, les cursus universitaires et de formation professionnelle devraient être ajustés de manière à ce que les compétences produites soient adaptées aux besoins du marché du travail du secteur privé.