Mondher Kbaïer travaille dans l'urgence ces derniers temps. Cela n'empêche que les résultats sont déjà là... A Radès, l'Etoile ira chercher les points perdus à domicile il y a deux semaines face à SunShine Stars. L'entraîneur de l'ESS ne veut pas accorder à ce classique plus d'importance qu'il n'en faut : «Ce sera la troisième rencontre d'une série de six. Quel que soit le résultat, les conséquences n'en seront pas décisives. Même si d'aucuns savent que l'enjeu est très important», se contente-t-il de glisser. Echaudé par la déception du public soussien au coup de sifflet final du match du 22 juillet face aux Nigérians de SunShine, où ses poulains se firent accrocher à domicile (0-0) après de brillants débuts en Algérie contre l'ASO Chlef (victoire 1-0), Kbaïer sait à quoi s'en tenir. Et ce qui doit changer pour espérer un rachat immédiat: « Nous devons cette fois améliorer la concrétisation, savoir mettre la balle dedans. Très souvent, il suffit d'un simple geste réussi pour avoir un tout autre match. Ce soir-là, nous avons parfaitement réussi les décalages, à déséquilibrer l'adversaire, à déployer un gros volume de jeu avec un écrasant taux de possession du ballon. Malheureusement, nous n'avons pas trouvé les filets adverses, à l'image des difficultés offensives de cette saison. L'année dernière, nous avons inscrit 49 buts. Nous n'en sommes même pas à la moitié cette saison. Nous avons beaucoup de progrès à faire dans ce volet». Pourtant, avec Moussa Maazou, Justin Mengolo, Amir Omrani, Silva Dos Santos et même Hamed Namouchi, les Etoilés possèdent de solides arguments offensifs. Et la surprise pourrait venir tout à l'heure, à Radès, de l'avant-centre nigérien, paru en nette reprise lundi dernier dans le match amical remporté face aux Emiratis de Emirates SC, coaché par Lotfi Benzarti (victoire de l'ESS 5-2). Avec à la clé un joli but de Maazou : «Il s'agit bien évidemment d'une valeur sûre, observe Kbaïer, en parlant de Maazou. Toutefois, il faut savoir le placer dans un projet collectif. Son rendement dépend de plusieurs facteurs : timing, appels de balle, complicité avec ses partenaires, geste final... De toutes les façons, il n'ira en progressant qu'avec les rencontres et en se fixant des objectifs». «Il y a des jours où la réussite est là» Plus généralement, au-delà de cette obligation de montée en puissance du compartiment offensif, l'ancien sélectionneur olympique se réjouit des progrès dans le jeu et dans la création : «Lors des quatre ou cinq derniers matches, nous avons commencé à exprimer une certaine identité. Nous progressons dans la création des occasions : 12 opportunités face à SunShine Stars sans néanmoins inscrire le moindre but, 8 devant Emirates SC pour 5 buts. Il y a des jours où la réussite vient, d'autres non. C'est tout !». Et de poursuivre que certains veulent une Etoile offensive... Cela nous était en fait arrivé, contre l'Olympique de Béja, de voir Jaziri et Sassi évoluer ensemble, se souvient Kbaïer. «Procéder à partir des fondations» Chaque fois que l'Etoile négocie un match contre l'Espérance, l'enfant de Bizerte a immanquablement une pensée pour ce match assez étonnant par le score (5-1) du 9 janvier 2011, quelques jours avant la Révolution. A l'évocation d'un tel souvenir, il s'enflamme d'ailleurs, ce qui, convenons-en, lui arrive au fond très rarement : «Oui, c'est peut-être le match-référence. Il arrivait apès une série de 8 ou 9 matches où l'Etoile montait régulièrement en régime. Cela s'était toutefois fait par étapes : nous passions de la priorité accordée au bloc-équipe, au comportement offensif... à un travail axé sur l'accélération, le changement de rythme, la percussion par les ailes... On ne réussit pas ce changement de palier par de simples paroles, par des vœux pieux. Pour transformer une équipe qui ne réussit même pas un but en deux rencontres en une machine efficace, cela requiert énormément de travail et de sacrifices. On ne construit pas directement un sixième étage. Il faut procéder par étapes, à partir des fondations. Je crois que nous vivons actuellement le même processus de refondation», estime-t-il. Quelques confidences sur l'adversaire : «L'atout majeur de l'Espérance, c'est une longue continuité qui fait que la colonne vertébrale de l'effectif et l'animation n'ont pas changé, relève-t-il. Les «Sang et Or» ont, par exemple, choisi dans leur campagne de recrutement de cet été des joueurs à des postes ciblés où un certain manque se faisait sentir. Nous ne craignons rien de particulier à l'EST, mais en même temps, nous nous méfions de tout chez le champion d'Afrique en titre. Aussi bien au niveau individuel que collectif. Sur les phases statiques ou dynamiques, nous devons être au top pour réussir à piéger notre adversaire.» Enfin, un souhait dont ne peut se priver un esthète de sa dimension : «L'essentiel sera ce soir de voir ces deux grands calibres offrir un beau spectacle, un match plaisant à voir qui fait honneur au foot national», conclut le coach étoilé.