Jamais médailles n'ont été aussi douces. Bien sûr, nous aurions aimé un autre métal mais il faudra se contenter de l'argent et du bronze en cette période post-révolutionnaire, trouble et incertaine à la fois. Il n'y a pas que le peuple tunisien qui soit sorti de l'enfer. Nos sportives et nos sportifs aussi. Dieu merci, Habiba Ghribi et Oussama Mellouli n'offriront pas cette fois-ci leur victoire à l'«artisan du changement», ni à aucun autre lécheur de bottes qui viendra enrichir son fonds de commerce avec la sueur et les sacrifices des autres. L'artisan du changement, c'est le peuple et c'est à lui qu'on devrait dédier ces deux médailles. A lui et à ces deux athlètes qui ont été les grands vainqueurs d'un système passé maître dans l'art de broyer les champions. Ce qui est aussi indécent, c'est que certains responsables (anciens et nouveaux) ont continué à se gargariser des fonds consentis à Mellouli comme s'ils tiraient cela de leur propre poche. Oussama, lui, a toujours répondu dans l'eau. Mais que Mellouli ne nous en veuille pas : l'argent de Ghribi nous a fait énormément plaisir. Par l'intelligence de sa course, mais aussi la symbolique. Le 13 janvier, avant et après, la femme tunisienne n'a cessé d'être aux avant-postes, sur la première ligne du front avec un courage et une imagination admirables. Ni pute, ni soumise mais toujours consciente de sa force et de ses responsabilités. Demeure l'essentiel, notre sujet, le sport, le haut niveau, les performances et les médailles. Que de fois l'histoire et les évènements ont prouvé que les championnes et les champions sont bel et bien là et que les cancres, ce sont les responsables. Pas tous bien sûr. Ces derniers ont, aujourd'hui, l'opportunité d'affirmer leur existence. A l'autorité de tutelle de les aider. Mais pas avant d'avoir éliminé les professionnels de l'échec !