Le volume de l'investissement étranger a atteint 1.121,2 millions de dinars contre 775,3 MD en 2011 et 1.090,6MD en 2010. En ces temps de vaches maigres, dépasser le seuil de 2010, année de référence pour tout indicateur, est déjà un signe rassurant. Ces fonds ont permis l'entrée en production de 71 nouvelles entreprises, dont 40 entreprises industrielles, durant le premier semestre de 2012. De même, les entreprises étrangères implantées en Tunisie ont réalisé 120 opérations d'extension. Ce qui s'est traduit par la création d'environ 6.750 nouveaux emplois, soit une hausse de 9,8% par rapport à 2011 et de 13,5% par rapport à 2010. Toutefois, il convient de se demander si cette évolution est suffisante pour espérer, voire confirmer, un redressement de l'activité économique ? A première vue il y a de quoi espérer. Mais pour soutenir cette tendance, des travaux de réforme de longue haleine sont à engager. En effet, le principal moteur de la croissance économique, l'investissement, occupe depuis toujours une place de choix dans toutes les stratégies et les plans de développement économique et social de la Tunisie. Et l'objectif est d'assoir une économie aussi diversifiée que compétitive. Comparé aux avancées des pays émergents et plusieurs pays africains, les résultats de la Tunisie sont de loin en deçà des potentialités. D'ailleurs, les dernières années ont été marquées par une réticence des investisseurs privés qui a coûté jusqu'à deux points de croissance et près de 35 mille emplois, annuellement. Aussi, le développement biaisé des investissements a engendré un déséquilibre régional criant et des filières industrielles peu développées, constituées, principalement, par des entreprises de travail à façon, à faible valeur ajoutée, qui cherchent une main-d'œuvre peu qualifiée, à un salaire compétitif. Certes, les stratégies, les mécanismes et les dispositifs mis en place en matière d'encouragement des investisseurs ont misé sur d'autres résultats, mais le fait est là. Outre la législation, les régions souffrent d'un déficit flagrant en matière d'aménagement de zones industrielles, de connexions routières, sans parler de la qualité des télécommunications qui laisse à désirer. Egalement, les structures de formations et de recherche sont concentrées sur les zones côtières, à proximité des ports. Miser sur la compétitivité des entreprises Avec un marché limité et dépourvu de ressources naturelles, la Tunisie ne peut miser que sur la compétitivité. D'ailleurs, dans leur choix de site d'implantation, les investisseurs rationnels cherchent à renforcer la compétitivité de leurs entreprises. Ainsi, ils privilégient la qualité et la disponibilité des ressources humaines, la qualité de l'infrastructure qui leur permet de produire et d'exporter dans les meilleures conditions. Sur un autre plan, les investisseurs nationaux sont en mesure de donner des signes encourageants pour leurs homologues étrangers. D'où la dynamique des opérateurs nationaux qui est de nature à jouer un important effet démonstratif aux opérateurs étrangers. Ainsi, il importe de doter ces opérateurs des conditions favorables à leur développement. A cet égard, une analyse approfondie du tissu économique national montre que le secteur privé, notamment les entreprises «on shore» sont confrontées à plusieurs difficultés. «Alors que le régime offshore a attiré les IDE et a développé une industrie manufacturière compétitive, il ne s'est pas accompagné d'effets d'entraînement sur l'économie locale», selon une étude de la Banque Africaine de Développement. Sans parler des problèmes de gouvernance et de protectionnisme qui handicapent le secteur on shore. De même, le développement du secteur des services tunisien est entravé par la lourdeur réglementaire. Toutes ces raisons confinent le secteur dans un espace national relativement étroit comparé à ses potentiels de développement. Elargir le marché national par le biais des accords et des conventions de libre-échange avec les pays voisins, notamment le Maghreb, pourrait dégager de nouveaux horizons aux opérateurs nationaux et stimuler les opérateurs étrangers. Dans cette perspective, une étude de la Banque mondiale sur l'intégration mondiale a relevé que certaines activités du tertiaire en Tunisie sont dotées d'un avantage comparatif important, à l'instar des télécommunications, du transport aérien, des services financiers et des services professionnels (ingénierie, comptabilité, audit et services juridiques). En résumé, une évolution soutenue des investissements étrangers nécessite un cadre dynamique. Des opérateurs privés nationaux compétitifs, un cadre réglementaire des affaires clair, en passant par des politiques opportunes et des régions bien aménagées...