Les flammes ont détruit récemment dans certaines forêts situées dans des zones du Nord-Ouest d'importantes superficies de forêts qui constituent une richesse naturelle et une source d'activité économique. Plusieurs facteurs peuvent être à l'origine de ces incendies qui ont nécessité des journées de travail aux agents de la Protection civile – malgré le manque de moyens matériels – pour les maîtriser. A la place de la végétation, des espaces calcinés sont désormais visibles, offrant ainsi une vue désolante. Et dire que les forêts constituent un élément de base dans la préservation de l'écosystème naturel, dans la mesure où elles participent à l'absorption d'une partie du gaz carbonique dégagé dans l'air. Les forêts offrent également des espaces adéquats pour se reposer à l'ombre de ces chênes étendus sur plusieurs hectares. Selon M. Samir Belhaj Salem, sous-directeur de la protection des forêts au ministère de l'Agriculture, «les incendies ont concerné la zone de Babouch à Aïn Draham relevant du gouvernorat de Jendouba et celle de Takrouna à Sidi Youssef relevant du gouvernorat du Kef. Actuellement, ces incendies provenant de l'Algérie ont été maîtrisés grâce à l'intervention de la Protection civile mais aussi à celle des citoyens qui ont aussi participé dans certaines zones à éteindre le feu avec les moyens du bord dont ils disposaient ». Les 147 incendies ont ainsi été à l'origine de la destruction de 468 ha contre 71 incendies et l'endommagement de 550 ha du 1er mai au 10 août 2011. «Le plus frappant à la lecture de ces chiffres, c'est le nombre des incendies qui a plus que doublé», remarque notre interlocuteur. Conditions de travail difficiles Malgré la mobilisation des gardes-forêts pour prévenir les risques d'incendie – en empêchant, par exemple, les gens d'allumer le feu –, la situation ne semble pas très reluisante. La nonchalance des habitants près des forêts est parfois à l'origine de ces incendies qui sont aussi stimulés par les conditions climatiques caractérisées par la canicule avec une température qui a atteint plus de 40 degrés à l'ombre. La sensibilisation ne semble pas avoir donné de bons résultats à ce sujet. Les incendies peuvent être aussi dus à des actes malveillants. Autrement dit, certaines personnes sont conscientes de leurs actes – punis par la loi en cas de découverte des auteurs – qui visent à causer des pertes substantielles à l'Etat. M. Belhaj Salah estime que les agriculteurs, peut-être sans le savoir, contribuent, eux aussi, au déclenchement des incendies en brûlant le chaume, croyant fructifier la terre. «Or, cette mauvaise pratique a montré qu'elle porte atteinte à la qualité du sol et peut être à l'origine d'un incendie, en plus de la pollution de l'air», précise notre interlocuteur qui a insisté pour rappeler les vertus des forêts, source de pluie et d'eau et un élément de protection contre l'érosion, la désertification et les changements climatiques. Les superficies touchées par les incendies concernent pourtant des arbres de grande valeur, à savoir ceux de pin d'Alep, d'où on obtient les pins pour le zgougou et les chênes-lièges dont la matière est utilisée dans diverses activités dont celle qui concerne l'isolation. Ces forêts constituées d'arbres qui datent de 200 et 300 ans ont donc des avantages écologiques et économiques immédiats, à moyen et long terme. Leur reconstitution nécessite de longues années, à condition de ne pas les endommager ou de freiner leur évolution par quelque moyen que ce soit. Les agents de la Protection civile ont pu, tout de même, limiter les dégâts en évitant la propagation du feu à d'autres hectares malgré les moyens limités, les conditions de travail défavorables (mois de Ramadan et chaleur atmosphérique) et la configuration accidentée du terrain dans certaines zones. Les services compétents ont arrêté un plan en vue d'intervenir rapidement en cas d'incendie forestier. Ainsi, des pistes ont été aménagées pour permettre l'accès rapide des véhicules ultrarapides – d'une capacité pouvant atteindre les 4.000 litres d'eau – pour une intervention instantanée. Des points d'eau mis en place dans certains axes utilisés évitent le va-et-vient des véhicules pour approvisionner les citernes et de perdre beaucoup de temps. En plus des engins lourds relevant du ministère de l'Agriculture, la Protection civile intervient parallèlement pour circonscrire les incendies qui se sont déclarés en même temps. Le sous-directeur de la protection des forêts estime, cependant, que «la sensibilisation demeure importante pour rappeler aux citoyens l'importance de la préservation des forêts et la nécessité d'éviter toute action pouvant constituer un risque pour le déclenchement d'un incendie, même si des spots de sensibilisation ont été diffusés par le passé dans les médias». Les efforts de toutes les parties prenantes, y compris ceux des citoyens, doivent donc être conjugués en vue de contribuer ensemble à réduire le nombre d'incendies.