Par Adel LATRECH Le projet constitutionnel, actuellement sur la table, vise à vider de toute sa substance les avancées de la femme tunisienne, sous prétexte d'ajuster le CSP et de le rendre conforme aux nouvelles aspirations de la femme musulmane. Une nouvelle tendance est née et qui consiste à réduire la liberté de la femme émancipée, égale et partenaire de l'homme. Grammaticalement parlant, elle risque de devenir un simple complément d'objet direct ou indirect, selon les circonstances, dépourvue du pouvoir de décision qui l'habilite à avoir un droit de regard sur le couple et la famille. La femme tunisienne ne mérite pas cet affront ni le camouflet que lui fait essuyer une tendance misogyne répandue chez les hommes appartenant à la mouvance islamiste. Des refoulés qui s'évertuent et s'ingénient par des moyens détournés et indirects à repousser et réduire la tension qui taraude leur esprit malade incapable de maîtriser ses pulsions et les tensions nerveuses qui s'ensuivent. La seule alternative qui se présente à eux est de s'acharner sur le sexe faible. Cette phobie ou aversion très vive et injustifiée qu'ils ne peuvent surmonter puise son origine dans la crainte chez les hommes de perdre l'ascendant et l'autorité morale qu'ils exercent sur les femmes libérées du joug despotique de certains esprits incapables d'évoluer et d'épouser les mœurs de la modernité. D'ordinaire, le rôle de la femme se limitait aux activités domestiques. Elle se devait d'être une bonne mère et une épouse obéissante sous peine d'être répudiée sans ménagement aucun et, le pire, d'être privée de ses enfants. Avec le leader et fondateur de la Tunisie moderne, la femme a retrouvé sa dignité dont elle a été spoliée depuis la nuit des temps. Le souvenir de «Dar Jouad» n'est pas loin. A l'époque romaine, avant l'arrivée des musulmans, les femmes ont participé activement et de diverses manières à la vie économique. Le phénomène de leur mise à l'écart des activités sociales est relativement récent dans l'histoire du pays. Des femmes qui exerçaient un métier qui les mettait à l'abri du besoin. Certaines activités impliquaient une formation particulière dont elles n'étaient pas exclues. L'exercice de la médecine, de l'accouchement chez les femmes, ainsi que diverses activités littéraires et culturelles étaient largement répandus chez les femmes. Donc, ce n'est pas aujourd'hui, après tout ce parcours, que les femmes vont céder devant ces obscurantistes décidés à les ramener des siècles en arrière. Qu'elles sachent que si elles ne défendent pas leurs acquis, les risques seront gros pour qu'ils persévèrent sur cette voie, celle de l'impunité. Le devoir nous dicte de voler au secours de la femme et de lui apporter tout notre appui et notre solidarité en cette phase particulièrement délicate que traverse la société, appelée à se mobiliser contre cette nouvelle dictature qui prend de plus en plus racine, à l'insu de tous, préoccupés qu'ils sont par les problèmes d'un quotidien au goût amer.