Les festivaliers ont accueilli jeudi à Venise l'acteur américain Robert Redford qui, à 76 ans, venait pour la première fois sur le Lido avec un film présenté hors compétition, «The company you keep». En attendant, ils ont pu découvrir deux films en lice pour le Lion d'or: La cinquième saison, un film belge inquiétant sur la colère de Mère Nature, et Thy womb, un poème philippin sur une femme musulmane prête à tout pour que son mari puisse enfin avoir un enfant. Que se passerait-il si le printemps n'arrivait plus? C'est la question à laquelle tente de répondre le couple de réalisateurs Jessica Woodworth-Peter Brosens avec La cinquième saison, fable inquiétante sur un village belge que la Nature détraquée plonge dans la terreur. Les habitants de ce coin si paisible au cœur des Ardennes sont déroutés: les abeilles ont disparu, le blé ne germe plus, les arbres n'ont pas de bourgeons, les vaches ne donnent plus de lait... Peu à peu, l'angoisse fait ressortir de vieux démons chez ces êtres jusque-là si «normaux». «Le film montre combien nous sommes petits face à la Nature, qui décide de protester en interrompant ses cycles. La Nature est le personnage principal» du film, souligne Peter Brosens. Le film commence de manière assez classique puis prend une autre direction. La cinquième saison, un tableau qui n'hésite pas à friser avec l'absurde, laisse chez les spectateurs un sentiment de malaise face à la violence de la réaction de la Nature aux actions tout aussi violentes de l'Homme. Nous ne cherchons pas à plaire. «C'est une invitation et une provocation, nous ne cherchons pas à prêcher: nous n'avons pas de solutions, seulement des questions», explique Jessica Woodworth. «Ce débat n'est pas nouveau, nous espérons simplement contribuer à notre niveau (...) même à un niveau subconscient», ajoute-t-elle. La situation est alarmante (...) Nous avons deux petites filles, dans quel monde vont-elles grandir?» s'interroge-t-elle. Les deux réalisateurs ne sont pas des inconnus à Venise, où ils ont remporté le Lion du Futur (de la meilleure première œuvre) en 2006 avec Khadak. «Les festivals de cinéma représentent un circuit parallèle de distribution», qui permet d'»atteindre un public différent», se félicite Peter Brosens. Sinapupunan («Thy Womb») est un poème mélancolique sur une Philippine musulmane qui ne peut pas avoir d'enfants et décide de donner coûte que coûte une seconde femme à son mari afin qu'il puisse enfin avoir une progéniture. Ce couple pauvre est prêt à tous les sacrifices pour rassembler l'argent de la dot dans cette région pauvre des îles Tawi-Tawi, qui font partie de la région de Mindanao, où l'insurrection musulmane a tué 150.000 personnes depuis le début des années 70.