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Les abîmes de la passion
Clôture à l'Africart du cycle consacré à Frédéric Fonteyne
Publié dans Le Temps le 07 - 05 - 2010

Du cinéma belge, le public tunisien connaît peu de choses, le maître André Delvaux, les frères Dardenne et à un degré moindre Jaco von Dormael. Le cycle consacré par le ciné-club de l'Africart avec le soutien de la représentation de la Wallonnie au cinéma de Fréderic Fonteyne a été une occasion probablement unique de découvrir toute l'étendue du talent d'un important auteur en devenir.
Le réalisateur était présent pour la projection de son troisième long-métrage «La femme de Gilles». Lors de cette séance, une copie de ce film a été gracieusement offerte à la future cinémathèque tunisienne appelée à voir le jour dans quelques mois.
«La femme de Gilles» : Le regard, l'espoir dans le désespoir
Tout en nuances et en sobriété, «la femme de Gilles» dessine la trajectoire d'Elisa, une femme ordinaire dans une ville de Belgique dans les années trente. Elisa (incarnée par Emmanuelle Devos) est heureusement mariée à Gilles (Clovis Cornillac), jusqu'au jour où le doute s'installe en elle quant à la fidélité de son époux. Gilles éprouve en effet une passion pour Victorine (Laura Smet), la petite sœur d'Elise, jeune, belle et moderne, elle est l'antithèse de sa sœur, femme au foyer, épouse dévouée, harassée par un quotidien partagé entre l'éducation de ses deux jumelles, sa grossesse et les tâches ménagères. Epousant de bout en bout le point de vue d'Elisa, « La femme de Gilles » nous installe dans une proximité avec le personnage d'une femme qui souffre de voir son mari miné par une passion qui le dévore. Le contexte historique est à peine esquissé, le film évite dès ses premières minutes la tentation naturaliste, «la femme de Gilles» n'est pas un film Balzacien. Les ressorts de la passion y sont explorés mais seulement au prisme de leur retentissement sur le personnage d'Elisa. C'est dans cette faculté d'éviter les écueils du psychologisme et ceux du naturalisme que réside la force du film. A la fois rivée à son personnage principal et extérieure, la caméra de Fréderic Fonteyne, nous place dans une distance idéale par rapport à ce que ressent Elisa. C'est le regard d'Elisa avec toutes ses nuances qui constitue l'enjeu principal de la première partie du film. Ce regard passe de la tendresse au questionnement mutique de Gilles, de l'envie à la résignation à travers ces plans où le corps plein de vie de sa sœur Victorine fait prendre conscience à Elisa de la laideur de son propre corps fatigué et déformé par la grossesse. La preuve de l'infidélité de Gilles devient irréfutable dans la séquence du bal durant laquelle Elisa (et avec elle le spectateur) assiste à une danse lascive entre sa sœur et son époux. Le traitement cinématographique de cette séquence constitue un des temps forts du film mais aussi le moment de son basculement total du côté de la lutte que va mener Elisa pour sortir Gilles des Abîmes de la passion. Assise entre ses deux jumelles dans un banc situé derrière la table où ont pris place Gilles et Victorine, Elisa observe son mari qui propose à sa belle-sœur une danse. L'évolution du couple se fait sous les yeux d'Elisa qui se rend compte très vite que Gilles enlace Victorine qui se laisse faire. Une fois terminée le couple retourne à la table, tournant pratiquement de dos à Elisa et à ses deux filles situées dans l'arrière plan. Victorine se fait inviter par un jeune homme sous les yeux de Gilles. Dans un même plan, le réalisateur fait coexister deux regards, celui de l'épouse sur son mari regardant Victorine danser et épiant jalousement les moindres gestes de son cavalier. A la suite d'un geste qu'il estime déplacé émanant du partenaire de Victorine, Gilles fou de rage va provoquer une bagarre. Ce regard sur un regard avec tout ce qu'il comporte comme douleur mais aussi comme compassion va faire sortir Elisa de sa passivité et la faire agir. De spectatrice de la déchéance de son couple, la femme de Gilles va endosser le rôle de thérapeute qui va extirper son mari de l'enfer de la passion. Au regard, vient se greffer la parole, et à ces deux, l'action. Une fois le mal constaté, Elisa avec l'assentiment de Gilles va entreprendre de le guérir en faisant en sorte que celui-ci s'éloigne de Victorine. Le chemin qui mène à la rémission totale s'avèrera difficile et le Dimanche passé en famille dans un décor bucolique est trompeur, Victorine continue de hanter Gilles au grand dam d'Elisa qui ne baisse néanmoins pas les bras. C'est au moment où la famille semble s'être recomposée, durant la belle saison alors que le troisième enfant du couple commence à marcher qu'Elisa usée par ce combat acharné qu'elle a fini par gagner, se retrouve face à elle-même. On la voit étendre des draps d'un geste mécanique, puis regarder le linge restant dans une bassine puis tout s'arrête. Elle se donne la mort en se jetant dans le vide. La lutte aura laissé ses traces, sa fin même victorieuse ramène Elisa à la médiocrité de son existence. C'est à la faveur de ce geste qu'Elisa sort de l'anonymat, on entendra pour la seule et unique fois du film prononcé son prénom: Elisa. De l'expression d'un désespoir, son suicide se transmute en un acte d'émancipation d'une femme contre sa condition, contre l'oppression.


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