Des films sur la crise économique, une pluie de stars et des femmes, pas seulement sur le tapis rouge du Lido, voilà la recette dévoilée pour cette 69e édition de la Mostra de Venise. Du 29 août jusqu'au 8 septembre, le plus ancien festival de cinéma accueillera des vedettes comme Ben Affleck, Terrence Malick, Robert Redford, Brian de Palma ou Jeanne Moreau. La liste des 17 films en compétition a été présentée lors d'une conférence de presse, le 26 juillet, à Rome.
La sélection officielle de la 69e Mostra de Venise peut presque être interprétée comme un manifeste contre le Festival de Cannes cette année. Là où la Croisette avait péché en ne programmant aucun film d'une réalisatrice dans la compétition officielle, le Festival de Venise a mis le paquet avec pas moins de 20 réalisatrices dont 4 en compétition. « Les femmes sont là et la Mostra en a pris acte », a expliqué le nouveau directeur artistique du festival, Alberto Barbera, qui gardera la coutume de présenter un film-surprise qui se rajoutera aux 17 films.
Les réalisatrices de la 69e Mostra
L'Italienne Francesca Comencini donnera sa vision d' Un giorno speciale. L'Américaine Jessica Woodworth, primée Lion du Futur pour Khadak en 2006, a tourné La Cinquième Saison, son troisième long métrage avec le Belge Peter Brosens qui constitue le dernier volet d'un triptyque sur le conflit entre l'homme et la nature. La Chilienne Valeria Sarmiento réside depuis longtemps à Paris, l'ex-épouse et collaboratrice du réalisateur Raul Ruiz a réalisé Linhas de Wellington (Les Lignes de Wellington), un film que Ruiz n'avait pas pu finir avant sa mort.
Là où la Croisette avait misé sur les valeurs sûres avec une sélection truffée d'anciens palmés, Venise ose la diversité avec des réalisateurs comme le Russe Kirill Semionovitch avec Izmena (Betrayal), la Chilienne Valeria Sarmiento avec Lemale Et Ha'Chalal (Fill the void) ou le jeune réalisateur américain d'origine iranienne Ramin Bahrani avec At any price.
La différence s'arrête là où la continuité et la ressemblance avec Cannes commencent. La Mostra accueille par exemple la Palme d'or 2011, l'Américain Terrence Malick, avec To The Wonder. L'Allemand Ulrich Seidl présentera Faith, la deuxième partie de sa très controversée trilogie Paradise, commencée en mai à Cannes. Et le Phillipin Brillante Mendoza (Linhas de Wellington) a été déjà de nombreuses fois primé sur la Croisette.
17 films en compétition officielle Parmi les 17 films en compétition officielle à Venise, il y a trois réalisateurs italiens en lice pour le Lion d'or : Marco Bellocchio avec Bella Addormentata, Daniele Cipri avec E stato il figlio et Francesca Comencini avec Un giorno speciale. La France peut se vanter de coproduire six films dans la compétition officielle et d'être présente avec deux réalisateurs français : Superstar de Xavier Giannoli et Après mai (Something in the air), d'Olivier Assayas.Lors de la conférence de presse donnée le 26 juillet à Rome, Alberto Barbera, successeur de Marco Müller, nommé directeur du Festival International du Film de Rome, a surtout insisté sur la ligne éditoriale du festival 2012 : « Le thème principal de cette Mostra sera la crise économique actuelle, mais aussi la crise de valeurs, de modèles ainsi que celle des rapports humains et sociaux, notamment à travers la solitude ». Assayas décrit dans Après mai l'histoire d'un jeune garçon de 18 ans qui réagit aux changements sociaux dans les années 1960. Après un tournage mouvementé, La bella addormentata (La Belle au bois dormant) de Marco Bellocchio attaque d'une manière violente et frontalement le sujet controversé de l'euthanasie, contrairement à la Palme d'or de Michael Haneke. Pieta du Sud-Coréen Kim Ki-duk a déjà mis le comité de censure en Corée en ébullition à cause de son goût sans modération pour des scènes de violence et de sexe.
Michael Mann, le président du jury
En plus, Barbera a envoyé un signe politique fort contre les intégrismes, avec le film d'ouverture (hors compétition) : L'Intégriste malgré lui, un thriller politique de Mira Nair. La réalisatrice indienne, Lion d'or en 2001 pour Le Mariage des moussons, et Caméra d'or au Festival de Cannes pour Salaam Bombay ! en 1988, raconte l'histoire d'un jeune Pakistanais qui a réussi à Wall Street, mais qui reste tiraillé entre son rêve américain et ses racines pakistanaises. En attendant le palmarès, qui sera décidé par le jury sous la présidence du réalisateur américain Michael Mann, le nouveau directeur artistique du festival aura encore une autre mission à accomplir. Selon le cahier des charges de Barbera, 61 ans, ancien critique de cinéma, directeur du Musée national du cinéma de Turin et membre du Jury de Cannes en 2010, il y a inscrit de développer un marché de vente des films, jusque-là un grand handicap de la Mostra vis-à-vis de ses concurrents. Le verdict pour le nouveau directeur artistique et le Lion d'or 2012 tombera le 8 septembre. (RFI)