Des newsletters, des sites Internet et des radios locales seront bientôt lancées dans les régions par les jeunes. Ce projet d'éducation aux médias sera mis en place et animé par le réseau associatif, Lam Echaml Créé en avril 2011, le réseau Lam Echaml regroupe une quarantaine d'associations autour d'un socle de valeurs. Le réseau consacre les fondements de la modernité, l'égalité entre les hommes et les femmes, la séparation entre le religieux et le politique, le droit à la différence et à la liberté de conscience et l'attachement à la culture et à la civilisation de notre pays. Deux actions phare ont marqué sa participation à la vie publique post-révolutionnaire : les caravanes d'éveil civique qui ont sillonné le pays l'été dernier pour sensibiliser les Tunisiens à l'acte électoral et les ateliers d'écriture citoyenne de la Constitution, animés par des juristes et par des députés de l'Assemblée constituante. «Contrairement aux partis politiques qui ne diffusent de l'information que selon leurs intérêts partisans, les associations ont un rôle informatif et éducatif très large», soutient Moncef Ben Slimane, président de Lam Echaml. C'est dans cette perspective que le réseau vient d'axer son université d'été — soutenue par les fondations For the futur et Hanss Seidel — qui a réuni à Mahdia, du 7 au 9 septembre, près de trente associations et des experts en matière de médias, sur des projets de formation des jeunes vivant dans les régions à la maîtrise des outils de communication : newsletters, sites web, radios locales. Ce projet, rendant hommage à la jeunesse tunisienne, qui a su relayer grâce aux médias alternatifs tout le bouillonnement révolutionnaire d'avant - le 14 janvier 2011, veut aussi renforcer la place des moins de 35 ans dans la vie locale. «L'enjeu est ici également politique. En diffusant de l'information, notamment sur les opportunités d'emploi et le secteur économique, les jeunes pourront s'imposer comme de vrais partenaires dans le dialogue civique et prendre part à la vie de leur région», ajoute Moncef Ben Slimane. La feuille de route du projet a été longuement discutée lors de l'université d'été. Bientôt un comité de pilotage sera mis en place. Il organisera à partir du mois de novembre une formation adressée à un public de jeunes qui prendra en charge la production des neuf newsletters, des sept sites Internet et des radios communautaires diffusées sur le Net. L'expérience s'inspire du journalisme citoyen, qui a fait ses preuves depuis l'explosion de l'audience des blogs et des réseaux sociaux. Pour Abdelkérim Hizaoui, directeur du Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (Capjc) et l'un des intervenants de l'université d'été, le projet s'intègre dans la philosophie de l'éducation aux médias, qui cherche à former un public averti, critique et intelligent par rapport aux dispositifs médiatiques. «Nous n'avons pas réussi à intégrer jusqu'ici l'éducation aux médias dans les cursus scolaires. Et voilà que la société civile prend en charge ce principe. L'initiative est à soutenir et à saluer. D'autre part mettre à profit des radios ou des sites Internet pour produire de l'information est une manière d'expérimenter une participation citoyenne à la vie de la cité», affirme celui qui a coordonné le premier colloque international sur l'éducation aux médias, à Tunis en 2004. A côté de son programme culturel et artistique couvrant les mois à venir et plusieurs régions du pays, le réseau Lam Echaml, compte organiser une grande parade sur le thème de la non-violence. Une valeur qui sera probablement bientôt rajoutée au socle des valeurs du réseau.