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Ecole préparatoire pilote de Khaznadar : Un collège pour l'élite avec un déficit en salles de classe
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 09 - 2012


Par Habib Mellakh
La rentrée des classes au collège pilote de Khaznadar aura lieu, comme partout ailleurs, le 17 septembre prochain mais ses élèves aborderont la nouvelle année scolaire probablement sans enthousiasme, voire sans motivation et certainement avec beaucoup d'inquiétude. Leurs parents, qui ont frappé en vain à toutes les portes, aimeraient d'ores et déjà se vouer à n'importe quel saint dans l'espoir qu'il assurerait à leurs enfants les conditions d'une reprise normale puisque les responsables – pour des raisons qui ne dépendent toujours pas de leur volonté – semblent incapables de le faire.
Au lecteur ahuri qui ouvrirait grands les yeux pour s'assurer qu'il a bien lu, je confirme que des collégiens, qui font partie de l'élite, vont souffrir à la rentrée prochaine d'un grand déficit en salles de classe et qu'ils risquent de vivre une situation, à ma connaissance, inédite dans un pôle d'excellence avec d'abord un chantier en cours, ensuite l'impossibilité pour l'administration du collège pilote de leur dispenser tous les enseignements à moins de surcharger les classes pour dépasser les normes admises même dans des collèges ordinaires ou de consentir à d'autres aberrations pédagogiques. Mais les pince-sans-rire et tous ceux qui nous serinent sur toutes les ondes et dans tous les médias que nous vivons dans la meilleure des transitions démocratiques possibles, grâce au meilleur gouvernement que nous ayons eu depuis l'Indépendance, vous diront que les collégiens de Khaznadar seront heureux de savourer, grâce à ce chantier, la douce musique des marteaux-piqueurs, des burins et des pics ô combien propice à la concentration. C'est tout le mal qu'on leur souhaite. Croisons les doigts pour qu'une brique mal scellée ou qu'un seau de mortier hissé au moyen d'une corde usée ne leur tombe pas sur la tête ! Mais trêve d'ironie et d'humour noir ! Essayons plutôt de comprendre comment on a pu en arriver là.
L'édification de cet établissement a été programmée pour s'échelonner sur trois étapes. Le projet concocté par l'autorité de tutelle a planifié, à chaque phase, la construction de salles réservées à un niveau différent. La première tranche destinée aux élèves de la 7e année devait être prête en septembre 2010, la seconde consacrée aux élèves de la 8e année en septembre 2011 et l'achèvement de la dernière était prévu en septembre 2012 pour répondre aux besoins en salles des élèves de la 9e année. Mais les travaux de construction du collège ont accusé beaucoup de retard. Seule la première tranche a été exécutée dans les délais impartis. L'entrepreneur – il faudrait dire «le tâcheron» ou «charlatan du bâtiment» – ayant gagné l'appel d'offres et qui s'est engagé à remettre les clés du bâtiment censé accueillir les élèves de la 9e année de base avant la prochaine rentrée n'est parvenu qu'à la construction des fondations de l'ouvrage et n'a pu édifier que ses piliers. Le soi-disant entrepreneur a déclaré forfait à peine une semaine après avoir ouvert le chantier pour le reprendre à la fin du mois d'août et se volatiliser ces derniers jours pour une fugue dont on ne sait pas combien de temps elle durera. Pourtant il avait assuré aux parents et au délégué régional qu'il travaillerait – tenez-vous bien – nuit et jour (au sens propre, c'est-à-dire en engageant 2 équipes) pendant le mois de Ramadan. Sornettes et balivernes servies à des interlocuteurs prêts à croire au père Noël quand il s'agit de l'avenir des collégiens !
L'histoire se répète même si sa reproduction s'est faite cet été sur le mode farcesque. L'année dernière déjà, un autre tâcheron – ils s'affublent tous du titre usurpé d'entrepreneur – en charge de la construction des salles de la 8e année et de la réalisation de la deuxième tranche dans les délais susmentionnés n'avait pas honoré ses engagements, ne commençant les travaux qu'en août 2011. Au mois d'avril 2012, il a pris la clé des champs – en direction de la Lybie, semble-t-il — après avoir à peine achevé la moitié de l'ouvrage ! La seconde moitié de l'ouvrage (3 salles de classe) vient d'être récemment confiée à un nouveau tâcheron. Le directeur du collège, Moncef Ayari, dont il faut saluer le courage, le sérieux et l'abnégation, les enseignants dévoués, les parents compréhensifs et solidaires de l'administration ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur et ont fait preuve de beaucoup «d'ingéniosité» pour sauver les meubles. Mais ce sont les élèves qui ont payé les pots cassés d'un bricolage pédagogique imposé par les circonstances et destiné à sauver l'année scolaire. La permanence, les salles spécialisées (le laboratoire d'informatique, celui des sciences de la vie et de la terre, le laboratoire d'anglais, celui de l'enseignement technique, celui de la physique et de la chimie et même le réfectoire) ont été utilisées comme des salles de classe. La direction du collège, avec l'accord des inspecteurs, a sacrifié les travaux pratiques des disciplines scientifiques et techniques et les séances d'informatique, d'expression orale en français et de correction phonétique en anglais en programmant leur déroulement en présence de la totalité des élèves alors que les exigences pédagogiques imposent, pendant ces activités, une répartition par groupes des apprenants. Des cours ont dû être assurés le vendredi après-midi. Sans compter les journées surchargées, les heures creuses, les séances fastidieuses de 2 heures subies par les élèves en raison du manque de salles !
On doute fort que ces arrangements et ces tours de passe-passe acceptés par les parents, les enseignants et les collégiens, à leur corps défendant l'année dernière, soient encore possibles cette année. Le collège a été fondé en septembre 2010 avec un seul niveau au démarrage, 5 salles de cours, 5 salles spécialisées, une salle de permanence tout juste suffisantes pour accueillir 8 classes et 200 élèves, ce qui était du reste l'effectif du collège durant la première année de son fonctionnement. Pour l'effectif prévu à l'orée de la nouvelle année scolaire, il faudrait disposer de 12 salles ordinaires, de 8 salles spécialisées et de 2 salles de permanence alors que le collège ne peut compter que sur 8 salles ordinaires, 5 salles spécialisées, et 2 salles de permanence. On est loin du compte et on ne voit pas comment l'administration pourrait s'en sortir à moins de recourir, en plus des aberrations pédagogiques enregistrées l'année dernière au gonflement de l'effectif moyen des élèves dans les classes !
Les parents, après avoir alerté le ministère de l'Education nationale, après avoir eu plusieurs réunions avec le délégué régional de l'enseignement de Tunis 2 qui a, à chaque fois, fait des promesses jamais tenues pour résoudre les problèmes liés au retard accusé dans la construction, ne savent plus à quelle porte frapper. A la veille de la rentrée, la délégation régionale de l'enseignement n'a même pas daigné les informer des solutions envisagées pour assurer dans de bonnes conditions la rentrée de leurs enfants dont le seul tort est d'avoir été orientés dans un collège en construction, ce dont pâtit leur formation. Heureux d'avoir été admis au concours d'entrée aux collèges pilotes, ils ont eu l'année dernière le courage mais aussi le désenchantement d'étudier dans des conditions où les normes pédagogiques n'ont pas été respectées. A quelle sauce vont-ils être mangés? A moins d'un miracle, la situation sera difficilement gérable l'année prochaine, ce qui suscite d'ores et déjà le courroux de toutes les parties prenantes au collège même si le directeur, toujours vaillant à la tâche, affiche un optimisme à toute épreuve et qu'il est déterminé encore une fois à sauver l'année scolaire. La nouvelle donne risque en effet d'amplifier le calvaire vécu l'année dernière par les élèves, les parents et les enseignants.
Aujourd'hui, les Tunisiens cogitent sur le sexe des anges ou sur le code vestimentaire des étudiantes et des championnes olympiques. Certains d'entre eux utilisent la violence verbale ou bien les méthodes musclées pour convaincre de leur point de vue, usant de l'argument de la force à défaut de disposer de la force de l'argument. Les étudiantes non voilées de la faculté de la Manouba sur lesquelles des pressions ont été faites pour les pousser à porter le hijab ou le niqab l'ont appris à leurs dépens. L'athlète Habiba Ghribi, lauréate de la médaille d'argent aux derniers jeux olympiques de Londres au 3000 steeple, prise à partie sur les pages de Facebook par des illuminés qui proposent de la déchoir de sa nationalité tunisienne pour avoir porté lors des épreuves, un vêtement spécifique, conforme aux normes sportives et olympiques mais qui n'était pas de leur goût, en sait quelque chose. Nous sommes en présence du même bricolage pédagogique justifié par la lenteur administrative qui retarde l'annonce des appels d'offre et par le choix malheureux de tâcherons incompétents et dépourvus de moyens dans le cas du collège, par des considérations extra-pédagogiques, doctrinales et politiques dans le cas du niqab. Les Tunisiens aujourd'hui – et cela fait partie des misères de notre temps – se flagellent aussi mutuellement, les uns accusant les autres de mécréance, ces derniers fustigeant les premiers en raison de leur obscurantisme. Au lieu de cela, ils devraient, et à leur tête le gouvernement qui semble encourager ce genre d'élucubrations, plutôt réfléchir sur les modalités d'attribution des marchés publics, source du retard accusé dans l'avancement des travaux du collège pilote de Khaznadar et responsables, entre autres, de la corruption qui sévit encore dans plusieurs secteurs de l'économie nationale. Ils devraient aussi et surtout travailler dur pour trouver des solutions aux problèmes réels qui ont accouché de la Révolution au lieu de créer de toutes pièces des problèmes à l'origine de conflits qui risquent de perdurer, de dilapider des énergies et de décevoir tous les espoirs suscités par la Révolution.
* (Universitaire et parent d'élève)


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