Elles sont des centaines, des milliers même nous dit-on, associations œuvrant sur tout le territoire tunisien, dans les domaines culturels, politiques, sociaux, sportifs, ou environnementaux. Toutes méritent qu'on s'intéresse à leur action, et que l'on soutienne leurs efforts Certaines, cependant, se distingnent parfois par la passion qui anime leurs membres, l'originalité de leur approche, leur talent de communicateurs, et leur désir d'abattre des montagnes «Sawty» est l'une d'entre elles. Née au tout début de la révolution, animée par une équipe de jeunes et brillants universitaires qui avaient tous décidé de mettre entre parenthèses leur cursus, et d'offrir six mois de leur vie à la révolution, elle se distingua par son action sur le terrain, à la Kasbah, mais aussi à travers le Bus Citoyen Les six mois durèrent plus que prévu. Aujourd'hui, l'Association «Sawty» s'est structurée, étoffée, a créé ses réseaux, a atteint ses premiers objectifs, a organisé sa relève. Les membres fondateurs sont toujours présents, mais certains reprennent leur parcours universitaire un temps suspendu pour revenir, mieux formés et plus performants. Mahdi Maghraoui, qui faisait partie du team initial, et qui a présidé l'association jusqu'au mois d'août dernier, a bien voulu faire le point avec nous: Quand vous étiez venu nous voir, et nous annoncer la naissance de Sawty, vous aviez beaucoup d'idées et de projets. Ont-ils été réalisés ? — Pour la plupart, et fort heureusement, oui. Nous avions trois objectifs majeurs : L'extension régionale de l'Association, et nous avons ouvert des sections à Gafsa, Gabès, et Jbeniana. Et nous sommes en train d'en ouvrir d'autres à Jerba et à Zarzis. Cependant que notre siège de Tunis a quitté la Kasbah où un sponsor nous avait prêté une maison pour nous installer au cœur de la ville, à un jet de pierres de l'avenue Bourguiba, Avenue de Paris Notre second objectif était la professionnalisation de l'Association. Ce but est aujourd'hui atteint. Nos membres sont bien formés. Des aides de fondations internationales nous ont permis de renforcer nos équipements. Etant mieux équipés, nous sommes plus performants Le troisième but à atteindre, et le plus important peut-être pour nous, était la pérennité de l'Association à travers ses projets. Et là aussi, nous sommes sur la bonne voie : nous avons organisé deux sessions du Forum tuniso-français, pour lesquelles la participation est allée en s'accroissant. Le Forum des jeunes que nous avons lancé a abouti et les jeunes ont soumis leurs propositions à l'ANC. Notre plus grande fierté consiste dans le succès du Bus Citoyen dont vous aviez annoncé le projet. Celui-ci a aujourd'hui ses propres locaux, a réalisé son réseautage et préparé la deuxième phase de son action. Une fois ces trois objectifs atteints, et leur pérennité assurée, quelles sont vos projets actuels ? — Le dernier a fait le buzz. Nous avons installé une tente en ville qui distribuait des brochures portant le titre «Destour Jamhouriya Ettounissia». Les gens se l'arrachaient, et à l'intérieur, ce n'était que pages blanches. La vidéo, intitulée «Ouinou destourna» a fait le tour de la Toile Actuel projet en cours, et qui marche très fort : le Forum des jeunes artistes tunisiens. De jeunes artistes issus de différentes régions participent à plusieurs ateliers de musique, théâtre, cinéma. On les aide à réunir les moyens de promouvoir leurs œuvres en leur trouvant des fonds, une formation. Une centaine de projets sont en cours. Aujourd'hui, après avoir dirigé l'association durant un an, vous partez reprendre votre cursus universitaire. Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ? — Pour moi, cela a été une expérience formidable. Sur le plan personnel, j'ai rencontré des gens extraordinaires, comme Hillary Clinton, ou Alain Juppé. Sur le plan de l'Association, nous avons mis en place un bureau exécutif qui perpétuera les valeurs de transparence, de tolérance et de neutralité qui ont présidé à la naissance de Sawty. L'esprit demeure, et là réside notre force, et notre fierté. Il est vrai qu'à un moment, nous avons été inquiets, craignant une certaine démotivation, mais à chaque nouveau projet que nous lançions, des jeunes venaient en masse. Ce sont eux l'avenir de «Sawty», et la relève est prometteuse Quant à moi, j'ai pris une année sabbatique. Maintenant, il faut que je me consacre à mes études. Mais je ne serai jamais bien loin de «Sawty». Quelles sont les prochaines actions que «Sawty» lancera bientôt ? — A la rentrée, on organisera des ateliers-débats dans plusieurs universités. Ceux-ci porteront sut «la citoyenneté», mais aussi sur des thèmes de société, d'éducation. Le Bus Citoyen reprendra ses tournées pour préparer les élections. Et le dernier projet lancé concerne la mise en place d'un bureau d'assistance et de conseil aux associations : il s'agit là de renforcer les capacités de structures de la société civile. «Sawty» est cogestionnaire de ce projet avec plusieurs autres associations