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Quand on sème le vent...!
Point de mire
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 09 - 2012


Par Abdelhamid GMATI
Entendons-nous bien : il est tout à fait légitime, compréhensible de manifester sa réprobation et sa condamnation de tout acte répréhensible; à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une atteinte à la religion. Des juifs, des chrétiens l'ont fait dès que des sépultures ou des lieux de prière sont profanés. Les musulmans aussi, d'autant plus que ces dernières années, des œuvres dites «artistiques» (bandes dessinées, caricatures, et pseudo films), tentent de tourner en dérision l'Islam et son Prophète. Les Tunisiens, comme d'autres peuples musulmans dans plusieurs autres pays arabes et musulmans, avaient le droit de manifester leur colère pour dénoncer et condamner ce dernier pseudo film, portant atteinte au Prophète Mohamed et insultant la religion musulmane, initié par un copte égyptien, vivant aux USA, condamné pour fraude et réalisé par un auteur de films pornographiques. Certes, cela n'enlèvera rien à cette religion, respectée par l'écrasante majorité des peuples, ni ne réduira la foi musulmane. Mais cette provocation d'illuminés extrémistes ne peut être passée sous silence et elle a, du reste, été unanimement condamnée, y compris aux Etats Unis. Mais toute manifestation doit obéir à des règles de civisme, de retenue, de dignité, sans porter préjudice à autrui, aux innocents. Les Tunisiens ont plusieurs fois manifesté, durant leur histoire contemporaine, notamment pour soutenir la cause palestinienne, pour condamner le terrorisme des sionistes israéliens ou pour s'exprimer contre la guerre du Vietnam. Et ils l'ont fait pacifiquement, dignement. Alors, que s'est-il passé en ce vendredi 14 septembre ?
Un bilan provisoire des affrontements qui ont eu lieu à l'ambassade des Etats-Unis donne: 31 blessés du côté des forces de l'ordre, 28 blessés et 2 morts chez les manifestants (dont plusieurs par balle), 68 voitures et 2 bus brûlés, des bâtiments de l'ambassade et une école ont été saccagés et pillés. Il y a eu plusieurs arrestations, d'autres vont suivre, plusieurs manifestants ayant été identifiés par la police. Un des leaders salafistes djihadistes, Abou Iyadh, serait aussi recherché. Tout cela est déplorable, n'est pas digne du peuple tunisien et pour citer le ministre de l'Intérieur, M. Ali Laârayedh, «la Tunisie a perdu sa réputation et sa crédibilité internationales. Il est du devoir de chaque pays d'assurer la défense des ambassades et des diplomates dans le pays». Alors pourquoi ? Il y avait eu une «petite» manifestation, la veille, devant l'ambassade US et celle du vendredi avait été annoncée et était prévisible. Des imams et des extrémistes religieux avaient appelé à cette manifestation. Ce qui veut dire que les autorités n'ont pas fait le nécessaire pour juguler les violences et les débordements. Où sont donc passées ces forces de l'ordre qui, du temps de Ben Ali, quadrillaient le pays, empêchant toute velléité de contestation ou de violence et maîtrisant même 50.000 spectateurs d'un stade en ébullition? A la Constituante, les députés ont recommandé une enquête pour délimiter les responsabilités. Il faudrait commencer par la Constituante elle-même, où la veille c'est-à-dire le jeudi, lors de la discussion sur les événements en Libye (qui ont coûté la mort de l'ambassadeur US et celles d'autres personnes), les constituants, tout en légitimant la dénonciation du film incriminé, n'ont fait aucun appel au calme et à la retenue. Un député nahdhaoui a même commenté en ces termes : «C'est une expression de révolte et de colère des peuples touchés par cette œuvre ignoble. Nous ne l'approuvons pas, mais les peuples s'expriment par les moyens qu'ils jugent adéquats pour répondre à ce genre de dépassements gravissimes! ». Les services de l'ambassade avaient prévu cette manifestation et ont adressé un message à l'intention de leurs ressortissants : «Des manifestations devraient avoir lieu aujourd'hui dans les environs de l'ambassade américaine, et la situation sécuritaire reste fluide. Les rapports des médias ont indiqué que plusieurs manifestations peuvent avoir lieu aujourd'hui dans la zone de La Kasbah au centre de Tunis. L'ambassade américaine reste ouverte. Toutefois, l'accès à la zone autour de l'ambassade peut être interdite à ces deux manifestations. Si la situation sécuritaire nécessite d'autres restrictions des services publics à la section consulaire de l'ambassade américaine, des mises à jour seront affichées sur le site de l'ambassade». C'est dire leur confiance à l'égard d'un peuple pacifique et de ses autorités. L'intellectuel et journaliste Youssef Seddik a demandé la demission du ministre de l'Intérieur.
«Quand on sème le vent, on récolte la tempête». Depuis des mois, exactement depuis que les nahdhaouis sont au pouvoir, les actions des salafistes ont pris de l'ampleur et de la gravité, allant de la profanation du drapeau jusqu'aux agressions verbales et physiques de journalistes, artistes, intellectuels, opposants, femmes et même forces de l'ordre en passant par la destruction de bâtiments officiels ; dans l'impunité la plus totale. M. Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha, les considère comme «nos enfants» et préconise de dialoguer avec eux. Avec le résultat que l'on sait. Aujourd'hui encore, il estime que ce qui s'est passé ce vendredi, est «regrettable», mais que ce sont des «intrus» qui en sont coupables. Dans la foulée, il a aussi incriminé les auteurs du film (bien sûr), les USA et l'ONU qui n'ont pas de loi criminalisant l'atteinte au sacré. En somme, ce ne sont pas les salafistes qui ont commis les violences mais tous les autres. Et c'est l'absence de loi criminalisant le sacré (c'est-à-dire la censure, les restrictions à la liberté et le règne de la pensée unique) qui a permis les violences. Pour notre ministre des Affaires étrangères, son commentaire semble «étrange»; à sa chaîne préférée qatarie, il déclare «le calme est revenu et la situation autour de l'ambassade est sous contrôle». Donc rien de grave ne s'est passé.
Effectivement, tout cela est déplorable. Et il est clair qu'il y a absence de volonté politique pour mettre fin à ces dérives, à ces violences, à cette gangrène qui minent la société tunisienne.


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