L'évaluation revue en quatrième année de base : toutes les matières seront notées cette année et prises en compte dans le calcul de la moyenne générale L'approche par compétences a été introduite dans les établissements scolaires en réponse à la nécessité à laquelle ont été confrontés les établissements scolaires de devoir s'adapter à l'évolution des valeurs, ainsi qu'au changement qui a marqué la construction et la diffusion des connaissances et des savoirs dans des sociétés en perpétuelle mutation. Celui qui devient un acteur dans l'évolution de la société et qui participe à la découverte d'innovations et de nouvelles technologies n'est plus celui qui a accumulé le plus grand nombre de connaissances au cours de son parcours scolaire et universitaire, mais celui qui a l'esprit critique, qui agit et qui dispose d'une capacité à s'adapter à n'importe quelle situation. Cette nouvelle conception de la construction des savoirs dans les sociétés modernes a entraîné un changement des paradigmes, en vertu duquel l'école a été appelée à revoir son rôle. Le paradigme behavioriste, basé sur la transmission passive des connaissances à l'élève a été remplacée par l'APC qui place l'apprenant au centre des situations d'apprentissage et en fait un acteur de la construction de ses connaissances. «Il s'agit d'amener l'élève à non plus assimiler passivement les connaissances que lui transmet l'éducateur, mais à le faire participer à la construction progressive de connaissances et de savoirs transposables dans n'importe quelle situation», explique M. Chaâbane, directeur de l'enseignement primaire au ministère de l'Education nationale. Il y a treize ans, l'approche par compétences a été introduite et transposée telle quelle dans les établissements scolaires tunisiens sans avoir procédé au préalable à une étude et sans que le terrain n'ait été préparé, afin de l'adapter aux spécificités du terrain et de l'enseignement tunisien en Tunisie. Après plus de dix ans, cette approche a montré ses failles, conséquence d'un choix qui n'a pas été réfléchi à l'avance. Alors que l'application de l'APC nécessite que les établissements soient équipés et dotés d'outils d'apprentissage modernes, l'inexistence d'outils d'apprentissage et l'insuffisance de ressources dans certains établissements situés à l'intérieur des régions qui ne disposent même pas du minimum nécessaire a conduit à l'échec de l'application de l'APC dans certaines de ces zones . «Nous n'avons tenu compte ni de la résistance du terrain ni de la différenciation des différents rythmes d'apprentissage des élèves qui sont issus de milieux socioculturels différents», a relevé le directeur de l'enseignement de base. Cette approche a, été, en effet, mal assimilée par les éducateurs qui n'ont pas bénéficié d'un nombre suffisant de sessions de formation pour pouvoir en maîtriser convenablement les principes. Conséquence : l'approche n'a pas été appliquée convenablement par manque d'expérience et de formation et l'apprentissage s'est souvent déroulée de façon boitillante dans les établissements primaires. Afin d'évaluer le niveau des élèves ces dernières années, des groupes représentatifs ont été constitués pour participer à des concours internationaux et situer ainsi le niveau de l'enseignement en Tunisie par rapport aux autres pays. Les résultats obtenus par les élèves tunisiens ont montré que ces derniers étaient faibles en mathématiques et en sciences. Autre constat : à la fin du cursus primaire, la plupart des élèves n'arrivent ni à lire, ni à écrire correctement, ni à formuler convenablement une phrase ou à comprendre et à analyser un énoncé ou un texte dans les différentes matières enseignées. Sans compter que la continuité de cette approche n'est pas assurée dans le collège et les établissements du secondaire où c'est l'approche par objectifs qui continue à être pratiquée. Conscient des faiblesses de cette composante du système de l'éducation, le ministère a commencé à apporter certains changements, notamment au niveau de l'évaluation des compétences en première, deuxième, troisième et quatrième années primaires. Cette année, toutes les matières seront notées en quatrième année de base et prises en compte dans le calcul de la moyenne. «L'expression orale, la lecture, la production écrite, la dictée, la récitation sont des matières qui seront dorénavant notées dans les classes de l'enseignement de base et prises en considération dans le calcul de la moyenne. Ce n'était pas le cas auparavant, a observé le directeur de l'enseignement de base au ministère de l'Education. Nous ne pensons pas abandonner l'approche par compétences mais plutôt prendre des mesures pour la rendre efficace. Il faut déjà tenir compte des besoins spécifiques de certains élèves ainsi que des différents rythmes d'apprentissage, en constituant des groupes. Il faut également penser à réaménager le temps scolaire et alléger le contenu des programmes. La réflexion vient d'être engagée sur cette question dans le cadre de la reforme du système de l'éducation en Tunisie».