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La grande muette
Autrement dit
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 09 - 2012

La grande avenue fait la moue. Elle ne chante plus, elle ne gronde plus. Elle ne rit plus aux éclats, comme avant. Les barbelés sont revenus, mais pas pour les mêmes causes, celles de la petite — qui a dit «petite»? — Révolution du 14 janvier. Elle a accumulé tant de faits du jour, cette avenue-là, qu'elle a fini par se taire. C'est «La grande muette», comme à Paris, en 1870. On va finir, même, par l'habiller d'une camisole de force, pour lui apprendre à mieux se tenir. D'avoir trop chahuté, grondé, ri aux éclats, sans vergogne. Sur les terrasses des cafés, à moitié vides, l'arôme de l'expresso a le goût frelaté de l'atmosphère. Sous les ficus déjà malmenés par le tohu-bohu de l'infernale circulation automobile, on peine à trouver un coin d'ombre et de fraîcheur. Le mois de septembre est venu s'abattre sur cette artère comme une chape de plomb. Ça sent le macadam et il y a quelque chose de pourri dans l'air, vite enveloppé par les odeurs de cuisine des fast-foods et des snacks bars.
Le Théâtre municipal, la fameuse «Bonbonnière», a aussi perdu sa voix. La voix de ses ténors, de ses sopranos et barytons. Celle de la vox populi aussi, de cette belle jeunesse qui a fait la révolution, accourue de toutes les régions du pays. Avec la rentrée scolaire et universitaire, tout est rentré dans l'ordre des choses.
Attablé au café, je revois d'anciens amis et compatriotes qui ont regagné le bercail depuis le 14 janvier. Sur leurs visages, au regard impassible et d'une tristesse inouïe, je devine l'état de déception et de désolation dans lequel ils se trouvent.
L'un d'eux, pourtant, ferréen jusque dans ses gestes et sa voix, me dit, en quittant la table : «Vois-tu mon cher, il faut croire même au désespoir. Ferré ne le chantait-il pas! Hein! Ceci». Le désespoir est une forme supérieure de la critique.
Pour le moment, nous l'appellerons Bonheur! Je marche le long de l'avenue. La foule est bigarrée, mais avec une dominante de noir. Celle du hijab et même, parfois du niqab et du tchador. Paysage d'une avenue exécutée à grands coups de fusain ou de pastel à l'huile où se mêlent des tonalités sombres, du gris au noir. «La grande muette» dans la grisaille des jours incertains? C'est peut-être cette atmosphère, pesante, «existentialiste» qui prédomine, ton sur ton. Pourtant, le ciel est bleu, mais si bleu qu'il est devenu blanc. Cela me rappelle le ciel oranais d'Albert Camus dans L'Etranger. Et sommes-nous devenus des étrangers dans notre propre pays? Ce bercail qui nous a vu naître et grandir avec l'espoir que nous vivrions en parfaite harmonie, les uns avec les autres? Cet Eldorado de la Méditerranée qui tend à perdre ses atouts majeurs de pays le plus serein et le plus hospitalier du monde? Je m'en vais quitter cette grande avenue décidément «muette» à n'en plus finir, pour regagner ma banlieue plus aérée, marine celle-là, avec son «large» du côté du golfe de Carthage, qui fait rêver les harragas les plus désespérés.
Les souvenirs s'égrènent et la grande avenue est toute dans ma tête, de la sinistre horloge jusqu'à Bab Bhar. Elle ne fait plus la moue. Elle chante de nouveau, elle gronde, elle rit aux éclats... La-la-la...


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