Non à la violence, à la dictature naissante, à l'assassinat politique, au terrorisme, à l'extrémisme, à l'exclusion, à la violence politique, aux gangs de la mort, à des élections avec une sécurité nahdhaouie, à la violation des libertés du citoyen, etc. Oui à l'impartialité des ministères de souveraineté, à la dissolution des «comités de protection de la révolution», à une feuille de route précise et claire pour les élections, à l'indépendance de la justice et des médias, à l'Etat de citoyenneté, à une justice transitionnelle et non sélective, etc. Tels étaient les slogans inscrits sur les banderoles et les pancartes brandies par les militants et sympathisants de Nida Tounès, du Parti républicain et d'Al Massar lors de leur marche pacifique commune organisée hier. La marche a débuté vers 13h00 depuis la statue d'Ibn Khaldoun pour parcourir l'avenue Bourguiba, puis l'avenue Mohamed-V avant de parvenir à la place des Droits de l'Homme. Une marche à laquelle ont participé quelque trois mille personnes et qui s'est bien déroulée en dépit des tentatives de perturbation de la part de certains sympathisants d'Ennahdha venus scander des slogans contre les trois partis participant à la marche. Les forces de l'ordre, omniprésentes, ont su bloquer ces groupes et maîtriser la situation pour permettre aux manifestants de continuer leur marche. Les manifestants ont scandé plusieurs slogans par alternance à l'instar de : «La Tunisie est libre, terrorisme dehors !», «Ni peur ni terreur, le pouvoir est aux mains du peuple», «La femme tunisienne refuse de rester en marge de l'histoire», «L'emploi est la solution», «Des gangs nahdhaouis, des milices terroristes», etc. Une situation critique La manifestation a réuni une pléiade des responsables des trois partis, mais aussi des personnalités nationales et des artistes de tous bords. Au premier rang des manifestants, Yassine Brahim, directeur exécutif du Parti républicain, a déclaré que cette marche a pour message commun et unique : le refus de la violence. «La violence, a-t-il expliqué, a atteint un niveau intolérable avec notamment des agressions physiques qui ont visé des hommes politiques». «Nous avons confiance en notre système judiciaire et en sa neutralité. Nous étions sur le point de programmer des actions dans le cadre d'un front civil avec certains objectifs, mais avec ce qui s'est passé dernièrement, nous avons préféré organiser cette marche pacifique, vu la délicatesse de la situation. Nous disons stop à la violence ! A cause de cette violence, la révolution risque de perdre ses objectifs», a-t-il ajouté sur un ton pessimiste. Le président d'Al Massar, Ahmed Brahim, lui aussi au premier rang des manifestants, a estimé que cette marche est une manière de protester fermement contre la violence et la violence politique orientée vers les concurrents des partis au pouvoir. «C'est une protestation, a-t-il souligné, pour la stabilité et contre la violence». «La prochaine étape ne doit pas être celle des règlements de comptes. Les ministères de souveraineté doivent être éloignés de tous les calculs politiques. Aussi nous recommandons vivement de dissoudre ce qu'on appelle les ligues de protection de la révolution», a enchaîné le membre de la Constituante et président d'Al Massar. Phase critique et besoin de décisions Pour sa part, Khemaïs Ksila, membre du bureau exécutif de Nida Tounès, a affirmé que des commissions communes cherchent des convergences politiques de son parti avec Al Massar et le parti Républicain ainsi que le Front populaire et plusieurs composantes de la société civile en vue de fonder «le plus large front pour défendre les acquis de la République et les caractéristiques modernes de la société tunisienne». Selon lui, c'est une méthode à entreprendre pour pouvoir répondre aux attentes de la jeunesse tunisienne et aux objectifs de la révolution. Faisant le lien entre la marche et ce qui s'est passé à Tataouine, Samir Taïeb, porte-parole d'Al Massar, a quant à lui affirmé que cette manifestation vient exprimer «le refus de l'exclusion des Tunisiens et de la violence planifiée des objectifs électoraux. «Il n'y a aucun parti qui puisse, seul, résoudre tous les problèmes de la Tunisie. Le pays a besoin plus que jamais de consensus», a-t-il conclu, tout en précisant qu'un grand front politique et civil est en train d'être créé. De son côté, Ahmed Néjib Chebbi, président du haut comité politique du Parti républicain, a indiqué que le peuple est bien conscient de la délicatesse de la situation politique du pays, insistant sur la nécessité de s'unir en cette phase critique. Il a, par ailleurs, réclamé «la dissolution des milices, la démission du ministre de l'Intérieur et la garantie de la neutralité du système sécuritaire à cause de sa nonchalance à l'égard de la sécurité des citoyens». Revenant sur l'importance de la date du 23 octobre et de ce qui en découle comme revendications politiques, l'écrivain et journaliste Khemaïs Khayati a estimé que la marche pacifique était la meilleure façon de s'exprimer loin de la violence. «L'essentiel, outre la convergence des différentes orientations politiques, est de montrer que le peuple tunisien reste civilisé en dépit de la délicatesse de la situation politique et sociale actuelle», a-t-il ajouté.