En présence de sa famille et de ses amis, le quarantième jour du décès du violoniste tunisien Naceur Zghonda (1928-2012) a été l'occasion, pour la Rachidia, de lui rendre un hommage bien mérité. Un livret a été réalisé et offert aux présents, vendredi dernier, dans le local de l'association. Il contenait une biographie de l'artiste, une liste de ses travaux enregistrés à la radio nationale et des photos rares illustrant son parcours. Naceur Zghonda s'est initié au violon dès son jeune âge grâce à son oncle le grand musicien Hédi Channoufi. Il était connu pour ses capacités de jeu autant dans les rythmes orientaux que selon la technique traditionnelle tunisienne dont il a permis la sauvegarde. Naceur Zghonda a collaboré avec les plus grands artistes tunisiens, comme Hédi Jouini, Kadour Srarfi et Ali Riahi et avec des troupes de renommée nationale et arabe. Ses deux grandes familles artistiques restent la troupe de la radio et télévision tunisienne ainsi que la Rachidia. Quant à son œuvre, elle se répartie entre des compositions enregistrées et archivées, des «estekhbarat» (improvisations), deux morceaux non interprétés jusqu'à aujourd'hui, ainsi que des chansons dont les droits d'auteur lui reviennent. Ce riche patrimoine, qui est celui de Naceur Zghonda, n'est pas le seul atout qui a ramené sa famille et ses amis à venir lui dire adieu à leur manière. Leurs témoignages ont évoqué ses qualités humaines qui ont fait de lui un artiste complet : sa discipline, sa ponctualité, sa simplicité et sa gentillesse. Ses disciples, comme Béchir Salmi, ont parlé de sa générosité d'enseignant et d'encadreur pour les nouvelles recrues de la Rachidia comme de la troupe de la radio et de la télévision nationale. Ces témoignages ont été accompagnés de quelques airs de violon que Salmi, Anis Klibi, Zouhair Heni et Abdelbasset Metsahhel ont tour à tour interprétés. La cérémonie d'hommage a débuté par une tilawa de quelques versets du Coran pour saluer l'âme du défunt, avant de passer le micro à la jeune génération de la Rachidia, le violoniste Ahmed Firas Manouba. Tout au long de la rencontre, animée par Hédi Mouhli, un diaporama de photographies illustrant le parcours de Naceur Zghonda défilait sur un écran, le même qui a permis le visionnage d'un film de 20 minutes, réalisé en 2008 par Mariem Lakhoua, pour ses études en anthropologie du jazz. Par ce film, l'étudiante de l'époque voulait rendre hommage au violoniste tunisien en faisant connaître ses capacités dans les «estekhbarat», équivalents de l'improvisation dans le jazz. «Un homme simple et riche, et sa musique lui ressemble» a-t-elle expliqué en présentant le film. Le président de l'association, Mourad Sakli, les musiciens Zied Gharsa et Fethi Zghonda —Naceur Zghonda est l'oncle de ce dernier— ont à leur tour témoigné de la grandeur d'âme et du grand artiste qu'il était, avant de passer à un hommage à sa famille, que sa fille Salwa a reçu avec beaucoup d'émotion, se disant ravie et reconnaissante de ce qu'elle a vu pendant la cérémonie. Naceur Zghonda nous a quittés mais sa musique et son esprit sont restés. Paix à son âme et prospérité à la musique tunisienne.