Les particuliers appelés petits consommateurs représentent, à eux seuls, 50% du total des factures impayées! Les particuliers ne veulent plus payer leur facture d'électricité. Depuis le mois de janvier 2011, les factures s'accumulent et la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) a de plus en plus de mal à faire face à une dette qui n'a fait que se creuser au cours des trois dernières années. Le montant s'est élevé à la fin du mois d'août 2012 à 436 millions de dinars, soit une augmentation de 26% par rapport à l'année dernière. Des particuliers aux industriels, en passant par le secteur public, les mauvais payeurs sont de plus en plus nombreux. La Steg a dressé un tableau alarmant des impayés par secteurs: les particuliers appelés petits consommateurs représentent, à eux seuls, 50% du total des factures, soit près de 200 millions de dinars qui sont restés impayés, alors que le secteur public compte, quant à lui, près de 38% de factures non payées. La dette des établissements hospitaliers et des administrations relevant du ministère de la Santé publique s'élève, quant à elle, à huit millions de dinars. Pourquoi ne paye-t-on plus les factures de la Steg ? Des particuliers renvoient la balle à la société l'accusant d'envoyer les factures d'électricité et de gaz aux résidentiels après des mois de retard. Le retard sur la facturation se chiffre à plusieurs centaines de dinars pour ces derniers, obligés, alors, de payer l'ancienne et la nouvelle facture. «Je suis resté des mois sans recevoir de facture d'électricité de la Steg, raconte un particulier exerçant dans une entreprise publique. Je ne suis pas le seul. Des personnes habitant dans une résidence dans laquelle des compteurs ont été nouvellement installés ont reçu également leur facture avec des mois de retard. En ce qui me concerne, la facture, qui m'est parvenue, fait état d'un montant de 900 dinars. J'ai dû payer l'ancienne et la nouvelle facture ». Mais, si des retards surviennent dans l'envoi des factures, ils restent occasionnels et ne concernent que de rares cas, observe, à ce propos, la Société nationale de l'électricité et du gaz. Dans la majorité des cas, il faut se rendre à l'évidence: grands ou petits, les consommateurs rechignent à payer leur facture, menaçant, ainsi, l'équilibre financier de l'entreprise publique, acculée à trouver un arrangement avec ses clients. « Le non-payement des factures finit à long terme par se répercuter sur l'équilibre financier de la société, explique Mme Inoubli, responsable de la communication au sein de la société. Or la Steg a des projets futurs et prévoit de réaliser, à l'horizon 2017, trois centrales d'électricité et deux turbines à gaz, afin de faire face à l'accroissement de la consommation d'électricité et de gaz dans les années à venir. Nous avons une image de marque à préserver auprès des banques et des bailleurs de fonds pour pouvoir mener à bien ces projets ». Pour ceux qui n'ont pas payé leur facture, la société a préféré opter, pour des mesures souples, gardant, comme ultime solution, le recours à la coupure d'électricité. C'est généralement un préavis qui est envoyé au client mauvais payeur. Si le montant s'avère trop élevé, un arrangement est, alors, conclu entre les deux parties, afin que le montant soit fractionné en tranches, payables sur plusieurs mois. Quant aux grands consommateurs, à l'instar du ministère de la Santé et des établissements hospitaliers, la Steg n'a eu comme autre choix que de procéder au rééchelonnement de la dette relative aux factures impayées. «La société accuse un déficit. Or il est important pour nous de préserver son équilibre financier. C'est pour cette raison que nous devons aider nos clients à s'acquitter de leur dette», conclut la directrice de communication de la société.