Mootez est président du CPR comme il dit (comité de protection de la révolution) mais aussi président de l'Association Sahab Ettabaâ de la culture islamique. «J'ai 1.400 étudiants, des professeurs, un club de théâtre et de cinéma». Pas facile de suivre la trace de Mootez Akacha pour le vérifier. Le quartier de Bab Souika ploie en cette veille d'Aïd Al Idha sous la tension d'une foule excédée par tant de cherté. Les commerçants voisins de l'ancien comité de coordination du RCD — qui affiche maintenant l'enseigne du comité de protection de la révolution — nous renseignent que ses occupants ne viennent plus régulièrement. «Il n'y a plus qu'une salle d'entraînement de kung fu avec un petit entraîneur japonais... Ce qu'ils font ne nous regardent pas trop», répond-on avec une méfiance affichée. Plus loin dans la place de Bab Souika, questionnée sur la rencontre de dimanche, l'employée de la maison de la culture affirme que l'autorisation de la manifestation a été déposée au nom du parti Ennahdha et non du comité de protection de la révolution. En avançant vers Halfaouine et la mosquée Saheb Ettabâa, une toute petite mosquée affiche encore sur sa porte à moitié fermée l'invitation à la manifestation de dimanche dernier. Elle porte le logo et la signature de la Ligue nationale «Ame de la révolution». L'appel qui vient d'être supprimé des pages FB perdure ici. Il y est écrit : «Invitation à tous les honnêtes gens et les hommes libres de Tunisie à participer à une manifestation populaire sur la place de Bab Souika contre tous les tyrans de Tunisie que la révolution n'a pas encore déracinés, et ce, dimanche 21/10 à 14h30. Ne vit point en Tunisie qui la trahit.» Sur la place Halfaouine, la mosquée Saheb Ettabaâ et le local de l'Association pour la culture islamique arborent encore la même invitation sur leurs portes respectives. Au fond du hall de l'association que préside Mootez, la porte d'entrée est fermée mais une banderole affiche en grosses lettres le nom en anglais de l'ancienne medersa (Saheb Ettabaâ Association for Islamic Culture), et en lettres énormes un RIB logé à la banque Zitouna. Une voisine témoigne que cette activité visiblement prospère est une acquisition d'après le 14 janvier. «Aujourd'hui c'est jour de congé. Le reste des jours, il y a des enfants qui y apprennent le coran et des prêcheurs qui viennent de loin leur enseigner... Je n'ai pas idée de ce qu'on y apprend, ma fille n'y est jamais allée. Je n'en ai pas les moyens.» Dehors, la foule de veille de fête religieuse reprend ses droits, ses tensions et ses frustrations. Une contingence toute humaine où les dogmes de Mootez n'ont peut-être pas de place...