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Hargneux dans nos murs, le vent en poupe à l'étranger
Enquête - Le jihadisme en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 11 - 2012

Hausse alarmante du nombre de jihadistes tunisiens combattant en Syrie, en Libye et au Mali
Cris de détresse des familles des victimes
Un phénomène incontrôlable, reconnaît le ministère de l'Intérieur
Désormais, on peut parler de «jihadisme tunisien», sans que personne n'ose dire le contraire. C'est que le constat est blanc comme neige et ne souffre aucune réserve. Hier, le phénomène (il en était un déjà) croulait sous le poids asphyxiant de «la loi de l'omerta» imposée par un régime policier cynique qui s'amusait à emprisonner tous les activistes islamistes, tout en s'entêtant à refuser de reconnaître l'implication pourtant avérée de leurs acolytes dans les guerres dites saintes en Irak et en Afghanistan. En témoignent l'arrestation, à l'époque, de pas moins de sept jihadistes tunisiens et leur transfert dans la tristement célèbre prison de Guantanamo, sans compter le rapatriement de plusieurs corps de leurs concitoyens abattus sur le champ de bataille en Irak. Autrement dit, le jihadisme tunisien n'est pas né après la révolution. Mais voilà qu'il passe allégrement, depuis justement le salut du 14 janvier 2011, de l'état embryonnaire à la croissance normale, aidé en cela par la libération des prisons tunisiennes de quelque 1.208 salafistes, dont la plupart étaient condamnés, sous Ben Ali, à perpétuité. Inévitablement, c'est de ces derniers que le danger vient aujourd'hui. Un danger d'autant plus sérieux que notre pays a été victime, depuis, d'une vague de violence d'une gravité sans précédent (agressions d'agents de l'ordre, postes de police et de la Garde nationale saccagés, véhicules des forces de sécurité intérieure incendiés, attaques de l'ambassade et de l'école américaines, batailles rangées avec les trafiquants des boissons alcoolisées...). En parallèle, les jihadistes ont fait main basse sur plusieurs mosquées, créé leurs propres milices «pour le maintien de l'ordre», tout en continuant, via Facebook, à tirer à boulets rouges sur le gouvernement, sur l'opposition, sur les laïcs, et bien évidemment sur l'Occident, l'Oncle Sam en tête. Le tout dans le droit fil d'une stratégie aux visées expansionnistes, l'objectif étant de renforcer leurs rangs, afin d'asseoir leur présence dans les quatre coins du pays.
L'extraordinaire tactique du lavage de cerveau
Pour gagner des adeptes, les jihadistes ont fait des quartiers populaires leur cheval de bataille. C'est dans ces zones déshéritées où cohabitent illettrés, jeunes délinquants et repris de justice facilement maniables qu'ils recrutent, au moyen d'une offensive de charme diabolique. En effet, une fois la victime ciblée et amadouée, c'est à une extraordinaire opération de lavage de cerveau qu'elle sera soumise. Les piqûres qu'on lui fait avaler ? Eh bien, cela va des vertus de l'Islam aux bienfaits de «la Chahada» (mort au service de la religion), en passant par l'enracinement du sentiment de désespoir d'un pays allant dans la gueule du loup, parce que «anti-charia» ! La leçon est, de surcroît, administrée avec patience, truffée de versets du Coran et avec, par-dessus le marché, le verbe facile. La suite, on la connaît : dès que le poisson mord à l'hameçon, adieu Bacchus, finis la criminalité et les séjours en prison, et... cap sur la mosquée, pour les beaux yeux du jihadisme !
L'exode au nom de la guerre sainte
Cependant, nos jihadistes ne se contentent pas de frapper «at home». Ils s'exportent aussi. En effet, après avoir fait leurs premières preuves, au début des années 90, en Irak, puis en Afghanistan, on parle d'eux aujourd'hui en Libye, au Mali et en Syrie. Çà et là, ils font bon ménage avec les groupes obscurantistes envoyés par Al-Qaïda, au nom de la guerre sainte. D'ailleurs, fréquentes sont désormais les nouvelles nous parvenant de ces trois pays, et faisant état d'arrestations ou de morts dans les rangs des jihadistes tunisiens (voir statistiques ci-jointes). Mais c'est en Syrie que leur présence est, en ce moment, la plus imposante. D'où les nombreuses pertes qu'ils ne cessent de subir, comme en attestent les révélations des médias syriens et le rapatriement continu de leurs cercueils en Tunisie. Or des experts en renseignement soulignent que «près de 80% des jihadistes tunisiens évoluant à l'étranger ne sont pas faits pour ce genre de guerres, parce que soit peu entraînés, soit non entraînés du tout. Seuls ceux qui ont fait le dur apprentissage dans les célèbres camps d'entraînement d'Al Qaïda et des talibans en Afghanistan ou au Pakistan peuvent s'en sortir». Ce sont surtout les jihadistes en herbe qui en pâtissent le plus, car, à défaut d'expérience et d'entraînement au maniement des armes, ils n'ont que leur courage et ce tortueux lavage de cerveau à espérer faire valoir sur le champ de bataille. Une aventure aux conséquences généralement désastreuses, mais, hélas, vers laquelle on marche les yeux fermés, la promesse «Chahada» aidant...
Le calvaire des familles des jihadistes
Dans cet ordre d'idées, on ne le dira jamais assez, ce sont les familles des jihadistes qui payent lourdement le tribut de l'aventure de leur progéniture, dans ce qui s'apparente à un terrible calvaire. En effet, si ce n'est pas un cercueil à aller récupérer à l'aéroport, c'est à l'angoisse quotidienne de l'absence des nouvelles des leurs qu'elles ont affaire. Ces familles désespérées assument-elles, d'une façon ou d'une autre, la responsabilité de l'exode irréfléchi et suicidaire de leurs enfants ? «On n'y peut rien», répond Férida Ben Salah, 65 ans, le visage pâle, qui précise que «Salem (Ndlr, son enfant) nous a informés de son intention d'aller chercher du boulot en Libye avant que l'un de ses amis qui habite notre quartier de Djebel Lahmar ne nous révèle qu'il est plutôt parti en Syrie pour le jihad». Après avoir écrasé une larme, Mme Ben Salah ajoute que «Salem était un garçon gentil, qui faisait régulièrement ses prières depuis sa sortie de prison, il y a deux ans, ses fréquentations n'étaient pas louches. Et c'est pourquoi nous avions, son père et moi, avalisé son prétendu voyage en Libye». Et de conclure, encore inquiète : «C'est l'occasion de lancer un appel pressant au gouvernement en vue de faire le nécessaire avec les autorités syriennes et notre ambassade, parce que je veux récupérer mon enfant, qu'il soit mort ou vivant». Lui répondant, M. Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l'Intérieur, nous a confié que «cette question ne relève pas de la compétence du gouvernement, tout simplement parce qu'il s'agit d'actes isolés indépendants de notre volonté, étant donné qu'il n'y a aucune loi au monde empêchant un citoyen de partir légalement à l'étranger. Ensuite, dans un contexte de guerre civile, il est pratiquement impossible de recenser le nombre des jihadistes ou de les contacter sur le terrain».


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