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2 Carlos : du camarade Marx au Cheikh Oussama
Notre feuilleton: Le jihad des convertis
Publié dans Le Temps le 15 - 01 - 2007

Ils sont américains, australiens, jamaïcains, français, allemands, belges... Nés de parents chrétiens, juifs ou athées... Fraîchement convertis à l'islam le plus rigoriste par des imams extrémistes, ils ont gagné les camps d'entraînement de Bosnie et d'Afghanistan, où ils ont acquis une solide formation militaire, avant de devenir des «petits soldats du jihad» contre l'Occident mécréant.
Certains sont morts dans les montagnes de Tora Bora ou en Irak. D'autres ont été arrêtés dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, jugés et écroués. Leurs parcours, qui se ressemblent en plusieurs points, peuvent être résumés en deux formules: quête désespérée de soi et folie destructrice. Dans ce second article de la série, nous présentons l'une des figures emblématique du terrorisme international, ancien marxiste qui s'est converti à l'islam en combattant aux côtés des Palestiniens.

Illich Ramirez Sanchez, mieux connu sous le nom de Carlos (ou Chacal), était la figure emblématique du terrorisme international avant l'apparition d'Oussama Ben Laden. Condamné en France pour différents attentats terroristes qu'il a menés en Europe, il purge actuellement, en France, une peine à perpétuité à la centrale de haute sécurité de Saint-Maur - Bel Air.
Né le 12 octobre 1949, à Caracas, capitale du Venezuela, ce fils d'un riche avocat communiste est entré dans la clandestinité à quatorze ans. Il a suivi ensuite un entraînement en subversion à Cuba. Remarqué par le KGB, le service de renseignement de l'ex-Union soviétique, il a débarqué au pays des Soviets, en 1968. Inscrit à l'Université Patrice Lumumba de Moscou, il a dû interrompre ses études au bout de deux ans. Son goût prononcé pour l'alcool et les femmes n'est pas étranger à son expulsion de cet établissement: véritable «usine à espions» durant la Guerre froide.
C'est au cours de son séjour à Moscou que le Vénézuélien découvre la question palestinienne et intègre le Front populaire de libération de la Palestine-Opérations externes. En 1975, il se convertit à l'islam et prend un nom de guerre qui fera bientôt les manchettes des journaux: Carlos. En décembre de la même année, il planifie et exécute sa première grande opération: la prise d'otage de 11 ministres de l'OPEP réunis dans un hôtel de Vienne, en Autriche.
Pourchassé partout dans le monde, Carlos s'installe à Beyrouth, en 1979, alors en pleine guerre civile. A la suite de l'invasion israélienne, en 1982, il est contraint de quitter le pays du Cèdre avec le reste des combattants palestiniens. Sa présence sera ensuite signalée au Yémen du Sud, en Libye et en Syrie. En 1991, on le trouve au Soudan. Un an plus tard, il est condamné par un tribunal français à la détention à perpétuité par contumace pour le meurtre de deux policiers de la DST, le 27 juin 1975. Les services français ne tardent pas à retrouver sa trace à Khartoum. Des négociations secrètes avec le gouvernement du président Omar Al-Bachir aboutissent, 14 août 1994, à sa capture et son extradition vers la France.
Dans sa prison française, le terroriste fait la connaissance de l'avocate Isabelle Coutant-Peyre, qui deviendra bientôt sa femme. Il rédige aussi son autobiographie, ''L'islam révolutionnaire'' (éditions du Rocher, Paris, 2003, 274 pages) co-signé avec le journaliste Jean-Michel Vernochet, où il affirme d'emblée ne rien renier de son passé.
Sa conversion à l'islam, à vingt-six ans, Carlos l'a décrit comme un acte de simple camaraderie, d'identification à ses compagnons de combat, avant sa maturation spirituelle sous l'autorité du mollah iranien, Abou Akram, proche de l'Organisation des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI). Cette conversion s'est cependant transformée par la suite en adhésion plus réfléchie, ce qui lui fait placer ses espoirs dans «l'islam révolutionnaire».
«Aujourd'hui, l'exemple des moudjahidine est lumineux», écrit Carlos. Cette armée islamiste se verrait encore renforcée par l'action remarquable de chefs charismatiques, dont les capacités de renoncement et de lutte vont dans le sens du rassemblement : «Cheikh Oussama [Ben Laden], en raison de son immense charisme, est certainement un cas unique dans l'histoire récente [...] c'est un jihadiste, un combattant oummamiste [traduire: partisan de la réunification de la oumma ou nation musulmane], c'est donc un rassembleur, il œuvre à faire se joindre les énergies des membres et des groupes épars, dispersés et désunis de l'oumma. Autrement dit, c'est un internationaliste panislamiste», écrit-il.
Cependant, cet éloge du «magnifique combat» de «Cheikh Oussama», qu'il a d'ailleurs croisé au cours de leur séjour commun au Soudan, au milieu des années 1990, n'empêche pas l'ex-marxiste-léniniste d'afficher sa différence vis-à-vis du chef d'Al-Qaïda. Car l'islam qu'il préconise est différent de celui défendu par le jihadiste saoudien, chef du réseau terroriste d'Al-Qaïda. C'est un islam de l'ijtihad (interprétation rationnelle du texte sacré), de la tolérance et du dialogue. Chez lui, la foi mystique n'a de sens et d'intérêt que lorsqu'elle est éclairée par les lumières de la raison. Ce sont là, du moins, les conceptions qu'il développe dans son livre.
En bon révolutionnaire, Carlos reste cependant anticapitaliste et, surtout, un antiaméricain organique. Les Etats-Unis sont pour lui l'«empire du mal». «Nous nous trouvons face au Diable. L'empire des ténèbres étend son ombre sur l'univers. [...] Le mal s'étend sur la terre des vivants et repousse les forces du bien», écrit-il dans son autobiographie. Et d'ajouter: «Le 11 septembre [2001], l'Amérique a déclaré la guerre, mais pas la guerre au terrorisme, ni aux seuls Arabes, encore moins à l'islam qu'elle a su utiliser et manipuler selon ses besoins, mais elle a déclaré la guerre à tous les peuples parce qu'elle veut les soumettre...»
Incarcéré depuis 12 ans, le terroriste non repenti ne peut plus passer à l'acte. Et c'est tant mieux... Surtout pour les musulmans qui se seraient passés volontiers du ralliement d'un terroriste international, qui n'est pas loin de considérer la violence révolutionnaire comme un métier, une vocation voire un sacerdoce.
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