Un point de presse du parti «Al Majd» consacré hier aux mesures à prendre en réaction à cette nouvelle donne «La diplomatie tunisienne est appelée à saisir une nouvelle fois les Nations unies dans l'affaire de l'assassinat du leader palestinien Abou Jihad puisque l'Etat d'Israël, qui a planifié et commis ce crime sur le territoire tunisien le 16 avril 1988, vient de reconnaître officiellement son forfait». C'est ce qu'a déclaré M. Abdelwahab Al Hani, président du parti «Al Majd», lors d'un point de presse organisé hier à Tunis au cours duquel l'orateur a exposé les mesures internationales et diplomatiques à prendre en réaction à ce nouvel élément dans le dossier de cette odieuse agression contre le responsable palestinien et l'Etat tunisien. Rappelant que le paragraphe 4 de la résolution n°611 du Conseil de sécurité de l'ONU daté du 25 avril 1988 stipule que le secrétaire général de l'organisation est tenu de présenter un rapport audit Conseil concernant «tout nouvel élément relatif à cette agression», l'orateur a fait remarquer que l'aveu de l'Etat israélien en question constitue un élément décisif dans l'affaire. «Il permettra au Conseil de condamner les criminels après avoir condamné le crime lui-même», a expliqué M. Al Hani. Après avoir reproché au gouvernement son silence suite à cette nouvelle donne, l'orateur a annoncé que son parti se prépare à saisir les trois présidents à la tête de l'Etat afin qu'ils ordonnent chacun selon ses prérogatives le déclenchement du processus... Il a promis par ailleurs de participer à mobiliser l'opinion publique ainsi que les structures de la société civile tunisiennes mais aussi internationales concernées afin qu'elles puissent faire pression sur leurs gouvernements respectifs dans la perspective de la réouverture du dossier. Et d'ajouter : «Nous devons tous profiter de l'évolution des événements afin de demander à la société internationale de prendre les mesures qui s'imposent à l'encontre de l'Etat d'Israël qui continue de pratiquer le terrorisme à large échelle en toute impunité et de rendre justice à la victime et à la Tunisie». Le fait que la résolution 611 déjà citée a été adoptée avec 14 voix et une seule abstention, celle des Etats-Unis, constitue un atout majeur, a encore expliqué l'orateur, «puisque les Etats ayant approuvé ledit texte ne pourraient plus se dérober lors d'un éventuel prochain vote». Insistant sur le fait que seule la Tunisie possède la capacité d'agir au sein de l'ONU dans cette affaire et du fait même qu'elle en est directement concernée, le responsable a formulé le souhait que le Conseil de sécurité se réfère au chapitre VII de la Charte des Nations unies. Cela afin de donner à ses résolutions, a-t-il précisé, une valeur contraignante, tout en condamnant et incriminant les parties qui ont facilité la tâche aux criminels ou les ayant protégés, qu'elles soient israéliennes, étrangères ou tunisiennes. M. Al Hani avait auparavant rappelé que Me Abderraouf Ayadi et Me Abdelmajid Abdelli avaient annoncé au nom du parti «Al Wafa» d'entamer les procédures judiciaires dans ce sens. L'acharnement des criminels «Abou Jihad a été abattu avec un acharnement visible de la part de ses assassins», a, pour sa part, souligné, hier, notre confrère Foued Allani, par ailleurs président fondateur du Centre Thaalbi-Abou Jihad de la fraternité tuniso-palestienne. Invité à la rencontre par le parti «Al Majd», l'orateur a déclaré qu'il a été témoin oculaire de l'état de la dépouille du martyr ramenée au laboratoire de médecine légale de Tunis, quelques heures après le crime. Ayant accompagné l'équipe de médecins légistes qui a effectué l'examen nécrologique, sous la direction du doyen Abdelaziz Ghachem, chef dudit laboratoire (décédé en 2006), notre confrère a précisé que le martyr avait un visage serein et un corps criblé de balles. Après le départ du leader Yasser Arafat, président de l'OLP à l'époque (décédé en 2004), venu constater l'état de la dépouille, l'équipe a procédé à l'examen. Celui-ci a révélé deux séries longitudinales de balles ayant traversé le tronc, des balles ayant fracassé le menton, d'autres la main droite, sans doute afin de désarmer la victime, et d'autres au niveau de ses organes intimes. Une balle est restée figée dans le cerveau après avoir traversé la boîte crânienne. Notre confrère a d'un autre côté critiqué certains médias qui ont repris les dépêches d'agences annonçant la reconnaissance officielle d'Israël de son crime sans se rendre compte des aspects propagandistes et de désinformation du texte truffé de messages élogieux pour les criminels et de contre-vérités concernant la victime.