Rumeurs sur l'infiltration, dans notre pays, de cellules jihadistes étrangères chargées du recrutement de combattants tunisiens pour aller servir en Syrie Les jeunes salafistes, les plus sollicités Démenti du ministère de l'Intérieur L'enquête que nous avions publiée, jeudi, en exclusivité, sur le jihadisme en Tunisie semble avoir fait mouche pour avoir donné des révélations à la fois sensationnelles et inquiétantes sur un dossier désormais brûlant, d'actualité et au centre des préoccupations des parties concernées. Comment se feront les prochains jours ? Quel sort attend ce dossier réellement troublant ? Aurons-nous, à court terme, de bonnes nouvelles susceptibles d'élucider l'énigme et de rassurer les Tunisiens ? Eclairage. Les premières réactions Jusqu'ici englué dans le flou, voire dans le silence, le dossier du jihadisme s'aère de plus en plus nettement, avec à la clé une première réaction notable, celle émanant des familles des victimes. Celles-ci n'ont pas tardé, en effet, à passer, ces jours-ci, à la contre-attaque, en provoquant un tollé, à coups de critiques lancées à l'Etat «pour son laxisme et son incapacité à couper l'herbe sous les pieds des cellules terroristes étrangères sévissant clandestinement dans nos murs». M. Mohamed Abrougui, 52 ans, domicilié à l'Ariana, est toujours sans nouvelle de son fils parti, il y a deux mois, en Syrie, via la Turquie. «Il n'a plus, soupire-t-il, donné signe de vie. Et il risque même de rentrer dans un cercueil. Et la faute n'incombe pas seulement à ma progéniture mais aussi et surtout à ces criminels qui ont profité de sa naïveté pour le recruter et l'envoyer ensuite dans la gueule du loup». Haussant encore le ton, notre interlocuteur s'insurge contre «le silence des autorités tunisiennes qui n'arrivent pas à démasquer les cellules terroristes ‘‘pro-Al Qaïda'' qui s'activent en Tunisie», affirmant, au passage, que «ces cellules existent bel et bien dans nos murs, selon la confirmation même de mon fils, avant son expédition syrienne». Visiblement déterminé à aller jusqu'au bout de son défi, Si Mohamed, diabétique de surcroît, nous a encore confié que «je suis, en ce moment, en train de travailler étroitement avec des familles des jeunes jihadistes tunisiens qui ont pris les armes en Syrie, afin d'arrêter notre plan de riposte qui vise non seulement à connaître le sort de nos enfants combattant dans ce pays, mais aussi à pousser vers le démantèlement des cellules d'Al Qaïda qui circulent impunément dans notre territoire. Et cela quitte à lancer un sit-in, quitte également à intenter un procès contre le gouvernement». Rumeurs sans fondement ? Les révélations de notre interlocuteur bénéficient, semble-t-il, de beaucoup de crédibilité dans les milieux salafistes du pays, particulièrement dans le cercle restreint de leurs acolytes jihadistes, qui prônent farouchement et l'instauration de la charia et la guerre sainte. Or, le gouvernement n'en a cure. Trois exemples le prouvent, à savoir : 1- Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, M. Khaled Tarrouche, nous a assurés qu'«il s'agit là de rumeurs sans fondement, dans la mesure où on n'a découvert aucune de ces présumées cellules dont on parle. Par ailleurs, nos forces de sécurité intérieure, avec le soutien étroit de l'armée et de la douane, sont sur le qui-vive, de jour comme de nuit». 2- Dans une déclaration donnée récemment, le ministre de la Défense a notamment indiqué que «tout est mis en œuvre afin d'assurer l'invulnérabilité de nos frontières face aux incursions des groupuscules venant des pays voisins». 3- Les services de renseignements américains persistent à réaffirmer que «les menaces des jihadistes d'Al Qaïda se précisent plutôt aux frontières de la Tunisie qu'à l'intérieur du pays».