Ali Mestaoui, 26 ans, doit toucher du bois, en sortant indemne de son odyssée qui l'avait conduit jusqu'aux portes de la capitale syrienne. La carrure impressionnante, l'air grave, ce barbu originaire des quartiers populaires de la cité Ettadhamen ne cache pas sa fierté d'appartenir aux salafistes jihadistes. «Un ‘‘coup de foudre'' qui a éclaté, se souvient-il, au lendemain de la révolution, au hasard d'une rencontre avec un imam salafiste qui m'a beaucoup marqué, au point que j'ai vite épousé son idéologie jihadiste, et je ne le regretterai jamais». Cellules terroristes Faisant ses adieux aux...tournées habituelles des bars, enterrant sa passion pour le vol à l'arraché dont il était, avoue-t-il, non sans regret, un pro, Ali s'enhardissait bientôt à adopter fidèlement son nouveau profil de jeune jihadiste aux dents longues. Sa détermination était telle qu'il était prêt à tous les sacrifices. Et puis, un jour, se profile pour lui le «rêve de la guerre sainte». «Tout a commencé, se remémore-t-il, lorsque l'un de mes camarades me proposa de l'accompagner en Libye pour aller soutenir nos frères jihadistes. Sitôt dit, sitôt fait. Nous voilà à Tripoli où mon ami s'empressa de me présenter à un citoyen syrien résidant en Libye et qui s'est avéré être à la tête d'une cellule d'Al Qaïda chargée du recrutement de combattants à envoyer en Syrie». Et Ali d'accepter l'offre sans coup férir, «surtout que, précise-t-il, notre parrain nous a remis 8.000 dollars, ainsi que toutes les coordonnées concernant le passeur que nous devions voir en Turquie. Arrivés à Istanbul, ce dernier nous accueillait à bras ouverts, avant de nous conduire, à bord de sa voiture, jusqu'à la frontière turco-syrienne où nous attendait un autre passeur. Et c'est au clair de la lune que nous avons pu nous infiltrer dans le territoire syrien». Mais, ce n'est là que la première mi-temps pour Ali dont l'odyssée se poursuivra plus intensément. «Arrivés, poursuit-il, dans la ville de Hama, nous avons tôt fait de décliner notre identité auprès d'un groupe de jihadistes de différentes nationalités, qui nous ont servi des armes, tout en nous présentant les consignes à suivre». Dure, dure sera l'aventure pour Ali et son compagnon. «Après trois jours sans dégâts, se souvient-il, nous avons dû quitter précipitamment la ville de Hama, suite à la vague de raids aériens qu'elle subissait. Cap maintenant sur la ville d'Idlab». Et c'est là où les choses tourneront mal pour notre interlocuteur dont le groupe d'insurgés dont il faisait partie a essuyé de nombreuses pertes en vies humaines. Ali s'en sortira heureusement avec une grave blessure au genou droit. «Oui, reconnaît-il, je l'ai échappé belle ce jour-là. Mais, quelques jours après, mon état de santé allait empirer et je ne pouvais plus, dès lors, faire de la résistance. D'où la décision que j'ai prise, dans la douleur et à mon corps défendant, de rentrer au bercail. Ah, combien j'aurais aimé rester en Syrie pour continuer à prêter main-forte à mes frères combattants dans leur guerre sainte et sacrée qu'ils gagneront, tôt ou tard, Inchallah».