La drogue envahit le milieu scolaire...On se drogue de plus en plus jeune... Effectivement, la proportion à la consommation est de plus en plus alarmante... Aujourd'hui, la drogue circule devant les écoles primaires (colles synthétiques et solvants organiques). Les parents nous amènent leurs enfants en bas âge pour suspicion de toxicomanie. Ils se droguent avec de la colle synthétique... Au collège, le phénomène est également fréquent ...Au lycée, c'est courant, voire banal. Ce qui change, c'est la nature de la drogue: au collège, le cannabis (Zatla) a déjà fait son entrée alors qu'au lycée l'héroïne et la cocaïne ne sont pas absentes. Le tabagisme est la substance commune aux collégiens et lycéens. Quels sont les signes qui peuvent alerter les parents? En général, ce sont les mères qui repèrent les premiers signes d'un changement de comportement chez l'enfant. Ce dernier change en effet d'humeur, devient irritable, agressif. Il affiche une humeur en dents de scie : tantôt euphorique, tantôt morose et replié sur lui-même. Il se met aussi à se plaindre, évoquant des maux de tête, des malaises...Et puis, un autre signe révélateur : l'enfant demande plus d'argent que d'habitude et met la pression sur la famille ...Les parents doivent faire très attention et observer de plus près le timing de leurs enfants... Pourquoi certains jeunes sont plus vulnérables que d'autres ? Certains jeunes vivent une anxiété existentielle qui fait qu'ils ne supportent pas l'état de conscience normal, ce qui les pousse à partir à la recherche d'apaisement dans des états de conscience seconds. La consommation de drogue est une sorte d'automédication elle-même délétère. Le jeune retrouve dans la drogue une sorte d'apaisement et d'estime de soi qui lui manque... Quels sont les effets de la drogue sur la santé? L'effet sur la santé est variable d'une substance à l' autre... La colle et les solvants organiques sont toxiques pour la moelle osseuse, le foie, les poumons, les reins et le système nerveux central (état d'indifférence et de nonchalance allant jusqu'à l'apathie ). Le cannabis peut déclencher des troubles anxieux sévères comme le trouble la panique ou des maladies mentales graves comme la schizophrénie, mais là, c'est une question de prédisposition. L'héroïne et ses substituts utilisés par voie intraveineuse sont à l'origine de maladies graves comme le sida et les hépatites B et C. Les effets psychiques sur la vie sont dévastateurs en provoquant des états d'agitation avec agressivité et toutes sortes de conduites antisociales confinant à une désocialisation rapide. Comment s'en sortir ? Comment décrocher ? La plupart des jeunes addicts peuvent s'en sortir grâce à une prise en charge ambulatoire moyennant une guidance familiale et une prise en charge individuelle, les toxicomanes aux drogues dures (héroïne et cocaïne ) relèvent de centres spécialisés. La législation en vigueur est sans pitié aussi bien envers le dealer que le consommateur ...Pour dissuader les jeunes, la prison est-elle la meilleure solution ? La législation en vigueur est inefficace pour la prévention, et surtout absurde : elle pénalise le consommateur, ce qui rend l'aide auprès du corps médical risquée car le médecin doit le dénoncer sous peine de crime de complicité passive ! En somme, la législation est en contradiction flagrante avec les exigences du code de déontologie médicale qui garantit et exige le secret professionnel. Elle s'apparente à la loi sur le terrorisme sauf que cette dernière est une dérogation légale et déontologique au secret médical. Elle est donc à revoir de fond en comble ... Propos recueillis par