Encore une fois, la douane ou les procédures douanières ont été remises en cause, de par l'amplification de la contrebande et la multiplication des réseaux des marchands clandestins. Ainsi, depuis la révolution, où l'on croyait en avoir fini avec la corruption et les pratiques abusives et malsaines, certains agents de contrôle douanier continuent à être mis à l'index. Et nombreux sont ceux qui avaient déjà porté plainte contre ce système pourri, et nourri d'un manège juridique très complexe. Les sociétés de transport, un secteur qui emploie, aujourd'hui, plus d'un million de personnes, sont également de la partie, souffrant de difficultés qui traînent encore en longueur. Sans que cette situation ne trouve le moindre écho auprès de la Direction générale de la douane ou du ministère des Finances. Cette question si préoccupante pour les professionnels du secteur a fait, hier matin, l'objet d'une conférence de presse tenue à l'initiative de l'Union tunisienne des jeunes travailleurs (Utjt), un syndicat nouvellement créé. Les protagonistes du transport de marchandises à travers les régions ont trouvé une aubaine pour faire entendre leur voix aux responsables qui continuent, selon eux, à tergiverser sans réponse aucune. Présentant le problème encore persistant, le secrétaire général de l'Utjt, Chedhly Hammas, a appelé le gouvernement à accorder ses violons pour réviser le code de la douane, en assouplissant la loi de 2008 portant organisation du travail des sociétés de transport. Un cadre juridique qui, d'après lui, ne sert en rien l'intérêt de ces transporteurs, mais plutôt vient paralyser leur trafic commercial au quotidien, les mettant, le plus souvent, à dure épreuve avec leurs clients. Aujourd'hui, ils se sont déclarés assoiffés d'une solution appropriée et radicale qui ne fait que booster la dynamique économique de ce secteur et améliorer les conditions de travail si hasardeuses et accablantes. Sofiène Hammami, secrétaire général du syndicat de base des sociétés de transport interurbain relevant de l'Utjt, a cerné le problème de la saisie des camions et des marchandises qu'ils transportent. Cela réside, à ses dires, dans le fait de confisquer par des douaniers en cours de route non seulement les marchandises qui leur semblent suspectes ou non conformes aux normes, mais aussi les camions les transportant. D'où, s'exclame-t-il, «il n'y a plus de raison pour que nos camions soient, eux aussi, saisis pour des semaines, sinon des mois...». Et d'ajouter qu'il est urgent de revoir cette situation lamentable dans laquelle sombre le secteur tout entier. Fawzi, transporteur de Sfax, partage, aussi, l'avis de son collègue. Et de souligner que «plusieurs familles vivent de ce créneau qui, selon les statistiques de 2005, offre plus de 170.000 emplois sur le marché. Actuellement, j'ai un camion qui a été confisqué depuis deux jours, alors que l'autre est déjà saisi par la douane, il y a de cela plus de trois mois, sans pour autant oublier les amendes qui nous ont été infligées injustement», révèle Mohamed, lui aussi, propriétaire d'une société de transport. Ayant écouté toutes ces doléances et revendications, M. Majdi Mhiri, représentant de la douane au ministère des Finances, a parlé pour ne rien dire. Il a tout juste rappelé que les procédures du code de la douane sont toujours en vigueur et que les professionnels du métier devraient s'en informer pour les appliquer judicieusement. Il a fini par admettre qu'il est nécessaire d'ouvrir des canaux de dialogue et de négociations pour venir à bout du problème.