«La coconstruction par l'Afrique et pour l'Afrique d'une économie responsable adaptée au contexte africain». Nette et concise, ainsi formulée, la thématique, à l'initiative de la Conect et de l'Institut Afrique RSE, réunis à partir d' aujourd'hui à Tunis avec une large palette d'hommes d'affaires, résume à elle seule l'acuité des défis auxquels est confronté le continent africain dans un monde globalisé. Cependant, là n'est pas le propos; si l'on fait ce petit détour, c'est tout simplement pour dire qu'une centrale patronale a aussi et, sans doute, surtout pour vocation de capter, de cananaliser et de focaliser l'attention des décideurs sur des sujets qui engagent l'avenir. Sur des questions dont l'intérêt peut paraître lointain mais qui, à bien y regarder, sont, pour le pays et pour l'économie nationale, de la première importance. D'autant plus qu'il ne manque guère de voix pour appeler à une refonte de tout notre mode de développement économique et social. Non pas, bien sûr, que ce dernier n'ait pas donné satisfaction, le pays affichait tout de même des taux de croissance d'environ 5% l'an, mais en raison de la mauvaise gestion et l'inéquitable redistribution des fruits de la croissance. Le déséquilibre régional, la pauvreté et le chômage des jeunes diplômés sont essentiellement imputables à une question de déficit institutionnel, à un mode de développement où la bonne gouvernance est absente tout comme, du reste, cette dimension citoyenne indispensable à la pérennité des entreprises. Une dimension citoyenne dont les initiatives de promotion sont à saluer. La Conect fait sur ce terrain des efforts méritoires: son positionnement, depuis sa naissance, en tant que «Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes» lui donne un avantage certain pour porter haut les couleurs de la citoyenneté et de la responsabilité sociétale des entreprises. Cela lui permet de creuser des questions demeurées jusque-là au stade de la rhétorique parce que trop longtemps accaparées par les seuls discours politiques. Il en est de l'économie verte, dont la promotion est propre à ouvrir de nouvelles perspectives pour les entreprises tunisiennes. Il en est de même de la coopération sud-sud et de l'intégration économique horizontale. Sans doute, le marché de l'Union européenne reste une destination de choix pour les entreprises tunisiennes, mais la sphère tunisienne des affaires et de l'investissement a aujourd'hui tout à gagner à non seulement aller sonder le marché africain, mais aussi à jeter des ponts de partenariat avec le monde des affaires africain. Ces différentes questions et thématiques sont aujourd'hui les seules qui intéressent réellement l'entreprise, parce qu'elles touchent en premier lieu à leur existant et aux perspectives qui s'offrent à elle. Débattre et traiter de ces questions, c'est foncièrement faire une œuvre citoyenne.