Le Grand Prix du Président de la République est la vitrine de nos courses de pur-sang arabes, dont la réputation a largement dépassé nos frontières. A cet effet, il convient de rappeler que les courses codifiées de pur-sang arabes se disputent dans notre pays depuis un siècle. Nous avons une des expériences les plus anciennes en la matière et certainement la plus riche. A partir de l'indépendance, une sélection des meilleures souches dites «orientales» a été établie. Des critères rigoureux ont été imposés pour éviter toute action suspecte, avec obligation des saillies et des mises bas aux haras nationaux. Il n'y avait pas en ces temps là de contrôle sanguin de paternité ou d'analyse d'A.D.N. Le pur-sang arabe s'adapte bien à notre terroir et à notre climat, comme en témoigne le développement extraordinaire de cet élevage qui a acquis ses lettres de noblesse avec l'adhésion de notre pays à la World Arabian Horses Association. La sélection basée en premier lieu sur les performances coursières a fait évoluer la race, avec une nette amélioration qualitative, comme en témoigne la tablette des temps enregistrés sur toutes les distances. Mais revers de la médaille, notre pur-sang s'est un peu éloigné de son modèle original et a perdu de la beauté et de l'harmonie traditionnelle de sa silhouette. Pour «rattraper» le modèle, des étalons égyptiens (réputés pour leur beauté) ont été introduits à deux reprises dans les années 1970 et 1980. Mais ils ont été quelque peu boudés par les éleveurs, toujours à la recherche des performances en courses, leur seul débouché à vrai dire. Plusieurs poulinières tunisiennes exportées (à des prix modestes) et associées à des étalons étrangers, en particulier français, ont donné naissance à de bons chevaux qui se sont distingués en Europe et aux Emirats, où ils ont été vendus à prix d'or ! Ces formidables succès ont incité nos éleveurs à demander l'ouverture du stud-book tunisien aux étalons étrangers, afin de produire des chevaux plus compétitifs pour participer aux grandes joutes internationales et développer le marché à l'exportation. La décision prise en 2.000 a suscité de vives controverses, les «puristes» s'opposant farouchement à l'abandon de nos lignées dites «orientales». En quelques années, cette ouverture du stud-book a bouleversé l'harmonie qui régnait au sein de notre effectif. Des mesures ont été prises pour tenter de sauvegarder les souches «orientales» en leur réservant environ 25% du programme. Mais l'engouement massif des éleveurs vers les nouvelles souches dites «occidentales», une véritable ruée vers l'or, a fait que les 2/3 de notre effectif coursier est désormais d'origine «mixte». Au départ, les éleveurs tunisiens n'ont eu accès qu'à des étalons de seconde catégorie et les résultats en courses ont été plutôt décevants, mais grâce à l'autorisation des saillies artificielles, ils ont pu ces dernières années accéder aux meilleurs courants de sang internationaux, les Dormane, Darike, Amer, Dahess…La qualité de nos chevaux s'est nettement améliorée depuis la génération des Tyn, Taki, Tiraz…Il reste à encourager la participation des meilleurs d'entre eux aux grandes courses internationales, au Maghreb, en Europe et dans les pays du Golfe, pour avoir des lignes de comparaison et promouvoir notre élevage. Les propriétaires ne peuvent assurer à titre individuel le coût extrêmement élevé du transport aérien. Des solutions avec l'entraide des divers intervenants dans le secteur peuvent être trouvées. Par ailleurs, les allocations des courses locales méritent d'être sensiblement augmentées, les éleveurs étant confrontés à des charges de plus en plus élevées et ont des difficultés à équilibrer leur budget. A titre indicatif, le prix de revient d'un poulain bien né est actuellement de l'ordre de 20.000 D et la pension d'un cheval à l'entraînement est de 400.000 D, sans compter les soins vétérinaires et les ferrures.