La dissolution des ligues de protection de la révolution exigée par l'Ugtt Le pays n'est plus en mesure de supporter les crises, prévient l'Utica Le mot d'ordre est lancé : la grève est maintenue. C'est la confirmation reçue à l'heure où nous mettions sous presse de la centrale syndicale qui organise réunion sur réunion et mobilise ses troupes, en vue de la mise en place de cette grève «nationale» voulue en tant que signal fort, voire une démonstration de force. Tous les secteurs sont concernés par la grève, déclare à La Presse Sami Tahri, mis à part les services vitaux tels que les urgences, la chirurgie, la dialyse. Des secteurs clés comme la cimenterie ne sont pas concernés. Les équipes de dépannage des réseaux de la Steg et de la Sonede seront actives. Opérationnelles, également, les boulangeries et les pharmacies. En revanche, le transport, les structures éducatives et universitaires, les banques, les stations-services et le reste des champs d'activités observeront la grève, prévoit le secrétaire général adjoint de l'Ugtt, avant de conclure. Protéger les sièges où qu'ils se trouvent ! Cela dit, jusqu'à quelle mesure la grève sera-t-elle suivie dans la capitale et à l'intérieur du pays ? D'expérience, nous savons que certaines villes et régions sont plus syndiquées que d'autres. Comme il est de notoriété publique que les plus fortes fédérations syndicales sont implantées dans trois secteurs publics majeurs : santé, transport, éducation. En témoigne, le communiqué du très actif syndicat général de l'enseignement secondaire envoyé hier à La Presse, détaillant les modalités de la grève. Aussi, les professeurs du secondaire sont-ils priés de se rendre dans leurs établissements le jour J, d'y organiser des réunions. Pour ceux résidant à Tunis et dans le Grand Tunis, les enseignants sont appelés à se rassembler à la place Mohamed-Ali. Des manifestations sont prévues sur l'ensemble du territoire. La consigne est également donnée pour protéger les sièges partout où ils se trouvent. Mais que veut l'Ugtt ? Au lendemain de l'agression de la place Mohamed-Ali, survenue mardi 4 décembre, l'union syndicale ouvrière a publié un communiqué pour condamner fermement les «agressions violentes et commanditées» survenues lors de la commémoration de la mort de Farhat Hachad, revendiquer la traduction en justice des agresseurs, la dissolution les ligues de protection de la révolution, «qui ne bougent que sur ordre du parti au pouvoir», et annonce enfin la grève générale du jeudi 13. Une annonce qui tombe comme un coup de massue. Les déclarations se sont alors enchaînées pour la condamner, la juger «disproportionnée» et «inconséquente». Le pays n'est pas en mesure de supporter pareille perte, selon certains hauts responsables du gouvernement, s'évaluant à 700 millions de dinars; coût estimé d'une journée de grève. En plus des signaux négatifs, extrêmement décourageants, déplorent-ils, envoyés aux investisseurs et à la communauté internationale. Hier cependant, les hauts commis de l'Etat se sont fait plus discrets, vaines sont restées nos nombreuses tentatives pour les joindre. Y a-t-il des tractations dans l'air pour empêcher la tenue de cette grève «de tous les dangers» ? Il semble que oui ? Aboutiront-elles? On ne saurait le dire. Toujours est-il que le très agité champ politique local avait tout délaissé pour se concentrer sur la grève ou son empêchement. Une solution globale Nous voulons une solution, s'exclame Khalil Ghariani de l'Utica. La centrale patronale, tout en s'interdisant de juger «moralement» la grève, s'active à trouver avec l'ensemble des parties prenantes, «une solution globale». Le pays ne supporte plus les crises, déclare encore à La Presse, le président de la commission des affaires sociales, et que ce soit 500 ou 700, nous ne sommes pas à 100 milliards près, analyse-t-il encore. Il faut être responsable, assainir la situation et commencer à construire. Depuis 2011, le pays est en crise, ça ne peut plus continuer, prévient-il. Un état de crise, en effet, qui perdure et qui n'a pas que des effets néfastes sur l'économie, il fait également des ravages sur le mental des Tunisiens. En plus de la cherté de la vie qui fait souffrir les ménages. Les citoyens semblent de plus en plus déprimés. Essayez d'engager une discussion même sur le temps qu'il fait ou le feuilleton turc en vogue, elle reviendra inévitablement sur la situation «désastreuse» du pays. In fine, il faut savoir que les tensions, voire les affrontements verbaux ou physiques contre l'Ugtt, considérée schématiquement comme «vilaine gauchiste», risquent de ressouder l'alliance sacrée Ennahdha-salafistes. De nombreuses pages salafistes soutiennent de nouveau Ennahdha. Et plusieurs «chioukh» se sont rendus auprès de Khatib Idrissi, leur chef suprême, pour lui demander quelle position adopter vis-à-vis des événements en cours ? A méditer..... Articles liés : - Le Kef : L'URT engagée à faire réussir le mot d'ordre de grève - Grève : les avis partagés ! - Grève générale : une pression partagée - Les deux protagonistes dos à dos