Ahmed Brahim : «Malheureusement, les circonstances actuelles sont celles de l'escalade et de la fuite en avant» Le dialogue doit se faire sans exclusion aucune Grève des blessés de la Révolution à Gafsa Le Front le plus large se fera sur la base d'une plate-forme claire La situation politique explosive dans le pays après l'annonce de la grève générale pour le 13 décembre, l'état d'avancement du rapprochement entre les différentes composantes de l'opposition démocratique ont été au centre de la conférence de presse tenue, hier à Tunis par la Voie Démocratique Sociale, plus connue sous le nom Al-Massar. Ahmed Brahim, président d'Al-Massar a mis en relief la détérioration de la situation dans le pays après « l'escalade enregistrée le 4 décembre avec l'agression de bandes contre la Centrale syndicale, Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). C'est une provocation qui a entrainé les évènements connus ». Al-Massar exprime sa solidarité avec l'UGTT. « La réussite des grèves régionales, prouve qu'il est temps que toutes les parties optent pour la bonne position qui garantit la sécurité et la stabilité. Il est absolument nécessaire de répondre aux revendications de l'UGTT, dans l'intérêt du pays, sa sécurité et la réussite de la deuxième étape de transition démocratique », précise le président d'Al-Massar. Son parti est disposé à participer à la résolution de la crise en appuyant les attentes de l'UGTT. « La dissolution des comités de protection de la Révolution est la principale clef de voûte pour résoudre les problèmes », dit-il. Il a réitéré l'appel à un dialogue national sérieux. Il ajoute : « Malheureusement, les circonstances actuelles sont celles de l'escalade et de la fuite en avant. Il faut mettre fin aux agressions violentes contre la Centrale syndicale qui ne peuvent mener qu'à l'anarchie ».
Samir Taïeb porte-parole d'Al-Massar, a parlé de la décision de boycottage des séances plénières de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) durant 3 jours, prise par le groupe démocratique. « C'est une décision qui s'imposait pour exprimer notre solidarité avec l'UGTT », dit-il. Une réunion a eu lieu hier matin, pour examiner l'intention d'Ennahdha de faire passer l'article 6 du projet de loi créant l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), en absence des constituants de l'opposition. Sur cet article deux propositions divergent. Celle d'Ennahdha voulant que la commission de sélection des candidatures à la direction de l'ISIE, soit constituée par des représentants des groupes proportionnellement à leur poids au sein de la Constituante. Ce qui ferait resurgir le système de quotas politiques. L'autre proposition est celle de tous les autres groupes suggérant que chaque groupe soit représenté par une seule personne ou deux, abstraction faite de son poids. Cette proposition a l'avantage d'éviter la logique des quotas.
Jouneidi Abdejaoued expliquera la légitimité de la grève générale décidée par l'UGTT par « la violence sans précédent perpétrée contre la Centrale syndicale chez elle, pour la deuxième fois depuis l'indépendance. L'UGTT est une force tranquille qui veille sur le bon déroulement de la transition. Elle a un rôle syndical et national à assurer pleinement. Ainsi doit être l'UGTT de Farhat Hached. Les bandes armées n'ont rien à voir avec l'action syndicale. Des slogans avaient été scandés dans le passé sans l'accord de la direction syndicale. C'était en dehors de la célébration de l'assassinat de Farhat Hached. Le 4 décembre des slogans avaient été scandés pour saborder la fête. Ce sont des bandes protégées, puisque le président d'Ennahdha a fait leur éloge ». Jouneidi Abdejaoued, rappelle que le leader d'Ennahdha a parlé après la Révolution et les élections des « luttes sociales qui ont entrainé la violence et de l'immunisation de la Révolution comme s'ils étaient leurs tuteurs ». Al-Massar soutient l'appel à la grève générale parce qu'elle « va sauver le pays de ces bandits qui ont osé entrer au mausolée de Frahat Hached et agresser des dirigeants d'Al-Joumhouri. Ils ont même osé pénétrer à l'ANC. Les grèves générales dans les régions n'ont été émaillées d'aucune violence parce que ces comités sont restés à l'écart ».
Ahmed Brahim, a attiré l'attention des autorités sur ce qui se passe dans les régions. « Il faut tirer les leçons de ce qui s'est passé à Siliana. Si la politique de refus du dialogue se poursuit, il y a de grands risques que ce qui s'est passé à Siliana se reproduise ailleurs. A Siliana, après la grève générale, les habitants étaient calmes malgré la férocité de la violence subie. Ils avaient une seule attente : la prédisposition du Gouvernement au dialogue ». Ahmed Brahim déplore que des dirigeants du parti au pouvoir misent sur la politique de la terre brûlée. Le président d'Al-Massar réitère la prédisposition de son parti au dialogue pour sortir de la crise. L'initiative de dialogue de l'UGTT a été boycottée par deux partis de la Troïka. « Si ce boycott se poursuit, la crise perdurera », dit-il en rappelant que le dialogue doit se faire sans exclusion, aucune. Slim Ben Arfa, informera l'assistance de l'entrée en grève des blessés de la Révolution à Gafsa. Une autre information qui rappelle des pratiques anciennes. « Pour essayer de saboter la grève générale dans les entreprises publiques, les directeurs à la SONEDE, ont été priés individuellement pour signer un texte contre la grève générale. C'est un coup contre l'UGTT », dit-il. Il rappelle que plus de 80 membres de la Commission administrative ont été unanimes pour appeler à la grève générale y compris des syndicalistes apparentés pro-Ennahdha.
Faouzi Charfi rappellera l'option pour le dialogue prise par Al-Massar. Il démentira les fausses informations sur une éventuelle participation de son parti à un Gouvernement, dans le cadre d'un hypothétique remaniement. Son dialogue avec Ennahdha vise à la ramener à prendre part à l'initiative de dialogue de l'UGTT. Par ailleurs, des pourparlers sont en cours pour la création d'un large front démocratique et civil. Il peut englober, en plus d'Al-Joumhouri et Nida Tounès, le Parti Socialiste et le Parti du Travail Patriote Démocrate. Ce Front devra être construit sur des bases solides, c'est-à-dire avec une plate-forme claire qui est en cours de discussion. Le prochain Conseil central d'Al-Massar prendra la décision qu'il faudra dans sa prochaine réunion.