La région de Sidi Bouzid a été choisie pour exécuter un projet relatif au développement de la chaîne de valeur du bois d'olivier Le programme de développement de l'artisanat concerne la formation des compétences, la promotion de l'innovation, de la qualité et de l'investissement en plus de la mise à niveau des entreprises artisanales et le renforcement du marketing Un projet de formation et d'accompagnement des artisans pour valoriser le bois d'olivier tunisien a démarré sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) en partenariat avec la Citi Tunis. Ces artisans ont exposés leurs produits lors d'une journée organisée le jeudi 6 décembre. Les produits fabriqués à base de bois d'olivier sont essentiellement des ustensiles, des boîtes de jeux et des objets décoratifs. L'un des artisans venant de Sidi Bouzid nous a indiqué que «le bois d'olivier se caractérise par sa valeur ajoutée et sa robustesse. Il ne se déforme que suite à une utilisation répétée contrairement au bois des autres arbres». Les artisans utilisant cette matière sont nombreux à Sidi Bouzid, mais aussi dans d'autres pays. Notre interlocuteur estime même que la commercialisation du produit est satisfaisante. Certaines entreprises d'envergure achètent des quantités de produits pour les exporter vers les marchés extérieurs. Ce produit est également commercialisé au niveau local à prix relativement abordable, allant de 10 à 30 dinars et plus, selon la taille de l'objet. Manque de moyens et d'encadrement L'artisan nous rassure que seuls les oliviers séniles et âgés sont concernés. Ils doivent être coupés pour les remplacer par des oliviers jeunes et producifs. L'arbre en question constitue une source de revenu pour plusieurs familles qui ne sont pas prêtes de le sacrifier sous aucun prétexte. En fait, la Tunisie compte plus de 60 millions de pieds d'oliviers repartis à travers plusieurs régions du Nord au Sud. La culture de l'olivier fait vivre plus d'un million de Tunisiens. Le travail artisanal du bois d'olivier constitue aussi un gagne-pain pour près de 500 familles. Plus de 40% de la surface des plantations se trouve dans la région du Centre et sa ville principale est Sidi Bouzid avec un nombre d'emplois estimé à 150 postes dans des entreprises spécialisées dans le bois d'olivier. Cependant, le secteur n'est pas assez développé vu le manque de moyens et d'encadrement. D'où le projet de l'Onudi en partenariat avec Citi Fondation qui a approuvé un fonds de 60.000 dollars US sur la période 2012-2013. La région de Sidi Bouzid a été choisie pour exécuter un projet relatif au développement de la chaîne de valeur du bois d'olivier. Les composantes du projet — mis en œuvre en collaboration avec le ministère de l'Industrie, le ministère du Commerce et de l'Artisanat et celui de la Formation professionnelle et l'Office national de l'artisanat (ONA) — concernent le renforcement des capacités techniques et entrepreneuriales des producteurs du bois d'olivier. Le projet a démarré en février 2012 par un diagnostic du secteur pour définir les points faibles à corriger. Un atelier de travail a été organisé, le 23 avril de la même année, au centre de formation professionnelle de Sidi Bouzid au profit de dix entrepreneurs qui ont exposé les obstacles auxquels ils font face. Parmi les problèmes soulevés, ceux qui concernent le manque de financement pour constituer un fonds de roulement destiné à l'achat et le stockage du bois et l'absence d'une formation spécifique abordant la planification, la maîtrise des coûts, la gestion... Un autre frein au développemet a trait à la commercialisaiton (vente directe aux clients sans intermédiaires) et à la valorisation des produits. D'autres ateliers ont été animés, ensuite, par des experts de l'Organisation onusienne et les participants semblent satisfaits des résultats. Consécration de l'approche participative Au cours de la journée, Mme Monica Carco, représentante du bureau de l'Onudi en Tunisie, a indiqué que la première phase du projet a nécessité l'expertise formulant l'espoir de travailler à l'avenir avec d'autres partenaires et de voir les conditions de vie des bénéficiaires du projet s'améliorer. Elle a insisté sur la consécration de l'approche participative pour exécuter les différentes composantes techniques. Il s'agit, en fait, d'intégrer la culture entrepreneuriale chez ces jeunes en leur fournissant les connaissances nécessaires, notamment celles qui intéressent l'accès aux marchés. «Les participants ont été aidés et accompagnés pour produire plus et vendre», précise l'oratrice. De son côté, Mme Riadh Zghal, experte auprès de l'Onudi qui est revenue sur le diagnostic de la chaîne de valeur du bois d'olivier a constaté certaines insuffisances. En effet, le secteur — qui dispose de plusieurs potentialiés — a besoin de technologie, de main-d'œuvre, de techniques commerciales... Les opportunités d'achat de ce produit sur le marché international ne sont pas, pourtant, assez exploitées. L'experte estime aussi que les produits des artisans se caractérisent par une qualité insuffisante, alors que la capacité d'accès aux marchés est réduite. Le projet est donc venu au moment opportun pour combler certaines lacunes et permettre une meilleure gestion des petites et moyennes entreprises en renforcant leurs capacités. Après la formation, des changements au niveau des méthodes de travail ont été constatés chez les artisans qui ont découvert de nouvelles pratiques de production et de commercialisation plus performantes. Les réponses aux questionnaires distribués aux participants ont montré la satisfaction de ceux-ci quant à la qualité de la formation qui leur a ouvert de nouveaux horizons, selon leurs dires. M. Tekaya, directeur général de l'ONA estime, quant à lui, que le secteur de l'artisanat qui fait employer près de 350.000 artisans est porteur. Il contribue avec 3.8% au PIB avec un volume d'exportation estimé à 2,19%. Un cadre législatif — loi n°15 de 2005 relative à l'organisation des métiers — constitue un outil de réglementation des activités artisanales dont le tissage, l'habillement, le bois. Dans la région de Sidi Bouzid plusieurs activités artisanales sont menées, comme le tapis, le tissage, la sculpture, les objets en bois d'olivier et autres. Près de 22 ateliers sont en activité, dont certains exportent vers l'Italie, la France, la Grèce ou l'Allemagne. L'orateur a évoqué le programme de l'office pour le développement de l'artisanat, qui s'articule autour de certains axes, comme la formation des compétences, la promotion de l'innovation, de la qualité et de l'investissement en plus de la mise à niveau des entreprises artisanales et le renforcement du marketing. M. Haykel Belhassine, directeur général de Citi Tunis a expliqué les raisons d'adhésion à ce projet. L'objectif est d'encourager l'entrepreneurait et de contribuer à la croissance. Contrairement aux autres produits communs à tous les pays commercialisés sur le marché international, les objets d'artisanat ont leur spécificité et leur cachet particulier qui constitue l'identité de chaque pays. La Tunisie est connue par l'olivier — qui représente son symbole — et tous les produits qui en sont issus sont très appréciés par les marchés extérieurs. C'est un produit qui a un avantage comparatif à promouvoir davantage dans le monde. Les artisans présents ont soulevé certains problèmes, comme l'absence de locaux pour travailler, proposant l'aménagement d'une zone industrielle ou un site de métiers pour les artisans. Les crédits octroyés par la Banque tunisienne de solidarité ne semblent pas répondre aux exigences des artisans. Ils se plaigent aussi des cotisations sociales et des taxes qui les découragent à recruter de nouveaux apprentis. Les responsables de l'Onudi et le directeur général de l'ONA ont promis de se rendre prochainement à Sidi Bouzid pour étudier la situation sur le terrain et connaître les lacunes en vue de prendre les mesures qui s'imposent.