PEKIN (Reuters) — Américains et Chinois ont porté hier à Pékin une appréciation différente sur l'impact de la crise financière en Europe sur la reprise de l'économie mondiale. A la veille de l'ouverture à Pékin du dialogue stratégique et économique engagé entre les deux puissances, un haut responsable du département américain du Trésor a évoqué un impact limité et dit la confiance de Washington dans la capacité des Européens à gérer la crise. Le ministre chinois des Finances juge, pour sa part, que les difficultés nées de la crise de la dette grecque compliquent la reprise. «Pour l'heure, les risques découlant de la dette souveraine européenne ont accru les facteurs d'instabilité sur la voie d'une reprise économique mondiale», écrit Xie Xuren dans une tribune publiée par le Washington Post. Face à la dépréciation de l'euro, certains économistes estiment que la Chine pourrait différer toute décision sur une éventuelle revalorisation du yuan en estimant que ses ventes en Europe pourraient souffrir de la baisse de la monnaie unique. La question du yuan est particulièrement importante dans les relations sino-américaines. A Washington, on estime que la devise chinoise ne reflète pas vraiment la réalité et que sa sous-valorisation favorise les exportations Made in China. Parce que le sujet est sensible, le haut représentant de l'administration américaine a insisté sur le fait qu'il appartenait à Pékin de déterminer sa politique monétaire, et donc de fixer le cours du yuan. Mais il a souligné dans le même temps que la croissance chinoise était de plus en plus alimentée par la demande intérieure et qu'elle était donc moins dépendante de ses exportations, soumises aux aléas des changes. Sur l'Europe, il a par ailleurs expliqué que les Etats-Unis avaient confiance dans la capacité des Européens à gérer les risques qui pèsent sur leur croissance. Mais, au terme d'une semaine marquée par la décision unilatérale de l'Allemagne d'interdire certains types de transactions, ce haut responsable a jugé que les mesures unilatérales nuisaient à la confiance plus qu'elles n'aidaient à la restaurer. Le gouvernement fédéral allemand a annoncé cette semaine l'interdiction des ventes à découvert à nu sur les emprunts d'Etat et les CDS (titres couvrant de potentiels défauts de paiement sur la dette souveraine des Etats). Les ventes à découvert à nu, mécanisme de spéculation à la baisse censé améliorer la liquidité sur les marchés, permettent à un trader de vendre un titre qu'il ne possède pas et qu'il n'a pas les moyens d'acquérir. La délégation américaine à Pékin sera conduite par le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. De Pékin, Geithner se rendra ensuite en Europe, où il est attendu à Londres, Francfort et Berlin.