BUSAN, Corée du Sud (Reuters) — Les gouvernements doivent remettre de l'ordre dans leurs finances publiques pour ramener le calme sur les marchés financiers ébranlés par la crise budgétaire en Europe, ont déclaré hier les ministres des Finances du G20, les vingt premières puissances économiques mondiales. Dans un communiqué publié après deux jours de réunion à Busan, en Corée du Sud, le G20 cherche à rétablir la confiance des marchés en s'engageant à assurer la poursuite de la reprise économique mondiale. Celle-ci s'opère plus rapidement qu'on pouvait le penser, mais la récente volatilité des marchés financiers illustre les importants défis qui restent à relever, estiment les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20. "La reprise de l'économie mondiale se poursuit plus rapidement que ce qui avait été anticipé, bien qu'à des rythmes différents selon les pays et les régions", souligne le communiqué final de cette réunion qui préparait le sommet du G20 de Toronto, les 26 et 27 juin. "Les récents événements soulignent l'importance d'avoir des finances publiques viables et la nécessité pour nos pays de mettre en place des mesures crédibles en faveur de la croissance et d'assurer une durabilité budgétaire en fonction des circonstances nationales", précise-t-il sans faire explicitement référence toutefois aux problèmes de la zone euro. "Les pays confrontés à de graves défis budgétaires doivent accélérer le rythme de la consolidation. Nous saluons les récentes déclarations de certains pays sur la réduction de leurs déficits en 2010 et le renforcement de leurs cadres budgétaires et de leurs institutions", poursuit le communiqué. L'euro a plongé vendredi à son plus bas niveau face au dollar sur ces quatre dernières années, sur fond d'inquiétude de voir la Hongrie s'engager dans un "scénario à la grecque" de crise de sa dette, ce qu'a contesté hier Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schüuble, a reconnu lors d'une conférence de presse qu'il y avait eu des divergences entre les pays participants sur la priorité à accorder à la réduction des déficits budgétaires. "Bien sûr que ce fut chaud, très chaud", a confié de son côté le vice-ministre sud-coréen des Finances Shin Je-yoon. Pas de taxe bancaire mondiale Les ministres des Finances du G20 ont par ailleurs enterré les propositions de création d'une taxe bancaire mondiale. L'idée de cette taxe était de constituer un fonds d'urgence susceptible de financer de futures opérations de sauvetage du secteur bancaire. Mais certains pays n'ayant pas frôlé de faillite bancaire, comme le Canada, l'Australie et les principaux pays émergents, comme l'Inde et le Brésil, s'y opposaient. Dans leur communiqué, les ministres des Finances et banquiers centraux s'accordent sur le principe qu'il reviendra aux banques de supporter le coût de plans de sauvetage et de renflouement pilotés par des gouvernements, mais seulement si ces plans sont nécessaires. Pas question donc de créer un fonds d'urgence "préventif" financé par cette taxe bancaire. Dans une lettre à ses homologues rendue publique hier, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a souligné que la mise en œuvre du plan de soutien décidé par les Européens à hauteur de 750 milliards d'euros limiterait les risques. Mais il a aussi mis en garde: pour préserver le potentiel de croissance, les autres économies de la planète devront compenser le recul de la consommation des ménages américains, qui consacrent une part croissante de leurs revenus à l'épargne. "Dans ce contexte, nous sommes préoccupés par la faiblesse attendue de la demande intérieure en Europe et au Japon", écrit-il. Il distingue notamment les "pays européens excédentaires" — expression qui renvoie essentiellement à l'Allemagne — qu'il appelle à garantir la croissance de leur demande intérieure. Quant à la Chine, autre puissance exportatrice, Geithner estime qu'elle devrait laisser sa devise nationale, le yuan, s'apprécier afin de renforcer le pouvoir d'achat des Chinois.