A la fin de chaque année, des millions de SMS sont échangés entre les abonnés de la téléphonie mobile. Des textos courts et rapides qui renferment de bonnes et de mauvaises surprises. Le « Short Message Service» est capable du meilleur KOM du pire... C'est l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) qui vient de donner cette fois-ci l'alerte : des spammeurs profitent des fêtes de fin d'année pour escroquer les abonnés de la téléphonie mobile. Les banquiers, qui se désengagent dans un communiqué de toute responsabilité, mettent en garde leur clientèle contre les SMS trompeurs. Nous sommes en fait des centaines à recevoir, parfois dans la même journée, des textos nous annonçant allègrement que nous sommes les heureux gagnants d'une voiture, d'un chèque, d'un voyage... En quelques caractères, un expéditeur anonyme nous invite à contacter X numéro pour récupérer notre cadeau. Seuls les plus avertis ne mordent pas à l'hameçon. Mais combien sont-ils ? Nombreux sont les obnubilés par cette technologie facile, accessible et somme toute magique : le SMS. Le short message service (SMS) célèbre ce mois-ci son vingtième anniversaire. Le premier SMS fut envoyé un 3 décembre 1992 par un ingénieur britannique à son collègue dans lequel il lui souhaitait un «joyeux Noël». Deux mots révolutionnaires dans l'univers des télécommunications, restés néanmoins en suspens : il a fallu attendre l'adhésion de tous les opérateurs à ce nouveau service pour que le SMS devienne le moyen de communication le plus populaire, vers la fin des années 90. Plus de quatre milliards d'abonnés l'ont utilisé l'année dernière, environ 200 000 messages seraient envoyés chaque seconde partout dans le monde et un langage codé est inventé. D'autres inventions vont suivre : photo SMS, messagerie vocale... et les spams. Un business juteux «C'est l'arnaque la plus courante : vous recevez un message supposé créditer votre solde de la somme de 3 dinars... Juste après, un nouveau message arrive pour vous dire qu'il y a erreur et son expéditeur vous supplie de lui rembourser la somme. La première fois, je suis tombée dans le piège. J'ai payé mon honnêteté... J'ai reçu le même message les jours suivants à deux reprises ; à chaque fois, je répondais par un texto dans lequel j'écris simplement : “va voir ailleurs, voleur"», témoigne Cyrine Amdouni, 24 ans, téléopératrice ...dans un centre d'appel. A chaque nouvelle arnaque détectée, les opérateurs se mobilisent : «Nous envoyons systématiquement des messages pour avertir nos clients, nous agissons également à travers des communiqués de presse. Notre responsabilité est morale. C'est au client de faire preuve de vigilance», rappelle Moez Ben Mahmoud, chargé de communication à Tunisie Télécom. Une précision: en cas d'offres, seuls les messages portant la mention de l'opérateur sont dignes de foi. Le reste est à ouvrir avec précaution sous peine de tomber sur des numéros surtaxés. Nadra, 37 ans, ayant répondu à une offre promotionnelle, a dû changer de numéro de portable après avoir constaté que toutes ses recharges prépayées sont automatiquement soutirées. Par qui ? Elle ne le saura jamais. Le SMS est devenu en peu de temps un business juteux pour les télévisions, le monde du showbiz, etc. Ce qui n'est pas du goût de Aïda Mourali, enseignante. Elle n'apprécie guère ce «commerce qui se fait sur le dos du téléspectateur». «On pousse les gens à voter pour des émissions et des stars en herbe». Pour elle, «c'est tout simplement une perte d'argent! ». L'enseignante d'anglais déplore aussi le massacre de la langue par les utilisateurs de la messagerie : «Un condensé de chiffres et de lettres, difficile à décoder». Des abréviations, un mélange d'arabe, de français et d'anglais qui, martèle-t-elle, «tue l'orthographe». «Les adolescents s'adonnent à cœur joie à cet exercice.Or, ce n'est pas sans conséquence sur les aptitudes linguistiques de l'élève». Des milliers de caractères envahissent les réseaux de jour comme de nuit. Ghalia, élève en deuxième année secondaire, ne cache pas son addiction aux SMS, la nuit, dans le noir, avant de se coucher. «Rester en contact avec mes amies jusqu'à la dernière minute, c'est un vrai bonheur», lance-t-elle avec malice avant d'ajouter : «Les forfaits illimités sont une aubaine pour nous les jeunes !». Le SMS a en effet ceci de particulier : son coût réduit. Les offres de plus en plus alléchantes des opérateurs permettent à la messagerie téléphonique de survivre à plusieurs menaces, particulièrement celles des réseaux sociaux, du Blackberry et du Smartphone. «Facebook ne détrônera jamais le texto», scande Ghalia. «Pour accéder à Facebook, il faut se connecter à Internet...Je ne le suis pas souvent». En revanche, la lycéenne ne se sépare jamais de son portable, ancienne version. Indépendamment du support, le SMS est le moyen le plus court pour envoyer instantanément «un coucou», pour annoncer une nouvelle urgente quand on n'a pas suffisamment de solde, pour connaître les résultats du baccalauréat, des concours... Pour avouer ses sentiments. C'est également le moyen le moins risqué pour annoncer une séparation et éviter la confrontation. En cette fin d'année, le temps est à la bonne humeur et aux bonnes nouvelles. Authentiques et douteuses. Le SMS poursuit son parcours en se frayant un chemin dans le nouveau réseau G4. Quel avenir pour le « short message service » ? A vingt ans, on se pose peu de questions...