Une restructuration s'impose Les prévisions tablent sur le retour à l'équilibre financier de la société en 2014 et une marge nette de de 3% durant la durée du Business plan 2013-2017. «Le plan d'assainissement social prévoit le départ de 1.700 agents sur deux ans, le gel des recrutements et des salaires ainsi que le non-remplacement des 329 départs à la retraite», annonce le P.-d.g. de Tunisair. Après 58 exercices bénéficiaires durant ses 64 années d'existence, la compagnie aérienne nationale a affiché ces dernières années une série de résultats déficitaires. Pour l'exercice courant, l'état de résultat intermédiaire arrêté au 30 juin 2012 montre un déficit de 71,894 millions de dinars contre 113,456 millions de dinars pendant la même période de 2011. Et selon les prévisions, le compte de résultat définitif montrerait un déficit de 83 millions de dinars, contre 157,890 millions de dinars en 2011. Avec quelques mois de retard, les états financiers intermédiaires de la société ont été rendus publics, hier, au siège de la bourse de Tunis. Lors de cette conférence, le Pdg du groupe Tunisair a mis en relief la situation de l'entreprise, les perspectives pour l'année prochaine et le plan de redressement de la société. En effet, touchée de plein fouet par les effets collatéraux de la révolution, l'activité de Tunisair a baissé au rythme de la chute des flux touristiques. En revanche, ses coûts, notamment les charges du personnel, ont évolué à la vitesse des conventions engagées avec les cinq syndicats, après la révolution. Parallèlement, l'intégration de certaines entreprises dans le groupe est de nature à imposer une restructuration de la compagnie et de son mode de gestion. Mais la crise a des origines beaucoup plus anciennes, notamment à l'époque de l'ancien régime qui a bénéficié de deux avions, la BBJ et la A340, qui pèsent encore sur les comptes de la compagnie nationale. A cet effet, le Pdg précise que la vente de ces deux avions pourrait générer des recettes de l'ordre de 350 millions de dinars qui seraient utiles pour le renouvellement de la flotte. «Maintenant Tunisair est une entreprise économique! Opérant dans un contexte concurrentiel, il n'y a plus de place pour l'ingérence», martèle-t-il. Dans cette mesure, les effets de la révolution n'ont fait qu'aggraver la crise. Après l'année 2011, considérée comme la plus difficile avec une chute de 12% de l'activité, le Pdg rassure : « En 2012, la société a retrouvé son chemin normal à même de dépasser les objectifs prévus par les budgets». Et d'argumenter «atteindre 3,818 millions de passagers est une performance dans une année marquée par plusieurs chocs exogènes, notamment le couvre-feu, la psychose du 23 octobre, l'annonce de la grève générale... ». Ainsi, la compagnie a retrouvé son niveau d'activité de 2008, l'année de référence, qui a précédé la crise qui a commencé en 2009 avec la flambée des prix de pétrole. Durant l'exercice 2012, la flotte compte 31 avions en exploitation qui ont volé en moyenne 7,8 heures par jour. «Pour assurer une meilleure productivité des avions il faut porter le taux d'utilisation à 10 heures par jour», explique-t-il. Pour ce faire, les longs courriers sont de nature à améliorer ce taux. A cet égard, le P.-d.g. annonce la desserte du continent nord-américain, notamment Montréal et New York en 2015. Parallèlement, en 2013, trois nouvelles destinations africaines figureraient sur les offres du transporteur aérien national, notamment N'jamena, Ouagadougou et Douala. A l'horizon 2013, le réseau sur l'Afrique serait renforcé de 20 destinations. Pour cette année, l'exploitation de la flotte a généré des produits de l'ordre de 514,595 millions de dinars, soit une évolution de 17% par rapport à 2011. Pour ce qui est des charges, le carburant constitue la part du lion, environ 32% de la structure des coûts. Selon le Pdg, une évolution d'un dollar du cour de pétrole entraîne des pertes de 3,5 millions de dinars par an. Sans oublier la dépréciation du dinar qui accentue ces dérapages. En deuxième position, avec 29%, figurent les redevances aéronautiques. Puis les charges sociales avec 16% des coûts de la compagnie. A cet égard, il a souligné que la société souffre d'un sureffectif de 8500 agents. «On compte 230 agents par avion alors que les compagnies similaires n'emploient que 175 agents par avion», compare-t-il. Face à une telle situation, «le redressement est inévitable», insiste-t-il. A cet égard, il annonce que «le plan d'assainissement social prévoit le départ de 1700 agents sur deux ans, le gel des recrutements et des salaires ainsi que le non-remplacement des 329 départs à la retraite».