La démission de Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères, envisagée Lotfi Zitoun se retire de la scène politique Les ministères du Commerce, de l'Environnement, de l'Industrie concernés par le remaniement Un débat national annoncé après le 14 janvier avec la participation du Front populaire et de Nida Tounès Les informations les plus contradictoires circulent selon qu'elles proviennent de telle ou telle mouvance. De source sûre, Rafik Abdessalem pourrait présenter sa démission, Lotfi Zitoun se retire du gouvernement, Maya Jeribi refuse le ministère de la Femme, Ennahdha conserve le ministère de l'Intérieur. C'est aujourd'hui que se réunissent les trois présidents de la Troïka, et c'est aujourd'hui encore que sera adjugée la nouvelle formation du gouvernement. Nous en avons ici quelques relents, la situation pourrait évoluer dans la journée. Après des tractations laborieuses et infructueuses pour récupérer les partis qui comptent dans l'opposition, essentiellement Al Joumhouri et Al Massar, via des portefeuilles ministériels, la Troïka, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, réussit à placer tout de même sous son sillage quelques pôles parlementaires qui, une fois unis, pèseront dans le décompte final des voix. Tel qu'annoncé précédemment dans notre édition du 5 décembre, les nouvelles recrues ne sont autres que le mouvement Wafa, présidé par Raouf Ayadi, le parti Liberté et dignité de Néjib Hosni, et le Pôle démocratique de Mohamed El Hamdi, la grande surprise. Acceptera, acceptera pas En effet, bien que se disant indépendant au début de cette législature transitoire, Néjib Hosni s'alignait presque toujours dans ses positions et ses votes sur le parti majoritaire. Raouf Ayadi, l'enfant terrible qui a porté un coup dur à la formation présidentielle par sa dissidence fracassante, est resté globalement fidèle à son parti d'origine, le CPR, dans ses orientations idéologiques et prises de position politiques. Avec Mohamed El Hamdi, la donne change du tout au tout. D'apparence frêle, l'homme est fort dans l'art du verbe et de la répartie. Chef de file de son groupe, il est considéré comme un contradicteur virulent du pouvoir et un des porte-drapeaux de l'opposition. Du coup, la «gouvernementalisation» de sa coalition, lui en tête, semblait tout à fait inattendue, bien que nous ayons remarqué depuis un moment ses absences prolongées des travées de l'ANC. Ceci s'explique-t-il par cela ? Toujours est-il qu'un autre député de la même coalition démocratique, tout aussi connu comme peut l'être Mahmoud Baroudi, dément fermement l'information et notifié sur sa page facebook le rejet définitif de son groupe des avances inclusives de la Troïka. De forts doutes persistent donc sur ce point précis. Les options ne semblent pas tout à fait uniformisées entre les uns et les autres, et ce jusqu'à hier en fin d'après-midi. Outre ces flux et reflux, nous croyons savoir que le ministère de l'Environnement sera attribué à Moez Kamoun, du parti Liberté et dignité. Le remaniement concernera également le ministère de l'Industrie, Mohamed Lamine Chakhari sera vraisemblablement révoqué. Le ministère du Commerce est également concerné par les mutations. Pour ce qui est des départements régaliens, il est de notoriété publique que Raouf Ayadi veut s'arroger le maroquin de la Justice, la question n'est pas encore tranchée à l'heure du bouclage. Une réunion était prévue avec Hamadi Jebali et les candidats potentiels. Ali Laârayedh est en revanche maintenu à la tête du ministère de l'Intérieur. Lotfi Zitoun, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, quitte le navire. L'on ne sait toujours pas s'il a démissionné ou s'il a été remercié. Quoi qu'il en soit, il avait défendu la thèse de la formation d'un gouvernement de technocrates, sans exclusion aucune; il ne semble pas avoir été entendu. C'est Najmeddine Hamrouni, psychiatre de son état, du parti Ennahdha, qui est pressenti pour lui succéder. Débat national sans exclusive Première conclusion, si les changements semblent concerner davantage les ministères techniques, les postes politiques sont majoritairement maintenus en l'état. Le CPR, tout comme Ennahdha, à quelques exceptions, gardent leurs lieutenants en poste. La réduction en nombre du coûteux personnel politique ne semble pas à l'ordre du jour non plus. Ainsi, les partis au pouvoir, hélas, prématurément usés, semblent vouloir jouer la carte de l'apaisement. Tout juste après le 14 janvier, un débat national à grande échelle, initié par Moncef Marzouki, sera lancé, auquel seront invités tous les partis, y compris les moutons noirs de la famille : le Front populaire et Nida Tounès. Une déclaration de Rached Ghannouchi est venue hier le confirmer : «Il n'y aura pas d'exclusive, nous dialoguerons avec tout le monde, il faut que le pays aille vers une feuille de route acceptée par tous», déclare sans équivoque le président du parti majoritaire, se voulant tout à coup rassembleur. Maintenant, comment savoir si ce sursaut de prise de conscience découle d'une maturité politique fraîchement acquise, ou est-ce tout juste un tour de passe-passe dans l'espoir de récupérer les vastes terres perdues? Qui vivra verra...