Participation de 18 partis et 40 associations et ONG Le congrès national pour la reddition des compte, initiative du parti Wafa, aura lieu les 12 et 13 janvier au Palais des congrès à Tunis avec la participation de plusieurs partis, associations et organisations nationales non gouvernementales opérant dans le cadre de la société civile. Lors d'une conférence de presse tenue hier dans un hôtel de la place, M. Slim Boukhdhir, coordinateur général chargé de l'information, a indiqué que le congrès en question a été proposé par le parti Wafa depuis trois mois. Quelque 18 partis et 40 associations ainsi que des parties syndicales ont répondu à l'appel. L'orateur a rappelé que la révolution tunisienne a éliminé la dictature sans anéantir les mécanisme de l'ancien régime qui opèrent encore dans plusieurs secteurs dont l'administration, la sécurité, l'information, les banques... D'où la nécessité d'ouvrir les dossiers de corruption pour que chacun soit jugé en fonction des infractions ou crimes commis. Ce congrès n'est pas ouvert aux partis destouriens ni à Nida Tounès, et l'Ut n'a pas répondu jusqu'ici à l'invitation. Le congrès est ouvert, en revanche, aux associations et même aux citoyens ordinaires. Une législation sur la reddition des comptes De son côté, M. Abderraouf Ayadi, président du parti Wafa, s'est félicité de l'écho favorable qu'a connu l'initiative grâce à l'adhésion des composantes de la société civile. Le but est de transformer cette initiative en une procédure publique pour satisfaire l'un des importants objectifs de la révolution qu'est la reddition des comptes. Dans un passé récent, les responsables politiques ont perdu beaucoup de temps dans les débats politiques en prévisions des élections et dans un souci de briguer des postes politiques. «Le congrès national pour la reddition des comptes ne sera pas une occasion pour les discours, promet M. Ayadi. Il s'agit de présenter des textes à contenu et à caractère procédural à appliquer dans le futur». Ces textes seront d'ailleurs présentés par les réprésentants des partis à l'Assemblée nationale constituante en vue d'élaborer une législation relative à la reddition des comptes. L'orateur a indiqué, par ailleurs, qu'une commission a été constituée en vue de préparer ce congrès. Elle a élaboré des textes juridiques appelant notamment à ouvrir les archives du régime déchu. C'est que le peuple veut connaître, avant tout, la vérité. C'est ainsi que l'on pourrait fragmenter le système de la corruption qui a touché plusieurs secteurs et ériger un nouveau système sain et stable sur des bases solides, y compris dans le domaine de l'économie. «Il faut instituer les valeurs du travail, de l'équité nationale et revoir le système éducatif», estime M. Ayadi. La reddition est accompagnée, en fait, d'une opération de construction en éliminant les anciennes lois qui ont institué, entretenu et protégé la dictature. Il est important que le peuple porte une idéologie de l'Etat et non pas du régime pour faire de la Tunisie une force. Nouvelles approches dans le discours Plusieurs commissions comme celles de l'organisation et de la préparation, de l'information ont été constituées et ont travaillé pour que le congrès se tienne dans des conditions adéquates. «C'est un départ pour une lutte entre les forces de la révolution et ceux qui font partie de la contre-révolution», conclut l'orateur. Pour sa part, M. Sami Trifi, membre du Mouvement Ennahdha, a confirmé la participation massive de la société civile à ce congrès dans cette phase historique de la Tunisie où l'on veut instituer un vrai Etat de droit et des institutions dans le cadre de mécanismes favorisant une deuxième République, même si des forces essayent de faire reculer le pays et résistent aux réformes. L'orateur a plaidé pour l'inauguration de nouvelles approches dans le discours politique en optant pour une réelle reddition des comptes et une volonté de rompre totalement avec le passé. «C'est une phase de l'histoire qui nécessite la participation de tous avec le plus grand élargissement possible sans impliquer les forces de la contre-révolution», admet M. Trifi qui exige que les dossiers de la corruption soient soustraits des débats politiques pour plus de neutralité.D'autant plus que le peuple a l'impression que l'on commence à s'éloigner des objectifs de la révolution. L'orateur rassure les citoyens que la reddition des comptes n'est pas négligée. Dans le même ordre d'idées, le représentant du parti Echaâb a reconnu que la reddition a connu un certain retard de la part du gouvernement, que le système législatif instituant la dictature est encore en vigueur. Des décrets-lois ont ainsi consacré la corruption et la protection des contrevenants. «La reddition doit se faire selon la loi», estime l'orateur qui a rappelé que certaines personnes appartenant à l'ancien sysèteme dans plusieurs secteurs, y compris celui de l'informaltion, ont refait surface et agissent en toute impunité. Autrement dit, pas de conciliation sans reddition et réhabilitation des personnes lésées. M. Abdelwaheb El Hani, président du parti Al Majd, est du même avis ajoutant que «la reddition est une affaire nationale impliquant tous les partis et les composantes de la société civile». Et de rappeler que l'un des objectifs de la révolution est l'emploi qui requiert une économie saine. La corruption avait un environnement favorable, un système à fragmenter pour éviter sa réémergence avec de nouveaux visages. L'orateur estime que le chiffre de la croissance annoncé par l'ancien régime, aussi élevé soit-il, ne signifie rien car il est basé sur le pillage et la corruption et les citoyens n'en tiraient aucun profit. Ce qui exige la révision de tout le système, y compris le mécansime des marchés public et les opérations de privatisation suspectes.